Bonjour-bonjour
En France toute réforme un peu contraignante est acceptée… à condition de n’affecter que le voisin. Les anglais ont une formule pour cela : « Not in my backyard », c’est à dire « Pas dans mon jardin ».
Voilà qui est clair. Appliquons : le déficit des comptes public ne déroge pas à ce principe. Qui doit payer ? Les chômeurs ? Les grosses fortunes ? Les retraités ?
Oui, les retraités qui, par le biais de l’indexation sur l’inflation ont vu leur niveau de vie protégé l’an dernier alors que les actifs, eux, le voyaient chuter. De plus le niveau des économies réalisables sur leur dos boucherait facilement le trou financier. « L'indexation de 5,3 % des pensions, ce sont les 15 milliards d'euros qui manquent dans le budget 2023 », estime François Ecalle, ancien conseiller à la Cour des comptes. (A lire ici)
L’idée a germé et s’est répandue au sein de l’exécutif : Thomas Cazenave, le ministre délégué chargé des Comptes publics, a suggéré, pour limiter les dépenses, de sous-indexer les retraites dans le futur budget 2025. Colère du chef de l’État : « Arrêtez de sortir des mesures qui n'ont même pas été évoquées, sauf si vous voulez à coup sûr perdre les élections ! ». (Art. référencé)
La question est triple : quelle mesure choisir : celle qui serait juste ; celle serait efficace ? Et enfin, la quelle assurerait un bon rendement électoral ?
La réponse est : ça dépend. Vérifions selon les trois critères que nous venons de dégager à propos des retraités :
1° L’efficacité : Plumer les retraités serait certes efficace mais ruineux politiquement. Colbert le disait « L'art de l'imposition consiste à plumer l'oie pour obtenir le plus possible de plumes avec le moins possible de cris. »
2° La justice : Il ne suffit pas qu’une mesure soit efficace, encore faut-il qu’elle ne contredise pas nos valeurs fondamentales. Supposé que l’assassinat de certains citoyens soit la condition du redressement des comptes publics, ces crimes ne pourraient être commis sans faire basculer le pays dans la barbarie.
3° La popularité : on voit bien en quoi consistent le soucis des hommes et des femmes qui nous gouvernent : qu’importe l’efficacité ou la justice des mesures envisagées ; en termes d’importance, la seule efficacité significative est électorale : permettre de rester au pouvoir. Machiavel n’a jamais dit autre chose.
Maintenant supposez qu’on dise : surtaxons les travailleurs immigrés, et nous boucherons le trou des comptes publics. Là tout le monde applaudirait, car personne n’a de migrant dans sa « backyard »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire