vendredi 7 mars 2025

Notre IA qui êtes-aux-cieux…. – Chronique du 8 mars

Bonjour-bonjour

 

Il y a quelques décennies, des sites internet de confession en ligne, avec pénitence, absolution, et signe de croix tracé avec la souris, faisaient sourire. Et puis, les années passant beaucoup d’autres excentricités ont fait oublier cette pratique virtuelle de la dévotion.

Mais avec le confinement, la confession en « distantiel » a fait son retour au premier plan : rencontrer un prêtre via l’ordinateur, pourquoi pas ?

Mais avec les IA génératives, type ChatGPT, les choses ont changé. C’est qu’il ne s’agit plus de rencontre virtuelle avec un confesseur ; il s’agit, grâce à une Intelligence artificielle qui a ingurgité les textes des Pères de l’Église, des conciles, des encycliques..., d’obtenir des réponses à des questions existentielles de la foi que se pose un chrétien, sans qu’aucun ecclésiastique ne soit consulté. On aurait également la possibilité d’entendre le sermon du dimanche, fabriqué sur mesure pour la période et pour le public de fidèle concerné, concocté par une IA programmée sur mesure pour ce magistère.

Qu’en pense l’Église ?

- Voici ce qu’on lit à ce propos dans le journal La croix : « Nicolas Vandame et Benoît Sibille s’opposent au projet de création d’une intelligence artificielle (IA) catholique pour conserver le « magistère de la Parole ». Pour eux, l’idée qu’une IA puisse présenter « une synthèse des mystères de la foi » est insensée, car l’IA serait « intrinsèquement une profanation de la Parole ».


- « Magistère de la Parole » (notez la majuscule) : quésaco ? Lisons ceci : « Le « Magistère ordinaire et universel des évêques » est un enseignement universel… Il suppose la commune adhésion de foi des fidèles. Il est considéré comme divinement révélé et donc irréformable. » (Art. Wiki)

Bref : Dieu inspire le prêtre, mais il n’est pas prêt d’inspirer la machine « intelligente ».

 

Mais enfin : comment savons-nous que Dieu ne parle pas aux machines ? S’Il a inspiré le Sacré collège des cardinaux ou des évêques pour trancher les dilemmes de la foi et décréter les dogmes les plus connus, pourquoi ne ferait-Il pas de même avec des machines dès lors qu’elles serviraient à guider la méditation des fidèles et à confesser les croyants ?

Et si le Vatican était transformé en data-center ?

jeudi 6 mars 2025

Araignée ! Quel drôle de nom… – Chronique du 7 mars

Bonjour-bonjour

 

« Le Pape est mort. Un nouveau Pape est appelé à régner. – Araignée ? Quel drôle de nom ! Pourquoi pas libellule ou papillon ? » 

- Cette jolie comptine attribuée à Jacques Prévert permet d’évoquer la succession du pape François qui devra sans doute très prochainement avoir un successeur. Car en effet, même si Dieu veut le maintenir en vie, le Souverain Pontife risque bien de ne plus jamais avoir la force d’exercer son pontificat.

Les pronostics vont bon train avec comme à chaque fois des prévisions toutes absolument péremptoires – mais ne dit-on pas que « Qui entre pape au conclave, en ressort cardinal » ?

- Reste que l’essentiel est bien dans le pouvoir que possèdera ce futur élu d’orienter de façon significative l’action de l’Église dans le monde. Et de rapprocher le rôle de cet homme solitaire à la tête de l’Église de celui du Président des Etats-Unis d’Amérique, dont on voit qu’à lui seul il possède le pouvoir effectif de bouleverser la vie de chaque homme (ou presque) sur cette terre.


- De quoi faire réfléchir ceux qui, comme moi, bouffis de matérialisme historique affirment tranquillement que ce sont les masses qui font l’histoire, que les individus jouent au maximum le rôle d’aléa dans son cours inflexible. 

Que dit cette thèse ? Que si un homme seul est capable de dévier le cours de l'histoire, c’est simplement qu’un point de rupture a été atteint, l’action des individus n'étant que des hasards qui pèsent sur les tensions qui sont déjà à l'oeuvre. D'où une comparaison avec les tremblements de terre, ou comme le propose Bergson, avec la détente du pistolet chargé qui s’actionne d’un simple frôlement.

Faut-il rejeter ces thèses, ou bien plus prudemment, faut-il examiner scrupuleusement le contexte pour évaluer à cet éclairage le rôle de l’action d’un Donald Trump, ou d’un futur maitre du Vatican ?

mercredi 5 mars 2025

En ce moment, les Baltes creusent des tranchées – Chronique du 6 mars

Bonjour-bonjour

 

Hier soir le discours martial du Président Macron a retenti comme une volée de cloches dans les campagnes françaises en 1914 : l’ennemi est sur le Rhin, il viendra bientôt jusque dans nos bras égorger nos fils nos compagnes.

 


On sait déjà que l’argent va être comme d’habitude « le nerf de la guerre » : nous avons parlé ici même et pas plus tard qu’hier de l’économie de guerre. 

- Maintenant il reste à dire qui va y aller ? Car, n’imaginons pas qu’on va arrêter les chars russes avec des drones pilotés depuis un centre bien caché quelque part dans la campagne française. Il va nous falloir des soldats, des Piou-Piou, des Bidasses. D’ailleurs on apprend que dans les Pays Baltes on creuse déjà des tranchées.

