« En introduisant par la bouche les instruments du
robot Da Vinci Xi qui possède des angles d’attaque différents des instruments
d’endoscopie classique, nous avons pu retirer cette tumeur qui était située
près du voile du palais sans que le patient n’ait de séquelles fonctionnelles
importantes » explique le Dr Antoine Moya-Plana, chirurgien ORL à Gustave
Roussy. »
Qu’est-ce donc qu’un robot ?
Le dictionnaire nous répond : « Le robot est une machine, un automate à
l'aspect humain capable d'agir et de parler comme un être humain » Ceci
nous convient-il ? Certes non.
Ici nous avons affaire à un robot tel que l’entend la
technique contemporaine : « Appareil
effectuant, grâce à un système de commande automatique à base de
micro-processeur, une tâche précise pour laquelle il a été conçu dans le
domaine industriel, scientifique ou domestique. » (Def. du CNTRL)
S’agit-il
pourtant d’une nouveauté radicale ? Là encore, on a des doutes. Ecoutez
plutôt Aristote (1) qui en définissant l’esclave nous donne des pistes
pour analyser la nature des robots. C’est, dit-il,
un objet animé (κτῆμά τι ἔμψυχον),
un instrument destiné à l’action (ὄργανον πρακτικόν), qui commande aux autres
instruments, un bien appartenant en propriété exclusive à son maître.
Oui, vous avez bien lu : Aristote ne
parle pas des robots mais bien des esclaves – et pourtant !
Si les premiers et troisièmes critères
sont bien ceux qu’on retient pour caractériser l’esclave dans la société
antique, on oublie souvent le second qui décrit l’aspect opérationnel :
du point de vue technique, l’esclave est cet instrument qui est capable de
manipuler d’autres instruments. Or voilà que le robot chirurgien correspond
effectivement à cette définition, et le descriptif qu’en donne le docteur Moya-Plana
confirme cette idée.
Serait-il nécessaire de lire encore aujourd’hui
Aristote ? En tout cas ce serait une lecture utile pour comprendre les
innovations chirurgicales. Il est vrai que son père était médecin…
---------------------------------
(1) Aristote – Le politique (1252a30 ss. ; 1254a17). A lire ici en notant la place particulière
faite aux femmes. Quant au commentaire évoqué on le
trouvera ici