mardi 12 juin 2018

VÉLIB' : SMOVENGO LICENCIE LES GRÉVISTES

On peut légitimement se demander si le conflit a pris la mesure du sérieux puisque les avocats des grévistes licenciés se bornent à déclarer : « Ils ont été licenciés pour faute grave alors que des grévistes ne peuvent être licenciés que pour faute lourde» Voilà des arguties qui ne semblent pas être à la hauteur du conflit : il s’agit du travail des employés qui sans lui sont sur la paille ; mais il s’agit aussi de la mise en place d’un service public qui après avoir fonctionné sans difficultés majeures pendant 10 ans est encalminé depuis 6 mois.
En effet, depuis janvier la firme Smovengo en charge des vélibs’ parisien est toujours incapable d’offrir le service attendu et qui doit aussi batailler contre les employés repris de JCDecaux (précédent exploitant des vélib’) où ils faisaient le travail depuis 10 ans. « En nous licenciant, il (= Smovengo) se prive des salariés les plus à même de l'aider à sortir du pétrin car nous avons, pour beaucoup d'entre nous, dix ans d'expérience du Vélib. »
Oui, c’est ce qu’on appelle « se tirer une balle dans le pied ». Mais on peut aussi se dire que c’est là une grève d’un autre âge, où les patrons sont  conflit avec leurs employés grévistes en leur envoyant la troupe. Aujourd’hui, une grève n’est plus qu’une affaire d’argent : celui qui arrive le premier à épuisement de ses ressources abandonne et voilà tout. Raison pour la quelle parait bien irrationnelle la décision de Smovengo qui, en licenciant les  anciens employés, devrait savoir qu’il ne pourra pas les remplacer sans financer une période de formation fort onéreuse.

D’ailleurs grève ou pas, l’emploi est toujours une affaire de marché : je te licencie, parce que je peux te remplacer avantageusement ; je te garde parce que je ne trouverai pas sur le marché quelqu’un comme toi,  qui connaît déjà le travail et qui est déjà opérationnel ; j’augmente ton salaire parce que la concurrence est prête à t’embaucher pour un salaire plus élevé.

--> Aucune violence ici ; du moins pas d’autre violence que celle de l’offre et de la demande. Ce n’est pas une opération de police ou de justice qui va changer cette donne-là.

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