Rétablir la conscription, ça pose quelques problèmes : déjà ça va couter un bras ; c’est d’ailleurs pour ça qu’on avait décidé du temps de Jacques Chirac – pourtant « mili fana » – de supprimer la conscription ; ensuite où allons-nous mettre ces jeunes gens ? Les casernes ont disparu et en reconstruire, ça risque de prendre du temps. Mais surtout, pour être militaire aujourd’hui, il va falloir savoir faire autre chose que balayer la cour de la caserne.

La preuve en est que les séances de recrutement insistent sur les diplômes ou sur les capacités à en obtenir dans le sein de l’armée. On veut des gens un peu capables de réfléchir et d’apprendre le fonctionnement de dispositifs technologiques complexes. 

A ce compte, Bidasse aurait été réformé.

mardi 4 mars 2025

Retour prochain des cartes de rationnement – Chronique du 5 mars

 


 

Bonjour-bonjour

 

Le Président Macron n’a de cesse de nous faire entendre qu’il est temps de comprendre que la France doit entrer en « économie de guerre ». Mais nous dit-il de quoi il s’agit ? Point du tout !

Dans ce cas on va piocher Wikipédia et Google réunis. Et voilà le résultat :

- D’abord, une économie de guerre est caractérisée par l’accroissement de l’effort d’armement. Chez nous Dassault exulte.

- Ensuite, c’est de l’argent – beaucoup d’argent.  « Le ministre de l’Économie et des Finances, Éric Lombard, promet d’annoncer son plan de bataille le 20 mars » (lu ici) : pas la peine de vous faire un dessin je suppose – Si ? Dans ce cas attendez-vous à voir des plans d’équipements suspendus : pas d’écoles et de lycées supplémentaires ; les hôpitaux vont stagner dans leur misère ; je ne parle même pas du budget de la culture : pour ça, tirez les mouchoirs.

Bon : on aurait pu le deviner : si on prépare la guerre, on vide sa tire-lire. Mais pas que : car dans son sens extensif le terme en vient à désigner une réorganisation non seulement de l’économie, mais aussi de la vie sociale entière. Voici la liste des mesures fournie par Wiki (ici) :

- Contrôle exhaustif de la politique monétaire visant à éviter les processus d'hyperinflation ;

- Faveur accordée à l'autarcie au niveau des produits de base et du matériel militaire ;

- Mesures de réduction de la consommation énergétique ;

- Incitation à la main-d'œuvre féminine à bas coût pour occuper les postes de ceux qui intègrent l'armée ;

- Changements dans la politique agricole, qui dirigent les cultures et l'industrie de transformation vers la production de céréales et, en général, vers des produits apportant une grande quantité de glucides. 

- Augmentation de la production de l'industrie lourde et militaire ;

- Mise en place de mesures de réduction de la consommation privée, qui peuvent inclure le rationnement de l'industrie et des familles.

 

- Oui, je sais : évoquer les cartes de rationnement ça fout les chocottes : mais c’est simplement dans la logique de la guerre.

lundi 3 mars 2025

Pour une guerre propre - Chronique du 4 mars

Bonjour-bonjour

 

Hier à l’Assemblée nationale, débat sans vote sur la situation en Ukraine à la lumière du renversement d’alliance des Etats-Unis.

Après le discours du 1er ministre, les présidents des différents groupes se succèdent à la tribune. Vient le moment où Cyrielle Chatelain Présidente du groupe Les Écologistes de l’Assemblée nationale fait son discours.

Discours fort convenu dont je ne vous aurais pas parlé s’il n’y avait eu le moment où la différence écologiste se fit entendre.

- Car, oui : il faut se préparer à la guerre avec plus d’armements, plus de soldats, et éventuellement un engagement physique sur le terrain. Mais tout cela doit être réalisé dans le respect de l’environnement : réduire l’empreinte carbone, éviter la pollution des terrains, supprimer les émanations toxiques, etc. 

On connaissait la guerre qui ne tue que des combattants tout en épargnants les civils – grâce aux frappes « chirurgicales ». Maintenant on a la guerre propre, dont la signature carbone est réduite : une guerre respectueuse de l’environnement, qu’on n’hésitera pas à qualifier de guerre durable, comme nous avons des énergies durables.

Tout cela vous parait surréaliste (« lunaire » selon le terme utilisé à présent) ? Oui, mais quand on y réfléchit bien, pas tant que cela. Car si on entend ces précautions comme des arguments en faveur de la guerre, on doit évoquer les guerres d’autrefois destinées à sauver la liberté, la justice et la vraie religion. Les guerres saintes il a dû y en avoir des kyrielles depuis que le monde est monde ; des guerres pour protéger l’espace vital d’un peuple aussi.

- Mais des guerres respectueuses de l’environnement, ça c’est sans doute nouveau.

 

Ça n’empêche : les morues ont nagé joyeusement dans le secteur de Terre-Neuve tant que les hommes se sont fait la guerre entre 40 et 45 : ils ne pensaient pas alors à chaluter leurs bancs.

 


Les guerres aussi peuvent protéger la nature : pour cela il suffit qu’elles détruisent suffisamment d’hommes.

dimanche 2 mars 2025

4 jours au turbin : ça suffit ! – Chronique du 3 mars

Bonjour-bonjour

 

Une armée européenne à financer, des équipements civils sacrifiés pour des char d’assaut ; et puis la guerre, la guerre, la guerre….

