lundi 26 février 2018

« CE QUE JE CRAINS LE PLUS (…) C’EST CEUX QUI N’ONT MÊME PLUS L’ÉNERGIE DE PROTESTER ».

Qu’est-ce que Notre-Jeune-Président craint plus qu’un siffleur ? Un siffleur-non-siffleur.
Comprenez : un mécontent qui pourrait le siffler si seulement il en avait encore la force ou le courage. Parce qu’à la différence de celui qui ne se manifeste pas parce qu’il n’a pas de raison de le faire, le mécontent découragé du sifflage trouvera toujours assez de force pour placer un autre bulletin dans l’urne.
Ça, c’est l’explication politique.
--> Le moraliste dira : cela n’est que calcul de boutiquier. Car manifester son désarroi devant l’inaction publique c’est aussi montrer qu’on a encore la force de se battre pour vivre : ce qui compte, c’est la capacité vitale pour l’homme de redresser la tête et de refuser la force qui l’écrase et qui va malgré ses protestations continuer de l’écraser.
Voyez Sisyphe : roulant son rocher qui ne va certes pas l’écraser, mais qui va quand même dévaler la pente lui imposant de recommencer son labeur inutile et ruineux ; épuisé, il a quand même encore le pouvoir de se révolter. Et notre Président qui a comme on le sait une bonne culture littéraire pense comme Camus : « Tout comme il faut supposer Sisyphe heureux… on supposera le siffleur réjoui de son audace. »

La preuve que cette interprétation est la bonne vient de l’altercation que le Président a eue avec un agriculteur à qui il reprochait de l’avoir, non pas simplement sifflé, mais sifflé « par derrière ». Certes, ça paraît un peu lâche, mais quoi ? Il n’y a pas de quoi s’énerver. Par contre siffler par derrière, c’est avoir le sifflet honteux de celui qui n’ose pas assumer sa contestation : Sisyphe ne se cache pas pour crier sa révolte : il se dresse, face au Ciel vide pour la hurler.

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