« L’idée c’est … de considérer qu’il faut baisser le
niveau de prélèvements obligatoires en France. Je pense que ce serait assez
sain », a souligné Edouard Philippe
« Souvent, je vois des interlocuteurs du débat public
formuler des idées de dépenses nouvelles mais formuler assez peu d’idées
d’économies nouvelles », a regretté le Premier ministre. Il a ajouté que « tout
le monde souhaite que la dépense publique qui le concerne puisse d’une façon ou
d’une autre augmenter », voyant dans cet état de fait « une certaine forme à la
fois de facilité et de contradiction ». Lire ici.
Essayons d’y voir plus clair : en quoi consiste la
contradiction dont on parle ici ?
Alors que le premier ministre pointe une contradiction dans
la gestion des finances du pays, à savoir : faire plus de dépenses avec
moins de recettes, on trouve sous la plume de Montesquieu une autre
contradiction : prétendre à être une démocratie sans vouloir en même temps
l’application du principe de toute démocratie, la vertu politique, qu’il
définit ainsi :
« On peut définir
cette vertu, l’amour des lois et de la patrie. Cet amour, demandant une
préférence continuelle de l’intérêt public au sien propre, donne toutes les
vertus particulières ; elles ne sont que cette préférence. »
Montesquieu – Esprit des lois, livre 4, chapitre 5
Montesquieu énonce le principe qu’il faut reconnaitre que
l’intérêt général l’emporte sur l’intérêt personnel, sans le quel aucune démocratie ne peut subsister – et
ça va bien au-delà des avantages matériels dont chacun souhaite bénéficier.
Autrement dit, supprimer la retraite des vieux qui ont trimé toute leur vie
serait peut-être avantageux pour les finances du pays, mais en contradiction
avec le bien commun qui est de sauvegarder la vie humaine autant que possible.
En revanche, le même retraité peut accepter d’être surtaxé si ses conditions
d’existences n’en sont pas drastiquement affectées et sous réserve que cela
soit reversé aux travailleurs qui contribuent à la richesse nationale (1).
Maintenant écoutons les revendications des gilets
jaunes : entendons-nous revendiquer l’application du principe de
Montesquieu ? Oui, quand ils demandent que le travail soit rétribué à son
juste prix. Non quand il s’agit d’obtenir des prestations qui ruineraient le
pays.
On voit de quel côté se trouve la démocratie.
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(1) On aura reconnu la justification apportée par le
Président à l’augmentation de la CSG qui frappe les retraités et contre la
quelle ils sont unanimement mobilisés.
yes
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