samedi 23 août 2025

En quoi le désir est-il un sujet écologique ? – Chronique du 24 aout

Bonjour-bonjour

 

Ça devait arriver : l’écologie et l’érotisme, cher à la culture des année-68, devaient fusionner, faire un enfant ensemble.

C’est chose faite depuis un certain temps sans qu’on le sache (du moins : moi). On trouvera une description détaillée de l'interview de Cy Lecerf Maulpoix et de Myriam Bahaffou publié ici par Reporterre) – article trop détaillé pour qu’il soit possible d’en faire la recension ici : chacun pourra le lire à loisir à l’adresse indiquée.

o-o-o

- Je voudrais quant à moi indiquer de quelle façon ce sujet m’est apparu décisif. Il s‘agit d’une conception du désir sans laquelle nulle théorie des enjeux érotique de l’écologie ne saurait avoir de sens. Il faut en effet concevoir l’écologie comme décrivant l’humain comme étant en lien avec le monde naturel, traversé par ses forces et nourrissant le désir de vivre cette union comme une jouissance.

--> Une définition du désir et de sa force érotique est alors nécessaire et je la retrouve chez Georges Bataille. Voyez plutôt de quelle façon le désir se définit chez lui, selon cet article :

« l'érotisme serait le désir de continuité de l'homme dans sa vie discontinue. Par continuité, Bataille entend le fait de se retrouver dans l'autre, de s'étendre à travers une autre personne que soi, de prolonger qui nous sommes dans l'autre ».

De même que cette définition éloigne l’érotisme de Bataille de sa version libertine, l’érotisme relié à l’écologie mis en jeu par ces mouvements écologiques refuse toute assimilation avec la pornographie – qui, outre une marchandisation fascisante du corps humain, soumet la jouissance à des règles culturellement définies.

Alors bien sûr il y a de l’excès dans cette théorie du rapport entre désir et écologie, comme de voir dans les actes de protection de l’environnement des actes d’amour en réponse à une excitation ressentie en présence du milieu naturel. Mais on peut aussi y trouver une nouvelle vision de cette relation à autrui qui efface les barrières et les différences avec eux comme l’occasion d’une pénétration « multiopérée ». Voyez plutôt cet appel de Myriam Bahaffou : « J’invite quant à moi à penser l’interdépendance comme un rapport réellement corporel, celui de la pénétration ; être pénétré·e de, c’est reconnaître que je suis composé·e d’autrui, c’est m’ouvrir à l’autre, c’est désacraliser la notion d’humain, de genre et de race, comme des « identités » fixes. » -.

Ça ouvre des horizons n’est-ce pas… mais ça invite aussi à voir les choses avec sérieux.

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