mercredi 6 août 2025

Hiroshima mon désespoir – Chronique du 7 aout

Bonjour-bonjour

 

« Il y a quelque indécence à célébrer ainsi une découverte qui se met d’abord au service de la plus formidable rage de destruction dont l’homme ait fait preuve depuis des siècles… »

- C’est signé Albert Camus, nous sommes le 8 aout 1945, au lendemain de l’explosion d’Hiroshima et l’écrivain déplore les commentaires enthousiastes qui pleuvent à l’annonce d’une explosion qui vient de raser une ville de 145000 habitants.

On s’apprêtait alors à dénombrer les morts mais on n’a encore aucune notion des dégâts humains que les radiations vont provoquer ; cela ne viendra qu’un peu plus tard avec les brûlures et les cancers, ou avec ce nourrisson écarté de la ville au moment de l’explosion alors que sa mère y restait, mais qui mourra pour avoir sucé son lait.

- Peu après, avec les prémices de la Guerre froide et peu avant que l’URSS ait elle-même acquis la Bombe, tout ceci est déjà connu, mais le débat qui fait rage au sein de l’état-major américain est uniquement axé sur la question « Peut-on gagner une guerre contre l’URSS juste avec la Bombe ? » –  Autrement dit, raser les centres urbains des russes, cela les empêcherait-il d’envahir l’Europe de l’ouest et d’y imposer une guerre coûteuse ? On le voit : ce n’est pas l’abomination des destructions atomiques qui ont freiné son usage, mais leur insuffisance.

 

- Aujourd’hui nous "fêtons" les 80 ans de la Bombe. Alors que les Russes et les américains brandissent leur arsenal nucléaire susceptible d’être mobilisé sur le terrain ukrainien, sommes-nous plus avisés que nos aïeux ? Certes, l’idée de compter les morts après les explosions est devenue trop naïve pour être crue : qui donc sera encore vivant pour le faire ? Mais cette certitude de l’holocauste nucléaire est devenue un peu usée ; elle est comme un hochet de terreur qu’on agite à toute occasion, pendant qu’en sous-main on s’interroge : « Et si c’étaient seulement des armes tactiques ? Ou alors qu’on les circonscrive à des territoires éloignés – comme le front est de l’Ukraine ? »

 

Et puis on ne peut trembler de tout. On est déjà éco-anxieux – il n’y a plus de place pour l’angoisse de la guerre atomique.







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