Quiconque
lirait sans y avoir été préparé ce titre sursauterait violemment :
« Voilà bien, dira-t-on, le capitalisme monstre froid et inhumain ! Le
capitalisme où les riches prospèrent en suçant la moelle des
pauvres ! »
Nous, au Point-du-jour,
on n’est pas comme cela : avant de nous indigner, nous voulons comprendre.
D’abord, si
les salaires augmentent, c’est en raison d’un relatif déséquilibre entre
l’offre d’emploi (en forte hausse) et les salaires (encore relativement bas).
C’est la pénurie de main-d’œuvre qui fait mécaniquement augmenter les
salaires : quoi de plus normal ?
Ensuite, l’auteur
de l’article explique : « les
salariés vont avoir un pouvoir de négociation renforcé et s’attribuer ainsi une
part plus importante de la valeur ajoutée américaine, d’autant que la baisse de
l’immigration légale et illégale constatée aux Etats-Unis devrait accentuer le
manque de main-d’œuvre. » (Lire ici). Plus d’argent pour les travailleurs
ça veut dire moins d’argent pour les actionnaires : les mêmes qui
imposaient leur loi quand ils étaient en position de force par rapport aux travailleurs,
gémissent à présent et trainent de l’aile comme de pauvres pioupious blessés…
J’en pleure …
de rage et je dis tricheurs ! Et
pourquoi donc ? Parce que là, nous avons affaire à une réaction humaine,
celle qui nous montre quel est le cœur qui bat dans la poitrine de nos
capitalistes, cœur non pas de pierre comme on le croit généralement, mais pétri
d’amour du profit.
Où va
l’histoire ? Cette question que depuis la disparition des derniers
marxistes on croyait avoir mise à la poubelle renait de ses cendres. Car alors
que le capitalisme dans sa version financière paraissait triomphant, voilà que les
travailleurs reviennent en masse, troublent Wall Street et vont jusqu’à se
remettre à s’agiter là, tout près de nous, dans ce pays de cocagne que nos
patrons ne cessent de brandir comme modèle indépassable, je veux dire l’Allemagne !
« Les
ouvriers de la sidérurgie allemande viennent de décrocher un accord limitant le
temps de travail à … 28 heures pas semaine ! » Alors qu’on nous
serine depuis des lustres que le péché originel de la France socialiste a été
de créer la semaine de 35 heures !
Chaque époque
a les devins qu’elle mérite : écoutez ce que disent les cassandres de Wall
Street :
« La machine
économique s’emballe, vendez tout, retirez votre argent des affaires où elles
prospéraient jusqu’ici et achetez n’importe quoi, de l’or, des devises, des
immeubles ou des terre arables en Afrique ce que vous voudrez du moment que le
travail humain n’a pas besoin de s’y investir. »
Telle est la
loi d’airain du capitalisme : il faut vite réimprimer Das kapital.
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