mardi 16 août 2022

La sobriété, une utopie… rationnelle ? – Chronique du 17 août

Bonjour-bonjour

 

Le dérèglement climatique est dans tous les esprits, alliant la crainte de canicules et de sécheresses qui transformeraient la Beauce en Sahara, à la peur des incendies et des inondations.

Cet article, signé par Franck Aggeri, fait le point sur cette question, montrant que la réalité est en effet très inquiétante, puisque rien ne permet d’espérer une quelconque modification des données actuelles. Lisez plutôt : « La consommation de ressources augmente au même rythme que celui du PIB. Le rapport /de l’Agence Environnementale Européenne/ conclut que ce découplage est hautement improbable avec le modèle économique dominant, intensif en besoins matériels. » 

 

--> La conséquence ne se fait pas attendre : selon Frank Aggeri il faut « inventer les manières de consommer moins et mieux. Cela passe à la fois par un travail d’éducation mais également par la production de nouveaux imaginaires où l’achat de produits de seconde main, reconditionnés ou réparés, ou encore la location et le partage ne sont plus dévalorisés mais sont, au contraire, considérés comme des actions positives. »

- Oui, vous avez bien lu : les spécialistes le disent tranquillement : il faut faire à nouveau rêver le peuple, mais cette fois en allant vers la frugalité – alors que la société de consommation allait quant à elle vers plus de destruction (car ne l’oublions pas : consommer, c’est détruire).


Alors, certes, il faut nuancer, car s'il s’agit « de la production d’un récit imaginaire » il doit néanmoins être « de l’ordre du réalisable, auquel est associée une démarche rationnelle visant à en évaluer les conditions et les conséquences plausibles ». Reste que l’Ademe (1) imagine non seulement une frugalité choisie mais également contrainte : réduction de la consommation de viande, limitation forte de la construction neuve et de la mobilité, développement des low-tech. 

Voilà le programme présenté aux générations frugales comme on aime à les appeler : des gens qui prendront du plaisir à ne pas consommer, à refuser la viande et les tout nouveaux bijoux de la higt-tech. 

o-o-o

Je passe sur le flou qui subsiste quant au modèle économique qui pourrait allier la croissance du PIB à la réduction de la consommation, pour me focaliser sur le triturage d’imaginaire qui seul permettra de réaliser ce bouleversement dans les habitudes.  

- Moi, je n’aime pas – mais alors pas du tout – qu’on vienne triturer mon imagination, et je considère comme des ennemis de l’humanité ceux qui se proposent de le faire en toute bonne conscience. Ne s’agit-il pas de procéder à une prise de possession analogue à celle que pratiquent les gourous dans les sectes qu’ils dominent ? Sommes-nous autre chose que ces pauvres disciples qui sont persuadés que l’humanité est sous la coupe des Illuminatis ou de satanistes pédophiles (2) ? 

- Oui, n’est-ce pas, ces mécanismes de décérébrations ne sont pas propres aux sectes, loin de là ; ils sont à l’œuvre partout où une communauté se soude autour de croyances et de symboles communs. Ces dérives ne sont pas accidentelles car on les trouve partout à l’œuvre. Elles ont accompagné le développement de l’humanité – sans doute pour son plus grand bénéfice. Mais aujourd’hui, et cela depuis les temps modernes, en tout cas depuis Descartes, nous avons appris que l’esprit critique devait accompagner toutes nos pensées. Car, il faut « Ne recevoir jamais aucune chose pour vraie, que je ne la connusse être telle » Descartes - Discours de la méthode 

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(1) L’ADEME (ou Ademe) est l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie ; elle est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) français créé en 1991

(2) Tel est aux Etats-Unis le mouvement Qanon dont les adeptes « sont convaincus qu'une cabale politique satanique et pédophile contrôle secrètement le gouvernement américain. » (Lire ici)

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