Une éclaircie dans cet horizon chargé : en Island l’organisation du travail avec 4 jours d’activité et un nombre d’heures réduit a apporté des bénéfices inespérés : productivité maintenue, bien-être accru et avancées en matière d’égalité. Ce modèle suscite ainsi l’intérêt du monde entier. (lu ici)

Notons :

- Contrairement aux approches observées ailleurs, cette nouvelle organisation ne se limite pas à une simple réorganisation des horaires, mais réduit véritablement le temps de travail sans perte de salaire.

- Contrairement à d’autres pays comme la Belgique, où la semaine de 4 jours repose sur un aménagement du temps de travail avec des journées allongées, il ne s’agit pas ici d’intensifier la charge de travail, mais bien de la répartir différemment, en optimisant les tâches et en réduisant les réunions inutiles. Ce changement structurel a permis une transition en douceur et sans impact négatif sur l’économie du pays. 

- Résultat, la productivité est restée stable et, dans certains secteurs, elle a même augmenté. Les employés ont appris à mieux organiser leur temps, en réduisant les distractions et en priorisant les tâches essentielles.

 

La surprise vient bien sûr de la capacité des entreprises à trouver l’équivalent d’un jour entier de travail en tâches finalement facultatives qu’on peut supprimer. Mais pour cela on a dû admettre qu’un jour en moins à travailler c’est un jour de vie et de joie en plus. Pendant des décennies on nous a fait croire qu’on pouvait être heureux au travail : en mettant des endroits de détentes et des babyfoots à disposition, on a proclamé que le bien-être au travail était une réalité - Oui mais : tant qu'à faire de jouer au baby-foot, allons au bistrot du coin. D'ailleurs, quand il s’est agi de prolonger la durée de la vie active de deux ans pour équilibrer les caisses de retraites, les travailleurs sont descendus dans la rue pour dire leur fureur : 2 ans de travail en plus, c’est 2 ans de vie en moins.

Les Islandais ont enregistré le message, et ils ont montré que c’était la vie durant qu’il devait être écouté. 

La révolution est là.

samedi 1 mars 2025

Il /ne/ faut manger /que/ pour vivre – Chronique du 2 mars

Bonjour-bonjour

 

Vous connaissez le « nutriscore » ? Non ? Le voici : 


Affiché en France par des marques de produits alimentaires volontaires, il est en débat à Bruxelles où la commission recherche un logo nutritionnel général pour toute l’Europe. Le nutriscore français étant en avance sur les autres propositions et répondant aux exigences scientifiques des spécialistes, on s’attendait à ce qu’il soit immédiatement entériné. Éh bien non ! Certains pays, en particulier les italiens font de la résistance : il parait que le nutriscore pénalise injustement les produits traditionnels italiens – « Elle /l’Italie/ a fait un récit, une forme de storytelling, comme quoi leur art de vie et leur art culinaire seraient attaqués. Face à eux, très peu de voix se sont élevées pour défendre le Nutri-Score. » (Lu ici) Il est vrai qu’en France également, le nutriscore fait grincer les dents des fromagers des causses dont le Roquefort est étiqueté « E ».

- D’ailleurs s’agit-il vraiment de connaitre une valeur nutritive ? On ne mange pas de certains produits pour se nourrir, mais pour savourer. Qui donc se soucierait de connaitre le nutriscore des truffes ou du caviar ?

 

Nous vivons à l’ère de la « mise en garde » : Attention ! Trop de calories : interdisons le Nutella ! Trop de pesticides : arrêtez de manger des pommes ! Trop de CO2 : interdisons les voyages en avion ! Par exemple, peut-on voyager aujourd’hui sans connaitre la quantité de CO2 générée par notre mode de déplacement ? Un Paris/New-York en jet, ça produit combien de tonnes de CO? En tout cas beaucoup plus qu’en TGV mais encore trop : le mieux est d’y aller à pied.

Notre époque est celle du « 0 » :

- zéro carbone : voyagez à pied 

- zéro calories : buvez de l’eau 

- zéro émission : arrêtez de respirer.

vendredi 28 février 2025

Peuple américain, réveille-toi : Trump est devenu fou ! – Chronique du 1er mars




Bonjour-bonjour

 

Consternation ! Tel est le mot qui revient à chaque récit de la rupture entre le Président américain et Volodymyr Zelensky. Lors de la conférence de presse à la Maison blanche, la violence et la grossièreté des propos, le mépris pour les engagements de l’Amérique ainsi qu’à l’égard des conséquences de ces renversements d’alliance – au point qu’on en arrive à penser que Donald Trump est désormais un allié de la Russie – tout cela provoque la peur des guerres qui risquent d’en résulter chez nous, les européens.

Et surtout nous sommes ramenés à un lointain passé, lorsque les traités entre les États n’avaient de valeur que s’ils étaient soutenus par une force armée respectable. Nous qui avons vécus sous le parapluie atomique américain, nous voilà contraints de nous doter d’un grand potentiel d’armement (et cela à grande vitesse): nous devrons donc renoncer aux budgets alloués à des projets civils pourtant indispensables. 

==> Plus d’avions, de missiles, de drones = moins d’hôpitaux, d’écoles, de prisons.

 

En attendant, la stupéfaction vient aussi de l’inertie apparente du peuple américain. Comment ! Voilà un homme qui de son bureau de la Maison Blanche prend seul des décisions qui renversent les alliances et autant que faire se peut supprime les libertés démocratiques telles que celles de la presse (privée de sources officielles), ou celle des citoyens qui perdent certains de leurs droits, tels que l’IVG ou la transition de genre ; qui transforme les ennemis historiques de l’Amérique en alliés au point de répéter servilement la propagande du Kremlin – provoquant en réaction la presse internationale qui commence à surnommer le Président américain le « caniche de Poutine » ; ou bien de donner un pouvoir discrétionnaire sur l’administration à Elon Musk qui n’a reçu aucun mandat démocratique.

Bref : où est le peuple américain ? Ces citoyens qui habituellement défendent leurs libertés contre les abus du pouvoir en descendant dans les rues ou en faisant des sit-in énormes sur les campus de leurs universités ? Qui bloquent les routes avec leurs poids lourds ? Les voilà inertes ?

Où est donc la lutte populaire pour défendre la démocratie ?

jeudi 27 février 2025

A Tchernobyl, un champignon se nourrit de la radioactivité – Chronique du 28 février

Bonjour-bonjour

 

La découverte que tout le monde espérait sans trop y croire vient de se produire : à Tchernobyl prospère un champignon « radiotrophe » qui se nourrit de la radioactivité et donc qui décontamine le site. Le «Cladosporium sphaerospermum» s'épanouit en absorbant les radiations pour les transformer en énergie métabolique  : si ce champignon est exploitable, il pourrait éviter de coûteuses opérations de décontamination, aujourd'hui réalisées par une main-d'œuvre humaine dans des conditions dangereuses. (Lu ici)

 

- Mais ce n’est pas tout : on apprend incidemment (grâce à Wikipédia) que ce champignon n’est pas seul à posséder cette caractéristique, et que toute une classe de champignons sont également radiotrophes :

 

 


Champignons radiotrophes

 

Ce champignon, capable de capter les rayonnements ionisants et de les transformer en énergie utile à son métabolisme, pourrait donc nous aider à nettoyer les déchets nucléaires : finies les angoisses de ces déchets de nos centrales capables de contaminer la nature des milliers d’années après qu’ils aient été générés par nos centrales. Alléluia ! 

- Attendez, j’ai gardé le meilleur pour la fin. Car la substance grâce à laquelle ces champignons se nourrissent de radioactivité n’est pas si rare que ça : il s’agit de la mélanine, molécule présente également dans notre peau et qui lui permet de bronzer. Et donc : une petite manipulation et hop ! Voilà les humains (africains à la peau noire particulièrement) qui deviennent capables de dégrader la radioactivité et sa nocivité avec.

- Et maintenant, rêvons un peu. Ces champignons auraient gardé intacte une propriété datant des premiers moments de la vie sur terre quand les proto-organismes devaient affronter des conditions extrêmes de chaleur et de radioactivité. Dégradées dans la plupart des cas, mais maintenues actives dans quelques autres, voilà ces capacités, qui nous font pourtant défaut aujourd’hui, susceptibles de revenir à la vie.

Merci la nature !

mercredi 26 février 2025

La fin des idéologies – Chronique du 27 février

Cynisme : subst. masc.

Définition : attitude cynique, mépris effronté (= qui n'a honte de rien) des convenances et de l'opinion qui pousse à exprimer sans ménagements des principes contraires à la morale, à la norme sociale.

- Emploi : décrire les déclarations de la nouvelle administration américaine depuis l’élection de Donald Trump.

 

Bonjour-bonjour

 

Oui, le cynisme est vraiment le mot du jour, celui qui rend compte du langage normal et convenu entre les États, celui en tout cas qui nous vient de Washington.

Car, comment qualifier autrement les déclarations du nouveau Président des USA, celles qu’il utilise pour expliquer que la fourniture de l’argent américain destiné à financer les armes dont l’Ukraine a besoin pour repousser l’envahisseur russe, est subordonné à l’accès gratuit aux « terres rares » contenues dans son sous-sol ? D’ailleurs le Président Zelensky doit se rendre là-bas aujourd’hui, sans doute pour marchander l’échange terres rares contre dollars.

 

- La politique s’affiche à présent sans aucune dissimulation, sans aucun ornement moral, sans affichage de défense de la justice. C’est là qu’on comprend que les idéologies sont bien mortes – mortes et enterrées.

Voyons le détail. Comment l’administration précédente expliquait-elle les milliards fournis à l’Ukraine, avec les missiles et les avions, etc. ? Par l’impératif de sauver la liberté d’un peuple, liberté garantie par le droit international et bafoué par un pays qui, sans autre justification que l’ambition démesurée de l’autocrate qui la gouverne l'a envahie et qui menace de passer à d’autres invasions dès l’Ukraine annexée. Pas de condition à cette aide, la morale et la justice commandent ici de façon impérative. Comme le dit Kant si c’est un impératif catégorique, alors « il faut parce qu’il faut ».

Du temps de la guerre froide il y avait deux camps : celui des travailleurs en lutte pour un avenir radieux et contre l’oppression imposée par les capitalistes. Et puis celui des défenseurs de la Liberté, en lutte contre la dictature communiste. Pas de marchandage possible, rien que le gain d’argent pourrait justifier.

