jeudi 8 février 2024

Ces mots qui fâchent – Chronique du 9 février

Bonjour-bonjour

 

Il y a des mots qui fâchent : aveugles, paralytiques: pouah! Parlons plutôt de personne à mobilité réduite, ou malvoyante, etc…

Tout cela n’est-il qu’euphémisme, au sens exact, à savoir une façon d’éviter une expression choquant ?

En partie sans doute mais on se tromperait si on ne voyait là que des façons d’éviter de choquer l’auditoire. Car certaines de ces expression en disent beaucoup plus. 

Par exemple :

            * En fin de vie au lieu de mort. Car la mort, nous ne savons pas ce qu’elle est dans la mesure où nous ignorons si elle est une interface entre la vie et l’au-delà, ou bien si elle est juste le passage de l’existence au néant. L’expression « fin de vie » s’abstient d’en préjuger, laissant l’observateur au seuil du trépas.

On aurait donc à faire à des procédés techniques destinés à serrer au plus près les soins dont ces personnes peuvent être l’objet ? 

Pas toujours, car voici l’essentiel pris sur cet exemple :

            * Personne en situation de handicap : c’est une façon de retirer à celui-ci le rôle de définition de la personne handicapée. On refuse de croire que le handicap constitue la personne entièrement, en sorte qu’elle serait dans tous les moments de sa vie caractérisée par lui, comme s’il était son essence, comme s’il rejetait toutes ses autres caractéristiques au second plan, comme si elles découlaient de lui.

Ce qu’on refuse, c’est de considérer que certains, tels les handicapés, les paralytiques, les aveugles etc. ne soient pas de la même nature que les autres. C’est que tous les êtres humains sont considérés comme porteurs d’une âme, ou du moins d’une partie spirituelle, siège de sa volonté et de sa personnalité.

Ce noyau est incorruptible, tout juste peut-il être empêché d’agir de façon normale, raison pour laquelle il doit être assisté (ou mis sous tutelle). C’est alors qu’on comprend que même les personnes affectées de la maladie d’Elsheimer restent des personnes à part entière, et que leur maladie ne fait que les empêcher d’agir comme les autres. Et ce ne sont pas leurs proches qui disent cela : c’est l’administration jugée pourtant si indifférente à la personne humaine.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire