vendredi 23 février 2024

Deux mains dégueulasses sur mes seins de 15 ans – Chronique du 24 février

Bonjour-bonjour

 

Où sont les femmes ? chantait Patrick Juvet en 1977. Hier soir, lors de la cérémonie de remise des Césars, on a entendu « Où sont les hommes ? », aussi bien dans le discours de Judith Godrèche que dans les commentaires qui l’ont entourée. Aucune parole masculine pour répondre aux plaintes des femmes qui ont souffert – non pas des hommes – mais de ces hommes qui ont abusé de leur pouvoir dans le cadre de leur profession de cinéaste.

 

- Les Césars sont une cérémonie fortement genrée, dont on a souligné depuis (presque) toujours le privilège qu’elle accordait aux hommes tant pour leur rôle de réalisateur que pour leurs rémunérations d’acteurs. Les nominations aux Césars ont été durant fort longtemps spécialement dévolus aux films masculins et ce n’est que depuis peu que les femmes sont entrées dans le sérail, mais sur la pointe des pieds et s’excusant presque de prendre quelques places aux messieurs.

Pourtant depuis 4 années les choses ont changé avec le clash d’Adèle Haenel à propos de la récompense attribuée à Roman Polanski accusé de viol commis il y a 50 ans. Non seulement en matière de violence faite aux femmes il n’y a pas prescription, mais hier, l’actrice Judith Godrèche a fait changer la peur de camp. « Deux mains dégueulasses sur mes seins de 15 ans » : voilà comment Judith Godrèche décrit les gestes par les quels Jacques Doillon prétendait lui apprendre à jouer une scène du film « La fille de 15 ans » - 45 reprises avec 45 fois le tripotage en question. 

--> Prenons garde à cette circonstance : il ne s’agit pas là de l’emprise exercée sur elle par Benoît Jacquot, contre lequel elle a par ailleurs porté plainte ; il s’agit de l’abus commis par un metteur en scène qui sort hypocritement de son rôle de metteur en scène pour jouir de l’actrice, non en tant qu’artiste mais en tant que « gros dégueulasse ».

Voilà ce qui désacralise les gestes abusifs liés aux professions du cinéma : rien que de très ordinaire, comme les mains baladeuses de Depardieu, gestes qui pourraient avoir été commis à la machine à café de n'importe quelle entreprise ; quant aux viols hâtifs de Harvey Weinstein, ça aurait pu arriver n’importe où, n’importe quand.

Hier les victimes ont juste demandé que les hommes en question viennent s’expliquer et demander pardon pour le mal qu’ils ont fait.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire