A Bayonne, une entreprise de tri des
déchets teste, pour quelques heures, la permutation de ses effectifs. Une
manière de démystifier et de valoriser le travail des autres. En temps normal,
Joëlle est comptable. Mais jeudi matin, elle est venue prendre la place à la
chaine de tri de Virginie, laquelle avait passé une demi-journée dans le
fauteuil de Joëlle, il y a quelques jours. Il s’agit de participer à
l’opération «Vis mon travail», proposée par l’Association régionale pour
l’amélioration des conditions de travail (Aract). Le but de ce grand troc ?
Donner «l’occasion aux collaborateurs d’une entreprise de mieux connaître la
réalité du travail de leurs collègues». (Voir ici)
Conclusion ?
Aucune frustration : Salariée du syndicat depuis quatorze ans, la
comptable n’a envisagé aucune autre fonction dans l’entreprise. «Les agents de tri, on ne les voit jamais. Je
voulais partager leur quotidien. Je savais que c’était dur. Maintenant je le
sens physiquement : j’ai mal aux jambes !». Quant à Virginie elle
affirme : « J’aime bien les
chiffres pourtant, mais là, il y en a vraiment trop. Et puis je ne veux pas
rester assise tout le temps.»
Bien, sûr le
but a été atteint : savoir qu’on est bien dans son poste en constatant
qu’on est mal dans celui les autres. Comme ça, plus de réclamations : si
on est mal à son boulot on peut toujours se dire que c’est pire ailleurs.
Mais on pourrait
peut-être commencer par contester la méthode ; car prétendre comme on le
fait ici permuter les postes (c’est à dire changer radicalement de
travail) :) est un peu illusoire. Si à la déchetterie on peut faire
semblant de croire que Joëlle puisse céder son bureau à Virginie et se mette à
sa place à la chaine de tri, en revanche il vaut mieux éviter que le conducteur
du bus cède son volant au contrôleur et prenne sa casquette. Et c’est
d’ailleurs partout le cas : tout travail exige un apprentissage (on dit
aujourd’hui : une formation) en-dehors du quel on ne peut pas exercer de
façon professionnelle. D’ailleurs, c’est absolument inutile : sur chaque
travail on a déjà au moins deux points de vue : celui du travailleur et
celui de l’usager. Et les seconds ont une révélation bien complète du labeur
des premiers lorsqu’ils font grève, parce qu’alors nul besoin de savoir ce que
ça fait de travailler comme ils le font – il suffit de savoir ce que ça fait
quand ils ne le font plus. Comme quand les conducteurs de trains restent 2 fois
par semaine dans leur lit au lieu d’aller s’asseoir dans leur motrice.
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