Travaillez donc comme les chinois ! – Chronique du 18 août
Bonjour-bonjour
Je vous sens un peu languissant ce matin, mes amis. Peut-être la perspective de reprendre le travail bientôt ? Si c’est le cas, alors évitez de lire la presse internationale, sinon vous allez prendre le coup de blues.
… Faut-il donc éviter d’en parler ? Cela ne servirait à rien, d’autant que ce qu’on lit est déjà dans la presse française de droite depuis pas mal de temps. Alors, allons-y : « Liz Truss, la prétendante à la succession de Boris Johnson estime que la productivité moindre des Britanniques résulte « en partie d'un état d'esprit et d'une attitude. C'est une question de culture du travail. (…) Ce qu'il faut faire, c'est bosser plus. Ce n'est pas un message populaire ».
Liz Truss ajoute encore : « C'est une question de culture du travail, en fait. En Chine, c'est très différent, je peux vous l'assurer » (Lu ici)
Laissons de côté l’allusion à la quantité de travail consentie par les travailleurs chinois qui, pour nous, correspondent au labeur imposé aux prolétaires du 19ème siècle, si bien décrit par Marx dans Le Capital. Après tout les conditions historiques ont changé depuis et rien ne dit que les 60 heures de travail hebdomadaires seraient utiles de nos jours chez nous. Mais ce qui m’importe dans la déclaration de la future Première britannique, c’est la référence à la « culture du travail » si différente là-bas de ce qu’elle est ici.
J’en veux pour preuve l’effarement des jeunes étudiants chinois venus terminer leurs études en France, devant le manque de dynamisme de leurs camarades français dès lors qu’il s’agissait d’apprendre et de produire. Et ne croyez pas qu’il s’agisse seulement d’une jeunesse désabusée par le manque de débouchés pour leurs diplômes. Un entrepreneur en travaux publics algérien expliquait il y a quelque temps pourquoi on trouvait sur ses chantiers toujours plus d’ouvriers chinois et moins d’algériens : « Quand vous embauchez des algériens, la première chose qu’ils font c’est de se mettre en grève pour avoir plus de congés. Et quand ils ont été satisfaits, ils se mettent en réunion syndicale pour exiger le respect des heures de poses. Les chinois, non seulement ne font rien de tout ça, mais en plus ils ne quittent leur travail que quand ils ont terminé leur tâche. »
On le voit : la « culture du travail » apporte très peu de stimulations des deux côtés de la méditerranée – preuve que, nous français, ne sommes pas des exceptions.
On dira :
- Et alors ? Si ça se trouve ce sont les européens et les maghrébins qui ont raison. Ils refusent de travailler uniquement pour le profit du patron ? La belle affaire !
Demandons aux conservateurs dont fait partie Liz Truss :
- Oui les travailleurs ne doivent pas être privés de la juste rémunération qu’ils ont méritée par le surcroît de travail. Nous avons toujours soutenu la formule de Nicola Sarkozy « travaillez plus pour gagner plus ». C’est pour cela que le partage des profits entre travailleurs et actionnaires doit être l’objet de négociations. Mais la quantité de travail, quant à elle, n’est pas négociable parce que c’est le marché qui en décide. Quoiqu’il en soit, c’est avec le travailleur chinois que le travailleur britannique – ou européen – est en compétition. »
Seulement voilà : chez nous, les jeunes travailleurs expliquent que le coup du « travaillez plus, vous pourrez consommer plus », ça ne marche plus. C’est le cas des nouveaux médecins qui refusent les semaines de 60 heures, même si ça leur permet d’avoir des c*** en or massif.
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