Laurent Mallet – Jeune fille devant le tableau de Géricault « Tête de cheval blanc »
Musée du Louvre
Bonjour-bonjour
Devant un tableau, le regard du spectateur devient parfois celui du photographe. Daniel Pennac et Laurent Mallet co-publient dans leur livre « Le roman des regards » des photos prises par ce dernier dans divers musées parisiens. Le parti pris du photographe est de saisir l’image d’une rencontre aléatoire entre un tableau – toujours vu de face – et d’un spectateur – toujours pris de dos. Ces rencontres visuelles saisies au vol et jamais posées font jaillir un sens imprévu, quelque chose comme une connivence, une ressemblance, parfois même une petite fable.
Ainsi de cette image (ci-dessus) : deux regards s’y croisent, celui du cheval, traité à la manière d’un portrait humain, et celui de la visiteuse qui arbore une coiffure … en queue de cheval, précisément de la couleur de l’animal portraituré.
On croit entendre alors un dialogue entre le cheval et la jeune femme.
- Le cheval : Dis-moi, où as-tu trouvé cette queue de cheval ?
- La jeune femme : Mais je ne l’ai pas trouvée, comme tu dis ; je l’ai toujours eue. Elle est faite de mes cheveux et non de crins de cheval.
- Le cheval : Je crois que tu mens. On a volé la mienne l’autre jour, peu après le vol des bijoux de la couronne – ça a dû donner des idées à plein de gens. Hé bien ça ne m’étonnerait pas du tout que tu sois dans le coup.
- La jeune femme : Pauvre animal ! Je te plains de ne plus avoir de queue ; mais je te plains encore plus de croire que ta queue est si belle que des humains pourraient vouloir s’en parer.
La puissance de l’image est de saisir au bond ce jaillissement et de le livrer à l’imagination des lecteurs du livre de Daniel Pennac – où s’effectue une nouvelle rencontre entre la sujétion de l’image et l’imagination follement libre du lecteur

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