Bonjour-bonjour
« L’imprévu était-il imprévisible ? » : c’est ce sujet de dissertation qu’on a soumis il y a quelques années aux candidats du bac pour l’épreuve de philo (voir le corrigé ici). Et c’est avec cette question qu’on serait tenté d’accueillir les invectives qui tombent sur les prévisionnistes météo après le terrible orage qui a dévasté une partie de la Corse, qui n’était alors qu’en alors en alerte jaune.
On reproche en effet à Météo-France de ne pas avoir su prévoir ce qui pourtant devait être pour elle prévisible. Et c’est là que la question se pose : un tel orage était-il prévisible, compte tenu des phénomènes atmosphériques observables quelques heures avant ?
Orage corse – Voir ici
- Alors certes, quand on voit des images comme celles-là, on se dit qu’en ayant les moyens de les visualiser 2 heures à l’avance on pouvait lancer une alerte utile.
Seulement voilà : non seulement ces nuages n’existaient pas 2 heures avant, mais encore les causes qui devaient les fabriquer n’existaient peut-être pas elles non plus. Et c’est ça qu’on refuse : en bons déterministes (1) nous croyons que les causes des phénomènes sont impliquées les unes par les autres, chacune provoquant des effets qui étaient contenus à l’avance dans ses flancs. C’est qu’en effet ils ne viennent pas de rien du tout, ces nuages. Ils résultent de la réunion de phénomènes qui leur préexistaient. Dès lors qu’on pouvait les connaitre, on devait prévoir leurs effets.
- Sauf que leur devenir était potentiellement multiple et que devant toutes ces possibilités, la science ne peut être « déterministe » que de façon statistique et établissant des scénarios des différentes possibilités : or parmi ceux qui prévoyaient la venue de cet orage, il n’y en avait que 10% prévoyant qu’il se déclarerait avec cette intensité et en cet endroit.
- Quand même, vous n’allez pas nous dire qu’un pareil orage arrive sans prévenir d’une façon ou d’une autre. Un orage gigantesque, ça veut dire du tonnerre entendu de loin !
- Voilà un autre préjugé. A l’époque de Descartes on croyait encore que les phénomènes étaient provoqués par des causes aussi importantes qu’eux. Il doit y avoir autant d’être dans la cause que dans l’effet disait-on alors. Seulement nous avons appris que les causes peuvent être minimes, du moins comparées à leurs effets et que des phénomènes infimes, agrégés les uns aux autre de façon aléatoire peuvent entrainer des effets cataclysmiques. C’est à cela que fait référence l’effet papillon. (2)
- A oui ? Le hasard et l’effet papillon ? C’est pour nous apprendre ça qu’on paye les prévisionnistes météo et qu'on leur offre des ordis plus puissant que ceux de la NASA ?
- Il y a peut-être une limite infranchissable à ce que peut prévoir la science. C’est là qu’on touche à la question du chaos déterministe… mais justement, c’est là une autre question. (Voir ici)
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(1) « Il faut admettre comme un axiome expérimental que chez les êtres vivants aussi bien que dans les corps bruts les conditions d’existence de tout phénomène sont déterminées d’une manière absolue. » Tel est le déterminisme défini ici par Claude Bernard (A lire dans cet art. Wiki)
(2) « Prédictibilité : le battement d'ailes d'un papillon au Brésil pourrait provoquer une tornade au Texas » Il s’agit d’une théorie qui distingue entre le déterminé et le déterminable : à lire ici
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