Alors bien sûr, il était toujours possible de chercher derrière ce « rideau de fumée idéologique » l’égoïsme des États et la cruauté de l’ambition personnelle des dirigeants. - Mais au moins on savait que les relations entre États devaient rendre des comptes à la Morale et à la Justice.

… Mais ça, c’était « avant ».

mardi 25 février 2025

Un charmeur de Président – Chronique du 26 février

Bonjour-bonjour

 

Dans cet article, Paris-Match rapporte que la presse américaine unanime salue la conférence de presse improvisée que le Président français a tenue dans le bureau ovale de la Maison Blanche avec Donald Trump. Emmanuel Macron détendu, donnant du « cher Donald » au président américain - gestes amicaux, petite tape sur le genou, tout y était pour faire de ce moment une occasion où, dans la meilleure ambiance, des vérités venues d’Europe se sont fait entendre aux oreilles du Président américain.

Et pourtant, le moment du départ venu, le bilan fut tristement maigre, les Etats-Unis mêlant à l’ONU leur vote à ceux de la Russie et de la Chine – sans parler d’autres petites dictatures exotiques.

C’est une situation qui est familière pour nous, français qui pratiquons la « méthode Macron » depuis bientôt 8 ans. Il ne s’agit pas simplement de dire que le Président français manie le verbe avec l’art consommé de faire croire à ses interlocuteurs à la bénignité de ses propos ; car il y a un « quelque chose » de plus qui se passe. Devant Emmanuel Macron, les hostilités se résorbent, les velléités hostiles se dégonflent, les oppositions se dégrippent. 

- Mais voilà : sorti de l’entrevue, les propos reviennent à leur ancienne position - l’effet Macron ne fonctionne qu'avec sa présence. 

Du coup vient l’idée que l'efficacité de son art joue avec l’expression de son visage, son parfum ( ???) – que sais-je ? Tout cela participe de l’effet-Macron.

 


Que pensez-vous de cette comparaison ? Sans la musique du charmeur je n’ai jamais entendu dire que les serpents qui dodelinent de la tête et du corps au son de la flute deviennent ensuite de gentils animaux de compagnie.

Le charme existe mais son effet ne dure que ce que dure l’action du charmeur.

lundi 24 février 2025

Les méchants peuvent-ils être heureux ? – Chronique du 25 février

Bonjour-bonjour

 

Je vais vous parler aujourd’hui de l’affaire Joël Lescouarnec, ce chirurgien qui passe en jugement ces jours-ci pour avoir agressé sexuellement 299 personnes endormies lors de ses interventions.

Cet évènement soulève deux problèmes : 

* L’un sur lequel je reviendrai un jour : certaines de ces victimes n’avaient aucune conscience de ces attouchements subis alors qu’elles étaient encore sous l’effet de l’anesthésie.

Au cours de l’instruction, la police a mis sous leurs yeux les descriptions de ces gestes criminels, écrites par le chirurgien lui-même et qui les concernaient personnellement. Depuis elles vont mal, de plus en plus mal. On évoque des symptômes inexpliqués antérieurs à la découverte qui n’ont fait que s’aggraver avec l’instruction du procès. Il s'agit du processus bien connu d'anamnèse. Mais on se demande si la justice punitive doit se faire à ce prix.

* D’autre part, la police a découvert dans le « journal du violeur » de Joël Lescouarnec, outre la description minutieuse de ses victimes et des sévices qu’il leur a infligées, quelques remarques plus personnelles, dont celle-ci « Tout en fumant ma cigarette du matin, j'ai réfléchi au fait que je suis un grand pervers. Je suis à la fois exhibitionniste [...] voyeur, sadique, masochiste, scatologique, fétichiste [...], pédophile. Et j'en suis très heureux. » (voir ici)

- La philosophe retrouve alors l’une des plus vieilles questions de la morale : « Y a-t-il un bonheur possible pour les méchants ? » Une réponse positive, bien que raccord avec l’histoire véridique de certains tortionnaires morts tranquilles très vieux après avoir joui de leur crimes durant une longue vie, a fait tellement scandale qu’on a imaginé une éternité de souffrances subies dans la géhenne de Lucifer. Il fallait absolument que la justice passe, si ce n’est dans ce monde, alors que ce soit dans l’outre-tombe.



Reste que tout cela ne résout pas la question : peut-on être heureux en infligeant à autrui le malheur ? Le bonheur est-il donc une récompense ? N’est-elle accordée qu’aux justes ?

A titre de documentation je conseille ces deux ouvrages de Sade : Juliette et les prospérités du vice ; et puis Justine et les infortunes de la vertu.

dimanche 23 février 2025

2025 : un emprunt national pour financer l’armée – Chronique du 24 février

Bonjour-bonjour

 

On le devine, les milliards qu’il va falloir injecter dans nos armées pour contribuer à la création d’une défense européenne devront être ponctionnés sur les autres budgets de la nation : pas question de venir s’endetter encore plus sur les marchés. Quant à créer un impôt spécial armée européenne, on n’y pense même pas : ce serait l’émeute.

D’où l’idée de faire un emprunt d’État faisant appel à l’épargne des français ; après tout on sait qu’elle est bien alimentée, et qu’elle ne sert pas à grand-chose, sauf à sécuriser l’avenir : en prêter un peu pour l’armée, n’est-ce pas aussi une façon de nous sécuriser ?

