dimanche 18 février 2018

LAURENT WAUQUIEZ A-T-IL FAIT EXPRÈS DE TENIR DES PROPOS POLÉMIQUES FACE AUX ÉTUDIANTS DE L'EM LYON ?

Vous connaissez l’histoire (sinon lisez ici) : Laurent Wauquiez dans une conversation avec des étudiants de la Business school de Lyon a tenu des propos diffamatoires et injurieux sur certains hommes politiques. Il a de plus assuré aux étudiants venus l’écouter que c’est là, en privé, qu’il disait la vérité, parce que sur les médias, il ne débitait que des « bullshit » (1). Quelqu’un ayant en secret enregistré ses propos a refilé ça à la télé qui l’a diffusé.
Là-dessus, beaucoup pensent ce matin que Laurent Wauqiuez étant une fine mouche n’a pas pu se laisser surprendre comme cela : s’il a tenu ces propos, c’est bien parce qu’il acceptait l’éventualité qu’ils soient diffusés… « à l’insu de son plein » grès comme on dit. Mieux même : il ne l’a pas seulement « accepté » : il l’a « souhaité » (2)
Bref : le problème est de savoir à partir de quand on peut estimer qu’un homme politique, dans l’exercice de ses fonctions, parle avec sincérité, en fonction d’un engagement personnel et non pour manœuvrer ses interlocuteurs ?
C'est très compliqué et la méthode la plus simple est de considérer avec suspicion tous les propos d’un homme politique sauf quand ils lui sont franchement désavantageux – et encore, ça suppose analyse comme ici avec le « cas-Wauquiez ».
Reste que ce cas n’est pas l’apanage des hommes politiques : voyez cette petite histoire juive racontée par Freud (dans Le mot d’esprit et ses rapports avec l’inconscient) :
« L’un dit à l’autre : « Je vais à Cracovie », et c’est la vérité, il dit vrai. Mais l’autre, le soupçonnant de mentir, lui dit : « Mais pourquoi me dis-tu que tu vas à Cracovie alors que tu vas à Cracovie, pour que je croie que tu vas à Varsovie ? »
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(1) Bullshit : raconter des conneries.

(2) Le cas ne serait pas exceptionnel : certains journalistes ont ainsi entendu Georges Pompidou, au cours d’un diner privé début 1969, affirmer qu’il était prêt à prendre la relève si le général devait quitter son poste. Abasourdis par la nouvelle qui était donnée en « off », ils n’ont pas osé la diffuser : la suite leur a donné tort.

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