mercredi 3 avril 2024

L’art de ne rien faire – Chronique du 4 avril

Bonjour-bonjour

 

Lu ceci : « Jean-Miguel Pire a publié "Otium, arts, éducation, démocratie". En redonnant toute son importance au concept de Otium, il invite chacune et chacun à se réapproprier plus que jamais cet espace humain assez maltraité par les temps modernes, à savoir la réflexion, l'entendement, l'épanouissement culturel individuel et/ou collectif qui, s'il est soigné, permet l'accès à la liberté individuelle et au développement de la démocratie. »

On lira le reste de ce bref l’article qui, en voulant redonner le goût des loisirs créatifs – je veux dire : ceux qui développent l’épanouissement de la personne – souligne l'abandon dans lequel se trouvent nos capacités réflexives, si souvent délaissées au profit du divertissement sans bénéfice autre que de « faire passer le temps ».

On trouve chez les grecs d’abord, puis chez les romains, cette notion de loisir, un temps libre de toute activité nécessaire à la production des moyens de satisfaire les besoins vitaux, propre aux citoyens libres (et qui ont donc des esclaves à leur service), qui est la condition d’une vie consacrée au bien public et à la politique : comment être disponible pour les débats publics sans cela ?

o-o-o

Chez nous, le problème est bien différent. 

- Notons d’abord qu’il n’est plus soumis à une condition sociale : tout le monde bénéficie d’un temps d’« otium », certes mélangé à du temps d’activité vitale, mais quand même sans aucun souci de rétribution.

- Et puis surtout, nous avons constaté qu’il ne suffisait pas d’avoir du temps libre pour qu’il soit rempli de telles activités. Au début des année 80 on avait même inventé le « Ministère du temps libre » pensant qu’il incombait aux pouvoirs publics d’organiser ces loisirs. Ce Ministère rapidement renvoyé aux oubliettes, les pouvoirs publics ne se sont ensuite plus jamais soucié d’organiser les périodes de loisirs – à juste titre : plus vous donnez de moyens d’enrichissement culturels et plus vous accroissez le fossé qui sépare les classes aisées des classes pauvres. La raison est que la fréquentation des bibliothèques, des musées, des spectacles vivants est toujours le fait des mêmes personnes. Augmentez l’offre, espérant voir les jeunes des classes populaires venir s’enrichir l’esprit, et vous ne verrez venir que les enfants de la bourgeoisie qui vont faire leur miel de ces nouvelles richesses.

Comme d’habitude on demande à l’École de combler ce hiatus creuse par le société. Avec le résultat qu’on sait.

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