 

- Jeudi 20 février, dans ses réponses sur les réseaux sociaux, Emmanuel Macron a évoqué la possibilité de recourir à l'emprunt pour financer les dépenses militaires, à l'échelle nationale comme à l'échelle européenne. 

« Si l'hypothèse était vérifiée, ce ne serait évidemment pas la première fois que la France aurait recours à cette solution. Ce fut déjà le cas à l'époque révolutionnaire, en 1793, pour financer l'effort de guerre d'une nation déclarée en danger, mais le conflit où la France a recouru le plus massivement à cette arme fut la Première Guerre mondiale, à partir de 1914, à un moment où l'impôt sur le revenu, voté sur le principe en 1913, n'avait pas été mis encore en pratique. » (Lire ici)

 

L’hypothèse est séduisante, car outre le fait de nous doter d’une défense digne de ce nom et susceptible de nous faire respecter, on aurait aussi l’occasion de réanimer notre patriotisme par l’évocation de la France de la Grande Guerre.

D’ailleurs, les affiches destinées à faire la publicité de l’emprunt national sont déjà prêtes : il n’y aura qu’à reprendre celles de 1914 – telle celle-ci :

 

 


Une affiche sobre, lisible, pleine de dynamisme : que demander de plus ? Il n’y aurait qu’à revoir l’équipement du poilu, et le tour serait joué.

samedi 22 février 2025

Summum jus, summa injuria – Chronique du 23 février

 Summum jus, summa injuria = Quand on veut appliquer le droit de façon trop stricte, on commet la plus grande des injustices.

 

Bonjour-bonjour

 

Le classement sans suite pour "absence d'infractions", de la plainte pour harcèlement moral et abus de faiblesse visant Julien Bayou, suivi des « excuses » du parti Écologiste pose s’il en était besoin la question des réactions hostiles provoquées un peu partout par les dénonciations pas nécessairement étayées à l’encontre d’hommes accusés d’attitudes sexuellement agressives à l’égard des femmes.

On lira ici le déroulé de cette affaire qui a entrainé en septembre 2022 la mise en retrait de Julien Bayou, alors qu’il était patron du parti écologiste et coprésident du groupe à l'Assemblée. Ce qui importe c’est que le Parti « Les Écologistes » a publiquement déploré les « souffrances » et les « conséquences négatives » que cette affaire a provoquées chez l’ancien patron du parti – lequel accuse la direction actuelle de « médiocrité » et de « lâcheté ».

« Nous regrettons l’impact qu’[elle] a eu sur notre mouvement, autant critiqué d’en faire trop que pas assez, et sur l’ensemble de ses militants et militantes », ajoute le parti, précisant qu’il va engager un débat interne sur « les enseignements à en tirer ».

 

Reste que ce cas pose de façon lumineuse la question des dégâts causés par la condamnation, avant toute investigation, d’hommes sur la simple plainte de femmes. Ce cas est celui d’une justice qui se veut immédiate et sans appel – une justice où la simple autodésignation comme victime vaut preuve. « Il faut écouter la parole des femmes, elles ont été trop longtemps privées de toute attention » peut-on entendre. Oui, bien sûr. Mais après avoir recueilli la plainte, il faut vérifier les faits. À la différence de la justice de l’ancien régime qui se contentait des aveux arrachés sous la torture pour la preuve du délit, nous nous refusons à condamner sur simple aveu : il faut des faits.

Plus encore : derrière ces évènements nous retrouvons la présence de la justice populaire, dont l’unanimité de l’indignation suffit pour rendre son verdict.

Il s’agit de faire passer la justice là où autrefois elle ne passait pas. Mais prenons garde : depuis les romains on sait que « Summum jus, summa injuria »

vendredi 21 février 2025

Les intouchables – Chronique du 22 février

Bonjour-bonjour

 

L’affaire du Collège de Betharram est exemplaire pour montrer les mécanismes de l’immunité accordée par la société à des criminels connus comme tels par tous. On ne cesse en effet d’exhumer les plaintes portées par les victimes à l’encontre des enseignants de cette institution catholique, classées sans suite régulièrement durant plus de 50 ans, jusqu’à ce qu’elles permettent aujourd’hui de mettre en cause l’actuel Premier ministre, ce qui en dit assez long sur l’indifférence actuelle à l’égard de la justice comme déclencheur de l’affaire.

Admettons que seules les violences sur les enfants aient été connues – et non les abus sexuels. Reste que certaines des claques administrées à ces enfants leur ont crevé le tympan, fait forcément connu de tous les proches, et cela n’a ému personne. Il est vrai qu’à l’époque, les taloches pleuvaient sur les petits et que les bonnes gens considéraient habituellement cela comme la seule façon d’enseigner les bonnes manière à certains enfants récalcitrant

 


Publié par Mediapart

 

Mais quand même : les victimes ont été assez nombreuses pour qu’on sache ce qui se passait non seulement dans les classes mais aussi dans les dortoirs : pourtant, rien ne s’est passé. Mais on ne s’en étonnera pas : il existe assez couramment une immunité qui recouvre ces actes répréhensibles commis par certains. On l’a observé récemment avec l’Abbé Pierre, mais aussi avec l’Église en général.


La notoriété impose le silence, en faisant passer au second plan la justice qu’on doit aux victimes. C’est tellement courant qu’on a même inventé une expression pour signifier cela : ont dit que ces gens ont « la carte », entendez qu’ils sont intouchables. Le Journal de Montréal nous explique que cette expression a servi initialement à désigner des réalisateurs de cinéma qui peuvent se permettre de faire n’importe quel film : ils seront toujours applaudis par la critique.

