vendredi 15 août 2025

Le banquet cannibale : un roman préhistorique – Chronique du 16 aout

Bonjour-bonjour

 

Entendu ce matin une info, certes en marge des évènements urgents, mais raccord avec l’intérêt habituel du public. On y relate la découverte paléontologique, faite dans une grotte Espagnole, d’un grand nombre d’ossements venus du même groupe humain et portant des traces significatives de découpes, de cuisson et de morsures. Ces ossements sont identifiés comme des restes issus d’un « banquet cannibale » datant de 6000 ans. (Voir ici)

- L’intérêt de cet article réside dans l’interprétation donnée. Qu’on en juge : « Grâce à des analyses des dents des victimes, les chercheurs ont pu déterminer que ces victimes étaient de la même région que le clan qui les a dévorées. » 

Jusque-là, pas de problème. Mais lisons la suite :

« D’après leurs observations, tout s’est passé très vite. Ils pensent donc à un affrontement violent entre des communautés agricoles voisines, au sujet d’un territoire peut-être, un conflit qui a poussé ces hommes préhistoriques à éliminer toute une famille, d’où la présence d’enfants parmi les victimes. Le cannibalisme ne serait pas, ici, lié à des rites comme cela se pratiquait en Amérique Latine, ou à la nécessité de manger, mais plutôt à la volonté d’éliminer littéralement son ennemi. » (art. cité)

- Pointons ce qui est certain :

1°) Ces restes ont été dépecés et mangés par des humains

2°) Ces victimes viennent du même groupe humain que les « consommateurs »

3°) Des ossements d’enfants ont été retrouvés dans le même gisement

A partir de là, hypothèses :

1°) Il s’agit d’un affrontement entre communautés agricoles se disputant un même territoire

2°) Cet affrontement avait pour but d’éliminer la totalité d’une famille, y compris les enfants (genre : solution finale)

3°) Le cannibalisme répond donc à la volonté de faire disparaitre totalement l’ennemi

4°) S'y ajoute l’idée d’un banquet, dans le genre du folklore de nos campagnes

 


- J’exagère ? Peut-être un peu, mais pas totalement. La préhistoire (et il faut ici englober tout ce qui va des premiers hominiens aux éleveurs-agriculteurs du néolithique) est l’occasion de romancer, à partir de données effectivement scientifiques, le devenir des sociétés humaines.

On dispose d’un point d’appui objectif : les découvertes paléontologiques ; puis d’un autre tout aussi objectif : la manière dont les peuples premiers vivent de nos jours. Et on passe d’un point à l’autre par un chemin simplement probable, voire même simplement possible, en inventant un récit dont l’intérêt essentiel est l’attrait pour le lecteur contemporain. Intérêt qui relève de l’identification de comportements exceptionnels de nos jours dont on trouverait l’origine dans ce lointain passé. Comme l’idée que nos banquets ont pour origine la célébration d’une communauté par le partage d’un repas commun.

- Allons plus loin, car ce genre d’hypothèse stimule l’imagination. Freud avait déjà en son temps utilisé ce ressort avec Totem et tabou. Vous vous rappelez ? Il s’agit du partage cannibale du corps assassiné du père par la communauté des fils.

De là trouver dans cette grotte espagnole le reste de ce banquet freudien, il n’y a qu’un pas. 

Franchissons-le ensemble !

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