Bonjour-bonjour
Après l’austérité, mot qu’il est défendu aux responsables de prononcer en public, voici un autre mot interdit : la décroissance.
En effet, après le Président Macron, qui déclarait en juin 2020 « Le choix de la décroissance n’est pas une réponse au défi climatique. », voici Elisabeth Borne affirmant lundi dernier « la décroissance n’est pas la solution »
- Il semblerait que chaque crise lance à la fois des mots nouveaux et aussi des mots interdits. Ainsi comme on vient de le dire de l’austérité, et puis du confinement, sans oublier les nègres (cette fois on frôle la correctionnelle), et pour finir la décroissance fait son entrée au « panthéon » de la diabolisation (1)
D’un côté cet ostracisme à l’encontre de la décroissance ne se comprend guère : il semble naturel de prendre acte de la nécessaire réduction de notre consommation d’énergie et donc de la réduction des productions qui vont avec.
Seulement la décroissance ne signifie pas seulement cela. Dans le contexte économique, la décroissance, c’est une « politique préconisant un ralentissement du taux de croissance dans une perspective de développement durable » (Lu ici)
Bon : on est encore dans du permis : quoi de plus naturel que de préconiser le développement durable ?
C’est que la décroissance va en réalité beaucoup plus loin. Écoutons Géoconfluences, un site internet qui rassemble des ressources pour les enseignants : « La décroissance est un concept politique, économique et social qui remet en cause l’idée selon laquelle l’augmentation des richesses produites conduit à l’augmentation du bien-être social. La théorie économique de la décroissance vise donc à réduire la production de biens et de services afin de préserver l’environnement ».
Résumons-nous :
* d’un côté « l’augmentation des richesse produites ne conduit plus à l’augmentation du bien-être social », ce qui signe la mort du dogme de la société de consommation sur lequel nous vivons au moins depuis 50 ans ;
* de l’autre la décroissance préconise (comme son nom l’indique) la réduction de la production des biens et des services » - et donc perte d’emplois et de richesse, sans parler des services désormais bannis – point sensible dans notre société qui est devenue une société orientée sur les services plus que sur la production industrielle.
--> Concernant le bien-être social on dira que c’est une question philosophique et qu’il n’appartient pas aux dirigeants d’en décider. Il porte en effet sur la question du « Pourquoi – chercher dans la consommation le bonheur ? »
Faisons donc un référendum – « Considérez-vous la consommation comme la source du bonheur ? » (2)
--> Le second point n’est pas du tout philosophique : il porte essentiellement sur la question du « Comment se passer des services »... dont nous réclamons TOUJOURS PLUS !
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(1) Ne croyez-pas que ces susceptibilités langagières nous soient réservées. Vous trouverez ici, dans un journal québécois une liste des mots interdits à l’Assemblée Nationale de la Belle Province.
(2) Aujourd’hui il semble que ce soient les nantis qui dénonceraient la consommation, et les pauvres qui la réclameraient. Bizarre… Vous avez dit « Bizarre » ?
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