On voit que cette expression a fait tache d’huile.

jeudi 20 février 2025

Peut-on imaginer une science sans passion ? – Chronique du 21 février

Bonjour-bonjour

 

Peut-on imaginer une science sans passion ? C’est avec cette interrogation que l’auteur de cet article interpelle ses confrères : ne serait-il pas plus objectif de restaurer le climat subjectif de la recherche, ses élans, ses frustrations, ses échanges amicaux ou non avec les sujets observés et décrits dans l’anthropologie et la sociologie ?

Nous avons là une réflexion qui retrouve les soucis rencontrés par les historiens : faire en sorte de laisser apparent dans l’exposé des recherches le moment où elle a été effectuée afin de délimiter l’influence éventuelle de l'époque où l'étude a été effectuée.

Il est vrai que l’article cité biaise un peu la question : il s’agit pour lui de montrer qu’il ne faut surtout pas chasser les émotions du moment de la recherche parce que c’est elle qui va en faciliter l’avancée : la raison en est que la discipline évoquée est celle de l’ethnographie qui repose sur les révélations obtenues de la part des personnes qui figurent précisément dans l’objet de l’étude. Le contact familier, voire amical avec cette source est essentiel.

Mais si on l’intègre dans la description de l’étude, c’est aussi qu'on cherche à rétablir la condition même de l’exercice de la science expérimentale dont la démarche reste le modèle de toute autre science rigoureuse – à savoir que le lecteur soit en mesure de réeffectuer la totalité de l’observation. Savoir dans quelle condition l’étude a été réalisée ne l’empêche nullement d’être valable.

Penser le contraire c’est imaginer comme en URSS du temps de Staline que le fait pour le savant d’être juif ou payé par l’industrie capitaliste est suffisant pour en dévaloriser le résultat. 

C’est cette passion-là qui est contraire à la science pas celle qui anime le chercheur.

mercredi 19 février 2025

Renversant ! – Chronique du 20 février

Bonjour-bonjour

 

Les récentes déclarations de Donald Trump sur l’Ukraine et plus particulièrement sur Volodymyr Zelenski, assimilant en totalité les propos de Poutine sur la responsabilité de l’Ukraine dans la guerre et l’illégitimité de son Président, ont littéralement sidéré les occidentaux. Comment un chef d’État peut-il renverser les alliances internationales, sans négociations, sans autre raison que sa fantaisie ? Mais le pire est à venir : c’est l’acceptation qu'on imagine probable par le peuple des Etats-Unis d’Amérique de cette nouvelle donne, et surtout sa satisfaction apparente devant les foucades du chef d’État nouvellement et confortablement élu.

 

Car même ceux que le sort de l’Ukraine indiffère, doivent reconnaitre que la modalité de fonctionnement du gouvernement des Etats-Unis semble aujourd’hui s’apparenter plutôt à ce qu’on appelait autrefois le despotisme qu'à de la démocratie. 

Pour éclairer ce propos, il est bon de remonter quelques siècles en arrière lors de la publication de l’Esprit des lois, par Montesquieu. Pour synthétiser le propos de Montesquieu, lisons ceci : « Si les principes de la monarchie et de la république sont respectivement l’honneur et la vertu, celui du despotisme est la crainte, celle que ressentent les sujets à l’égard de leur despote qui, comme le veut la nature de ce régime politique, gouverne de manière monocratique, « sans loi et sans règle », entraînant « tout par sa volonté et par ses caprices » (Esprit des lois, Livre 2, ch. 1)

Cette citation de Montesquieu suppose que c’est la crainte et non l’assentiment qui gouverne l’adhésion populaire : on voit que la situation est aujourd’hui plus grave encore que celle qu’avait imaginée Montesquieu. Mais en même temps, cela ne suffit pas pour faire de la méthode Trump un avatar de la démocratie, puisque les lois du pays sont désormais issues de ses caprices et non d’une volonté populaire.

mardi 18 février 2025

L’avenir appartient au « monobloc » – Chronique du 19 février

Bonjour-bonjour

 

- Dites, monsieur Xi, pourquoi vos voitures électriques sont-elles si peu chères ? 

Pour le savoir, des experts américains ont démonté des voitures électriques chinoises ainsi que des Tesla, pour tenter de comprendre comment ils arrivent à vendre à des tarifs aussi serrés. 

Cette étude de Caresoft, met en avant par exemple la différence de fixation du ciel de toit : quand un constructeur américain favorise des aimants à un dollar pièce, les constructeurs chinois utilisent une simple bande adhésive coûtant seulement un centime. Rien que sur ce poste bien précis, le coût de production est divisé par 100 !

Et encore ? On lira dans le même article d’autres explications, mais on le voit déjà : il n’y a aucun mystère – les constructeurs chinois utilisent les mêmes recettes que leurs concurrents européens ou américains, qui d’ailleurs les mettent en œuvre depuis des décennies.

Qu’on soit chinois, américain ou européen, la recette est la même : simplifier le processus de production, même si la qualité s’en ressent. Après, c’est le consommateur qui décide s’il achète ou pas.

