lundi 22 août 2022

L’ère des pénuries : miam ! – Chronique du 23 août

Bonjour-bonjour

 

« Le tourisme bat des records, et les vendanges s’annoncent exceptionnelles en qualité mais aussi en quantité. » Cette nouvelle vous fait bondir de joie ? Non ? C’est que comme tout le monde vous n’êtes intéressé que par les mauvaises nouvelles, et en particulier par celles qui annoncent des pénuries.

Tenez, voyez celle-ci (qui a l’avantage de concerner plus spécialement nos voisins britanniques) : « Le Royaume-Uni souffre comme l'Union européenne de la crise énergétique provoquée par l'invasion russe de l'Ukraine, mais également d'une perturbation des chaînes d'approvisionnements et d'un manque de travailleurs exacerbé par le Brexit. » Toutes ces pénuries réunies expliquent que l’inflation s’accélère, chez eux et bientôt chez nous.

 

- Notre attachement morbide aux mauvaises nouvelles explique-t-il que nous ne soyons pas sensibles aux bonnes tendances de notre économie, qui, selon certains spécialistes, ne se porte pas si mal ? Si nous ne voyons que les échecs et les régressions, est-ce à dire que nous soyons influencés par la propagande des partis d’opposition qui tirent une « rente calamité » des échecs du gouvernement ?

Sans doute, mais la gourmandise avec la quelle nous recherchons et consommons ces mauvaises nouvelles peut avoir une autre source.

--> Manque de gaz (ou d’électricité), pénurie de marchandises, manque de travailleurs… Nous, les enfants de la société de consommation, n’en revenons pas : alors que nous avions appris que grâce à la consommation tout allait bien au point que le mieux que nous ayons à faire était de passer le temps à bâfrer, voilà que la réalité nous impose la vertu de la sobriété. Toutefois, alors même que nous écoutons les (mauvaises) nouvelles de l’économie, nous continuons de consommer tant et plus, comme au bon vieux temps. C'est que la pénurie, nous n'y croyons pas vraiment.

Une preuve ? Avez-vous remarqué comme les conseils pour économiser l’eau ont le vent en poupe ces temps-ci ? Récupération des eaux grises, retraitement de celles-ci pour la consommation humaine, installation de citernes pour récupérer les eaux de pluie (quand il se remettra à pleuvoir), que sais-je encore ? Tous ces conseils et ces publicités nous intéressent comme si la pénurie d’eau était ce qu’il y avait le plus à craindre. Nous tremblons de ne plus avoir d’eau au robinet, et puis l’instant d’après nous allons nous ébrouer sous notre douche.

- Alors ? Je crois comprendre que nous aimons nous faire peur, comme les petits enfants qui adorent les histoires horribles simplement parce que ça leur donne des sensations fortes tout en n’étant que des fictions. Nous jouons à nous faire peur pour mieux jouir de la sécurité ambiante.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire