Bonjour-bonjour
Dénonciation de viols et harcèlement sexuels remontants à plus de 20 ans ; déboulonnage de statues de héros historiques dénoncés à présent comme esclavagistes ; cancel culture…
Seule l’indifférence où ses romans sont tombés aujourd’hui semble avoir protégé la Comtesse de Ségur du pilori où ses violences sur enfants et les perversions auxquelles ceux-ci se livrent sont complaisamment décrits.
Madame Fichini bat Sophie sans pitié
Nul doute qu’une réédition des romans de la Comtesse de Ségur la condamnerait radicalement. C’est que notre époque est bien révisionniste : nous jugeons le passé non pas à l’aune de ce qu’il fut, mais à celle de nos valeurs présentes. Mais cette révision concerne aussi notre vécu plus intime. D’où la réévaluation de nos sentiments d’hier qui sont jugés selon leurs conséquences d’aujourd’hui :
--> La longue anamnèse par la quelle Judith Godrèche parvient à mettre au jour les épisodes de sa soumission à Benoit Jacquot relève selon moi de ce processus.
Il n’est pas surprenant que les souvenirs lointains soient reconstruits avec des matériaux qui ne viennent pas forcément tous de la mémoire du sujet : sans aller jusqu’à la psychanalyse, la psychologie l’a montré abondamment. Il peut donc se faire que cette reconstruction soit élaborée dans le contexte de valeurs qui n’existaient pas à l’époque. Un premier amour est bien de ce genre : comment restituer la vérité de ce qui fut vécu alors, quand la remémoration se fait à une époque où ce contexte existe bel et bien ? Et je dirais volontiers que cette réélaboration ne porte pas seulement sur les évènements, mais aussi sur leur sens, sur leurs intentions, leurs conséquences effectives pour la vie écoulée depuis.
On n’est donc pas seulement dans des relations de séductions, mais aussi d’un vécu plus général, tel que celui qui se développe avec les parents, avec tel prof particulièrement admiré, ou tout autre situation qui a basculé dans le passé, mais qui est maintenue artificiellement dans le présent.
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