vendredi 14 novembre 2025

Pétain vaut-t-il une messe ? – Chronique du 15 novembre

Bonjour-bonjour

 

Aujourd’hui aura lieu à Verdun une messe « pour le repos de l’âme de Philippe Pétain et des victimes de la guerre » à la quelle s’oppose vigoureusement le maire de la ville, affirmant : « je ne peux pas accepter qu'à Verdun, on puisse honorer la mémoire du maréchal Pétain qui est l'antithèse de l'humanité (...), qui a contribué à la mort de dizaines et de dizaines de milliers d'innocents ». Cette cérémonie ayant été interdite, le Tribunal administratif l’a rétablie, précisant que  « Le juge des référés a estimé que cette cérémonie « en hommage au maréchal Pétain et à ses soldats », compte-tenu notamment de sa date et du lieu dans lequel elle était organisée, n’était pas, en elle-même, de nature à susciter des troubles à l’ordre public. » (lire ici)

 

On se trouve dans le très classique conflit entre ceux qui estiment que la trahison entache l’histoire complète du traitre, alors que d’autres pensent qu’on ne peut condamner une personne dans sa totalité alors qu’elle a accompli des actes héroïques par ailleurs. Dans un registre plus léger on retrouve ce débat à propos de Roman Polanski dont on discutait si son talent de cinéaste devait être préservé de la honte du viol commis 50 ans plus tôt. Peut-on séparer l’homme de l’œuvre ? Le Maréchal de la collaboration ? 

Le cas de Philippe Pétain est à la fois classique et exceptionnel. Classique parce qu’il y a eu deux périodes bien distinctes dans sa vie : l’une où il fut justement honoré pour son action décisive dans la bataille ; l’autre où il imposa une politique de soumission et d’adhésion à l’idéologie criminelle des nazis, obtenant même d’être l’objet d’un véritable culte pour cela.

 

Dans le cas de Philippe Pétain, la solution passe à mon avis par l’évaluation de la charge mémorielle dont il est, aujourd’hui encore, l’objet.

- Y a-t-il plus de français émus par son action à la tête de l’armée française en 1916 montrant que la Nation toute entière se sent redevable envers lui de la victoire de 1918 …

… que de français écœurés par l’abjection de la poignée de main de Montoire ?

- Exit donc le débat sur l’« essence » de la personne humaine qui ne saurait être double et dont la nature devrait être jugée à l’aune d’un acte criminel. Mise à jour du critère de l’émotion publique, sur laquelle s’appuie d’ailleurs le jugement du Maire – mais aussi le Tribunal administratif, et appelant à une évaluation d’opinion publique.

Finis les débats métaphysiques, place aux sondages d’opinons.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire