Bonjour-bonjour
Le 11 novembre 1918, les soldats sortis vivants des tranchées ont crié « Cette guerre, c’est la Der des Der ! » Ils ont cru maitriser la marche de l’histoire - qui n’a pas demandé plus de 20 ans pour les démentir.
En 1990, la chute de l’Empire soviétique a fait croire qu’on venait d’enterrer le totalitarisme. Après la chute du régime soviétique, Francis Fukuyama, politologue américain publia en effet un livre qui fit beaucoup de bruit. Il s’agissait « La fin de l’histoire et le dernier homme » dans lequel il soutenait que la dislocation du bloc soviétique marquait la dernière étape de l’histoire. Plus précisément « la fin de l'Histoire ne signifie pas, selon lui, l'absence de conflits, mais plutôt la suprématie absolue et définitive de l'idéal de la démocratie libérale, lequel ne constituerait pas seulement l'horizon indépassable de notre temps mais se réaliserait effectivement. » (Art. wikipédia)
Et pourtant…
Les récentes élections américaines ont plongé les démocrates dans un profond désarroi. Certes on sait que, ce qu’un vote a fait, un autre peut le défaire. Mais on ne peut manquer d’être frappé par ce mouvement général qui, à travers le monde entier, pousse nombre de démocraties historiques (celle des Etats-Unis date de 1787) à renoncer aux libertés civiles (telle l’IVG) pour aller vers plus d’autorité, allant jusqu’à l’illibéralisme, voire même la dictature pure et simple.
30 ans plus tard on ne parle plus que des autocrates, des tyrans, des gouvernants illibéraux.
Pour quelle raison ce mouvement s’est-il inversé ? L’histoire revient-elle sur ses pas par un mouvement de balancier qui la ramène vers ses positions passées ? Ou bien faut-il avouer notre myopie qui nous condamne à voir la marche de l’histoire sur des périodes de quelques dizaines d’années où elle est insignifiante ?
Cette dernière hypothèse nous invite à suspendre notre réponse, car – ou bien c’est en effet un vaste mouvement de balancier et alors l’histoire ne peut signifier qu’existe une marche en avant, mais seulement enregistrer nos efforts pour juguler les malheurs dont notre espèce est affligée et qui renaissent périodiquement ; ou bien la responsable c’est notre ignorance totale, masquée par notre arrogance à vouloir connaître ce qui nous reste inaccessible.
Une autre réponse reste pourtant possible et cela depuis l’antiquité : c’est Platon qui nous l’explique. Chez lui, la démocratie marque non pas la fin de l’histoire, mais son avant-dernière étape. Et cette évolution n’est pas celle d’un progrès mais celle d’une chute, car le peuple étant incapable de se gouverner lui-même, il doit remettre son destin entre les mains d’individus qui ne sont pas plus savants que lui, qu’il nommait les "démagogues" et que nous nommons aujourd’hui les "populistes" (lire ici).
- Et pour Platon, la dernière étape de l'histoire quelle est-elle ?
Pour lui, la démocratie (avant-dernière étape) met en place la tyrannie qui signifie l’écrasement du peuple par un pouvoir non seulement absolu, mais surtout illégitime. C’est sous ce double aspect qu’il revient aujourd’hui encore au premier plan : « /les grecs/ donnaient indifféremment /le nom de tyrans/ aux bons et aux mauvais princes dont l’autorité n’était pas légitime. » disait Rousseau. C’est ainsi que les américains sont prêts à renoncer à quelques-unes de leur libertés, à condition d’avoir le pouvoir d’achat promis.
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