vendredi 9 février 2024

Coupable mais pas totalement responsable - Chronique du 10 février

Bonjour-bonjour

 

« Aucun homme n’est totalement responsable » : c’est par ces mots que Robert Badinter rendait manifeste l’iniquité de la peine de mort. Nous étions en 1981, Jean-Paul Sartre venait juste de disparaitre et ses propos sur la responsabilité humaine étaient bien connus : nous sommes toujours libres, inutile de nous réfugier derrière des faux-semblants : nous avons toujours la liberté de renoncer à des actes quel qu’ils soient. = Nous, et nous seuls, sommes responsables du mal que nous commettons : si la peine de mort est la sanction ultime du mal, alors elle doit être appliquée.

Le débat sur la peine de mort était-il donc un débat philosophique entre tenants et opposants de la philosophie sartrienne ? En un sens oui, mais pas totalement. Car Robert Badinter poursuivait « Aucun homme n’est totalement responsable et aucune justice n’est totalement juste » : car voilà l’essentiel : nous ne vivons pas dans un monde fait de choses et d’êtres d’un seul bloc. Chaque criminel, comme chaque institution est fait de pièces et de morceaux assemblés tant bien que mal, à la « va-comme-je-te-pousse ». Un crime a été commis : ça c’est une certitude, mais par qui ? Et pourquoi ? Et puis, quelle juste punition mettre en face de cette situation ?

C’est peut-être là qu’on touche à un point essentiel du débat philosophique : savons-nous en quoi consiste la mort que nous infligeons comme punition ? Ne s’agit-il que de la privation de la vie ? Et si la mort était juste un passage entre le monde d’ici-bas et le domaine de Dieu ? Ne devrions-nous pas en tenir compte pour évaluer cette mort à laquelle nous envoyons le criminel ?

Autrefois, on permettait au condamné de se confesser juste avant d’être exécuté : il ne fallait pas qu’en empêchant l’ultime repentir le bourreau soit responsable de la damnation éternelle d’une âme pécheresse.

Il est donc possible que la peine de mort soit  située de façon théorique dans la hiérarchie des punitions judiciaires. Mais nous n’avons ni la capacité de la situer avec exactitude ni de l’attribuer avec certitude. 

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