lundi 5 février 2018

LA ROUILLE MENACE LA SÉCURITÉ DES CENTRALES NUCLÉAIRES

Voilà bien le fait divers anxiogène par excellence !  La tuyauterie du système de refroidissement d’une vingtaine de centrales nucléaires françaises est rouillée – et même en sachant que leur remplacement est imminent, une angoisse étreint les populations voisines. De façon irrationnelle peut-être, mais bien réelle quand même, quelque chose de cette dégradation paraît devoir subsister, comme si l’âge de ces centrales continuait de frapper d’obsolescence les pièces toutes neuves qu’on y installe.

Cette curieuse croyance fait écho à une énigme philosophique qu’on appelle « Le bateau de Thésée » 
Voici ce qu’en dit Wikipédia : « Le bateau de Thésée est une expérience de pensée philosophique concernant la notion d'identité. Elle imagine un bateau dont toutes les parties sont remplacées progressivement. Au bout d'un certain temps, le bateau ne contient plus aucune de ses parties d'origine. La question est alors de savoir s'il s'agit du même bateau ou d'un bateau différent. » (1) Vous l’avez deviné, l’angoisse des habitants du voisinage est une réponse à la question posée : oui, comme le bateau de Thésée reste identique à lui-même malgré le replacement de pièces subi, une centrale nucléaire reste toujours la même y compris lorsqu’elle a été réparée et ses composants remplacés.
Comment comprendre autrement les craintes des habitants de l’Alsace (et aussi des allemands de l’autre côté du Rhin) à propos de la centrale de Fessenheim ? Supposez que tous les composants de Fessenheim aient été changés : quel serait l’âge de la Centrale en question ? 40 ans (selon la date de sa construction) ou 6 mois (âge présumé des nouveaux composants) ?
Cette crainte est-elle seulement irrationnelle ou bien constitue-t-elle une réponse à l’énigme de l’identité dont le bateau de Thésée se faisait l’exemple ?
Moi, en tout cas, si on me remplaçait le col du fémur et que je me remette à courir come un lapin, je serais prêt à déclarer que j’ai non pas perdu mais retrouvé mon identité !
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(1) « Le navire à trente rames sur lequel Thésée s’était embarqué avec les jeunes enfants, et qui le ramena heureusement à Athènes, fut conservé par les Athéniens jusqu’au temps de Démétrius de Phalère. Ils en ôtaient les pièces de bois, à mesure qu’elles vieillissaient, et ils les remplaçaient par des pièces neuves, solidement enchâssées. Aussi les philosophes, dans leurs disputes sur la nature des choses qui s’augmentent, citent-ils ce navire comme un exemple de doute, et soutiennent-ils, les uns qu’il reste le même, les autres qu’il ne reste pas le même. » - Plutarque, Vies des hommes illustres

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