Bonjour-bonjour
Une découverte archéologique étonnante : « Une figurine en argile a été découverte dans le nord d’Israël : sculptée il y a 12 000 ans elle représente une femme enveloppée des ailes d’une oie, un duo qui éclaire d’un jour nouveau les croyances, les rituels et l’imaginaire symbolique des communautés natoufiennes. Une découverte rare, qui livre l’une des plus anciennes scènes d’interaction humain-animal connues à ce jour. » (Lire ici)
Figurine telle que découverte (à gauche) et restituée (à droite, couleurs établies d’après les pigments résiduels).
Façonnage en argile, cuit à 400 °C
Les chercheurs ont interprété cette petite figurine en affirmant qu’elle éclairait certaines croyances animistes ou mythes des peuples du Néolithique. « Une interprétation qui découle également de l'endroit particulier où a été découverte cette figurine : dans le fond d'une structure en pierre semi-circulaire remplie de dépôts cérémoniels. » (Art. cité)
- On pourra évoquer tant qu’on voudra la compétence des archéologues qui ont interprété cette statuette pour passer de l’état initial (à gauche) à l’état restitué (à droite) : on n’empêchera pas les profanes de rester sceptiques. Cette transformation est bien douteuse ; sans parler de la couleur, n’a-t-on pas fait preuve de beaucoup d’imagination pour restituer le visage de cette femme ? Et d’abord : est-ce bien une femme ? Et quand on parle d’un « couple » humain-animal n’imagine-t-on pas un mythe sous-jacent, quelque chose dont nous n’avons aucune preuve ? N’a-t-on pas introduit une vision très contemporaine, que l’orignal ne contenait pas ? Y aurait-il eu « sur-interprétation » ? Qu’est-ce qui nous permet de faire une telle manipulation ?
--> Nous voilà parvenus à la question cruciale : celle de la légitimité de cette restitution. Avec pour corolaire la condition suivante : nous supposons une continuité entre les humains de la préhistoire et nous ; nous supposons que la couleur de leurs cheveux, l’allure de leur corps étaient suffisamment semblables aux nôtres pour qu’on puisse les deviner à partir d’indices équivoques. Et puis on imagine qu’ils avaient tout comme nous besoin d’expliquer les évènements de leur vie et qu’ils avaient les mêmes stratégies de survie – comme d’inventer des animaux totems qui les protégeaient des aléas de la nature. La preuve en est qu’on va parfois jusqu’à utiliser la culture des derniers aborigènes existants pour expliquer des artefacts venus de lointaines civilisations. Comme si le temps historique et le temps préhistorique formaient une ligne continue sur laquelle les coutumes et les pratiques restaient identiques.
On peut approuver la méthode : reste qu’il faut la tenir pour hypothétique et suspecte de dérives de surinterprétation. J’en veux pour preuve les abus commis à propos des néanderthaliens supposés disposer d’une culture répondant à des problèmes analogues aux nôtres, comme si le présent pouvait éclairer le passé

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