 

- Que nous promet l’avenir ? On s’attend à ce que bientôt les nouvelles voitures soient entièrement réalisées grâce à des imprimantes 3D, et la « méthode Tesla » qui consiste à fabriquer directement avec des pièces monoblocs ce qui précédemment nécessitait l’assemblage de plusieurs éléments montre la bonne direction. On sait que des maisons sont déjà réalisées selon cette méthode, et on pourrait en conclure que l’avenir appartient au monobloc.

… Ne pourrait-on en trouver la preuve dans le domaine de la pensée ? On s’étonne de la robustesse des idées « trumpiennes » qui résistent malgré leur folie à la démonstration de leur fausseté. C’est que les boutades du Président sont des affirmations d’opinions sans aucune argumentation, comme si leur énonciation suffisait à les valider. Plus aucune connexion, pas de démonstration avec des faits mis bout à bout et articulés dans les quels on pourrait glisser le levier d’une contre-argumentation. C’est énoncé d’un bloc, ça pourra se refuser, mais pas se réfuter.

C’est la fin de l’art de la réfutation : Aristote va se retourner dans sa tombe.

lundi 17 février 2025

Bravo les hommes ! – Chronique du 18 février

Bonjour-bonjour

 

Voici l’info du jour, livrée avec le café crème du petit matin : selon le récent article publié dans Foreign Affairs par l’économiste américain Nicholas Eberstadt, « Pour la première fois depuis la peste noire dans les années 1300, la population mondiale va diminuer. » 

- On sait, oui. Mais poursuivons : « Là où la dépopulation observée il y a sept siècles a été causée par une maladie mortelle transmise par les puces, celle qui s’annonce sera entièrement due aux choix des individus ».

C’est comme pour le climat : tous responsables mais incapables de faire ce qu’il faudrait, c’est-à-dire suicider l’espèce ? Adieu monde cruel… 

L'article conclut alors sur une note malgré tout optimiste : « une société vieillissante et de moins en moins nombreuse peut maintenir et améliorer sa prospérité. » – A condition bien sûr de réagir à temps et de prendre les bonnes décisions…


- Ainsi, devenus décideurs, les humains s’empressent de ruiner l’espèce humaine et de détruire leur milieu naturel : bravo les hommes ! Voilà votre mortifère liberté récompensée pour son arrogance ! Ce n’est pourtant pas faute d’avoir été prévenus : tous les grands mythes fondateurs l’ont montré : laissés libres d’agir les humains ont troublé l’ordre voulu par les dieux et ont entrainé la destruction punitive de l’humanité – et même quand les femmes s’en sont mêlées (comme Pandora) le malheur a été le fruit de cette liberté.

Pourtant, comme on vient de le dire, à condition de revenir à la raison, même notre société vieillissante et de moins en moins nombreuse pourrait être sauvée.

Éh bien alors, qu’attendons-nous ? On le devine, c’est comme pour le climat : il faudrait faire aujourd’hui des sacrifices pour le bénéfice des générations de demain.

- Quoi ? Être la génération sacrifiée ? Sacrifier le temps court au bénéfice du temps long ? Voilà ce à quoi nous nous refusons de toute notre énergie.

... On devine la fin.

dimanche 16 février 2025

Qui a été le premier : l’œuf ou la poule ? – Chronique du 17 février

Bonjour-bonjour

 

La question de savoir qui de l’œuf ou de la poule est apparu en premier intrigue philosophes et scientifiques

 


Or voici ce qu’on peut lire ce matin dans Science et vie, la revue en ligne : « Selon le communiqué de presse de l’Université de Genève, “les outils génétiques pour créer des œufs étaient présents bien avant que la nature n'invente les poules”. »


- C’était dans les mers d’il y a un milliard d’années ; à cette époque ni les poules, ni leurs œufs n’existaient. Par contre on rencontrait un microbe marin dont le cycle de reproduction apporte des indices sur les origines de la vie multicellulaire et l’apparition des œufs.

Selon la revue Nature cet organisme présente un comportement de division cellulaire unique. « Une fois sa taille maximale atteinte, Chromosphaera perkinsii (c’est le nom de cette petite bête) ne continue pas de croître, mais se divise en plusieurs cellules distinctes, formant temporairement une colonie multicellulaire. Ce processus, appelé division palintomique, ressemble aux premières étapes de développement embryonnaire observées chez les animaux modernes. »

Cette découverte indique que les mécanismes génétiques nécessaires à la formation d'œufs existaient avant même l'apparition des premiers animaux. Selon le communiqué de presse de l’Université de Genève, “les outils génétiques pour créer des œufs étaient présents bien avant que la nature n'invente les poules”

Et voilà : notre erreur n’a pas seulement été de croire bêtement que la cause de l’œuf devait nécessairement être une poule ; elle a été aussi de croire que l’œuf ne pouvait exister que pour fabriquer une poule ; or comme on le voit, l’œuf a d’abord tiré de lui-même sa justification ; il s’est auto-développé au-delà de sa nature unicellulaire, mais sans s’orienter vers la création d’un organisme nouveau. L’œuf grandit en devenant non pas une poule, mais un super-œuf.

 

- C’est la mise à mal du finalisme qui explique la Nature comme étant destinée à engendrer l’espèce humaine. C’en est fini du « principe anthropique ».

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N.B. « Le principe anthropique fort postule que les paramètres fondamentaux dont l'Univers dépend sont réglés pour que celui-ci permette la naissance et le développement d’observateurs en son sein à un certain stade de son développement. » Lu ici