- Au secours ! J’étouffe, je suffoque, je meurs…
- Qui tu es toi, qui m’interpelle alors que je flâne le long du ruisseau ?
- Je suis ce tout petit poisson à vos pieds. Il n’y a plus rien, rien qu’un minuscule filet d’eau où je me débats. J’étouffffffe !
- Ah, oui… Je te vois : mais tu n’es qu’une minable ablette. Et pourquoi je te sauverais ?
- Sauve-moi, par charité ! Toi aussi tu es bien obligé de respirer : tu sais ce que ça doit faire de suffoquer. Et puis si le soleil assèche mon ruisseau, si le ciel oublie de pleuvoir, tu es bien un peu responsable, non ?
- Bof… Rien qu’une minuscule ablette qui me casse les pieds ? Mais je n’en voudrais même pas pour faire une friture… Bye-bye petit poisson.
- Écoute encore s’il te plait. Tu dois me sauver parce que tout ce qui vit mérite de vivre. Sauve-moi parce que je suis un être vivant et que je t’en implore.
- Petite ablette, es-tu un béluga ? Non ? Alors fiche-moi la paix et crève en silence. (1)
Le monsieur tourne les talons monte dans sa voiture et démarre. 2km plus loin, à un feu rouge, un réfugié syrien :
- S’il vos plait la charité pour famille syrienne réfugiée.
- Qui tu es toi qui me bloque au feu vert ?
- Réfugié de Syrie, bombardements, soldats, faim mes enfants.
- Tu ne serais pas ukrainien par hasard ?
- Non pas ukrainien, syrien. A manger s’il vos plait.
- Demande au service social, moi je ne m’occupe que des réfugiés ukrainiens.
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(1) Aux dernières nouvelles le béluga égaré dans la Seine a été récupéré avec l’aide de 80 personnes et va reprendre vie à Ouistreham
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