Je vous demande solennellement (...) d'user de votre droit
de grâce au bénéfice de M. Michel Cardon, détenu au centre de détention de
Bapaume», dans le nord de la France, «sous le numéro d'écrou 7147 depuis 40
ans, 3 mois et 14 jours», écrit l'avocat, Me Eric Morain, dans un courrier daté
du 12 février et révélé par le quotidien le Journal du Dimanche.
o-o-o
On pourrait contester le droit de grâce détenu par la
Président de la République, qui n’a aucune justification dans le droit
français, sauf bien sûr la tradition qui depuis saint Louis accorde au roi le
droit de condamner et de gracier : le roi tient son pouvoir de Dieu, il
protège, il guérit … et il sauve de la peine de mort.
Maitre des lois, il peut faire écarteler un criminel comme
il peut le libérer : c’est ainsi qu’il manifeste son pouvoir. Mais peut-on
faire de ce droit une expression de la démocratie ? Ainsi de Jacqueline
Sauvage, qui bénéfice d’une grâce présidentielle (partielle il est vrai)
accordée par François Hollande après une campagne de pétition dans tout le
pays. Si son cas a fait polémique (cf. ici), c’est qu’outre le fait qu’il
semblait entériner le droit à se faire justice soi-même, il évoquait une forme
de justice populaire, l’opinion ayant fait pression sur le président avec une
pétition demandant sa grâce et ayant réuni 130000 signatures en 2016.
Mais on voit bien qu’il ne faut pas confondre la grâce qui
manifeste le pouvoir régalien du président avec un mouvement populaire qui
libère de prison par une manifestation spontanée de son émotion. C’est ainsi que les Evangiles nous
montrent Ponce Pilate donnant au peuple – avec le résultat qu’on sait – le
droit de gracier en choisissant entre gracier Jésus ou Barrabas.
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