On peut
légitimement se demander si le conflit a pris la mesure du sérieux puisque les
avocats des grévistes licenciés se bornent à déclarer : « Ils ont été licenciés pour faute grave
alors que des grévistes ne peuvent être licenciés que pour faute lourde. »
Voilà des arguties qui ne semblent pas être à la hauteur du conflit : il
s’agit du travail des employés qui sans lui sont sur la paille ; mais il
s’agit aussi de la mise en place d’un service public qui après avoir fonctionné
sans difficultés majeures pendant 10 ans est encalminé depuis 6 mois.
En effet, depuis
janvier la firme Smovengo en charge des vélibs’ parisien est toujours incapable
d’offrir le service attendu et qui doit aussi batailler contre les employés
repris de JCDecaux (précédent exploitant des vélib’) où ils faisaient le
travail depuis 10 ans. « En nous
licenciant, il (= Smovengo) se prive des salariés les plus à même de l'aider à
sortir du pétrin car nous avons, pour beaucoup d'entre nous, dix ans
d'expérience du Vélib. »
Oui, c’est ce
qu’on appelle « se tirer une balle dans le pied ». Mais on peut aussi
se dire que c’est là une grève d’un autre âge, où les patrons sont conflit avec
leurs employés grévistes en leur envoyant la troupe. Aujourd’hui, une grève n’est
plus qu’une affaire d’argent : celui qui arrive le premier à épuisement de
ses ressources abandonne et voilà tout. Raison pour la quelle parait bien
irrationnelle la décision de Smovengo qui, en licenciant les anciens employés, devrait savoir qu’il ne
pourra pas les remplacer sans financer une période de formation fort onéreuse.
D’ailleurs
grève ou pas, l’emploi est toujours une affaire de marché : je te
licencie, parce que je peux te remplacer avantageusement ; je te garde
parce que je ne trouverai pas sur le marché quelqu’un comme toi, qui connaît déjà le travail et qui est déjà
opérationnel ; j’augmente ton salaire parce que la concurrence est prête
à t’embaucher pour un salaire plus élevé.
--> Aucune
violence ici ; du moins pas d’autre violence que celle de l’offre et de la
demande. Ce n’est pas une opération de police ou de justice qui va changer cette donne-là.
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