lundi 5 février 2024

Le nain et le géant - Chronique du 6 février (2)

Bonjour-bonjour

 

« Paroles, paroles… » Cette chanson de Dalida et Alain Delon est régulièrement évoquée à propos des contorsion d’hommes politiques qui cherchent à séduire leurs électeurs pour leur faire apprécier leurs réformes. Ils y parviennent (ou pas) en cherchant à faire croire, comme le séducteur de la chanson, que leurs mots sont aussi des actes : classique.

Mais il n’y a pas que cela. Et l’intention de créer des groupes de niveaux au collège en français et en mathématiques le montre surabondamment.

C’est ainsi que le CSP (Conseil Supérieur des Programmes) propose de « nouvelles organisations des enseignements en français et en mathématiques » qui créent, « une séparation de fait des élèves pour le français et les mathématiques », avec un « parcours des fondamentaux » pour les élèves en difficulté et un « parcours des approfondissements » pour les autres. (Lire ici)

- Ça ne vous rappelle rien ? 

Mais si : les réformes des années 70 qui créaient des groupes de rattrapage et des groupes d’approfondissement – qui ont sombré à la même critique : malgré ces bons sentiments, les élèves (et leurs parents) qui étaient dans les groupe de rattrapage se sentaient rejetés dans les bas-fonds du collège, dans un marécage d’où ils ne pourraient sortir. Du coup la prétention à réaliser le collège unique s’enlisait également, les meilleurs refusant de voir les moins bons les « rattraper », ruinant ainsi la prétendue souplesse d’un système où il serait possible de passer d’un groupe à l’autre. A quoi bon chercher à courir plus vite si on sait qu’on a perdu à l’avance – course où le lièvre arrive toujours avant la tortue.

 

Rousseau disait que les inégalités sociales sont nées le jour où on a  demandé au nain et au géant de courir sur la même piste. Avant cela leur différences n’étaient rien d’autres que des écarts sans signification. Et c’est ça la vérité : tant que nous aurons une école fondée sur la compétition, on n’y fera rien : les mieux lotis à la naissance resteront devant les moins bien dotés.

La solution serait de faire que, comme le nain et le géant de Rousseau, on n’ait à faire qu’au projet de leur permettre de s’épanouir chacun selon sa voie propre - et on devine que cet épanouissement ne rapprochera pas le nain du géant.

Mais pour ça, il ne faut plus du tout de compétition sociale, sans quoi on ne voit pas comment préserver l’école de cette mise en concurrence.

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