samedi 9 mars 2019

TEMPÊTE AUTOUR DU JEU VIDÉO DANS LEQUEL ON INCARNE UN VIOLEUR

La plateforme de jeux vidéo Steam ne distribuera pas Rape Day (le «jour du viol» en français), qui permet de se mettre dans la peau d'un violeur, après une levée de boucliers contre ce jeu. « Contrôlez les choix d'un tueur et violeur en série qui rôde pendant une apocalypse zombie » : tel était le descriptif du jeu, visible sur Steam ; «Harcelez verbalement, tuez et violez des femmes pour progresser dans l'histoire ». (Lire ici)
- Voyez cette image prise dans la présentation de ce jeu




Rape day, jeu vidéo (capture d’écran)

La plateforme Steam qui avait l'an dernier déjà dû retirer un jeu controversé, Active Shooter, qui mettait en scène une fusillade dans une école, n’en est donc pas à son coup d’essai. L’histoire ne dit pas quels sont les jeux qui sont « passés » tout de même, mais on imagine qu’ils ne faisaient pas non plus dans la dentelle. Et donc la question qui vient à l’esprit est la suivante : étant donné que les concepteurs de jeux ne s’amusent pas à en inventer uniquement pour les mettre à la poubelle, on se demande « Comment se fait-il qu’il y ait une véritable clientèle pour incarner ces violences ? »
Réfléchissons.
- Voilà que nous sommes dimanche matin : c’est le moment idéal pour trainer sur le canapé du salon en t-shirt-caleçon (ou en nuisette ?) et pour s’emparer de son écran habituel en se disant : « Ce matin je vais me rendre à l’école pour massacrer des enfants ; ensuite je vais partir dans le quartier pour violer des femmes (ou châtrer des hommes). Et puis après je prends mon fusil d’assaut pour débarrasser la ville des zombies qui l’envahissent »
Oui, n’est-ce pas, c’est bien comme cela ? Je veux dire que comme le soutenait Aristote ou Descartes, la fiction a pour rôle de nous débarrasser de nos passions criminelles en nous permettant de les vivre et donc d’en jouir de façon imaginaire ? (1) D’accord… Mais on croyait que les sites pornos faisaient déjà le boulot en débarrassant les messieurs de leur surplus d’ardeur virile?
Mais justement ces jeux de baston-super-violents nous font voir qu’outre les pulsions sexuelles, les hommes – et peut-être aussi les femmes – ont des envies de viol, de massacres et de tortures bien dégoutantes. (2)
Obligation nous est faite donc d’admettre que, si nous avons des cochonneries dans le corps, nous en avons aussi dans l’âme.
Bon dimanche à tou.te.s
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(1) Voir Descartes : « Au théâtre " les histoires tristes et lamentables donnent souvent autant de récréation que les gaies, bien qu'elles tirent des larmes de nos yeux ". Cette tristesse qui nous prend au théâtre est comme le " chatouillement de l'âme " » (Descartes,  Traité des passions, article 94). « Au théâtre, sachant que rien n'est vrai, le spectateur peut vivre, par procuration, l'exubérance des passions, tout en préservant une part de maîtrise puisqu'il n'est pas réellement impliqué. » précise l’auteur de cet article (voir ici)
(2) Les dames qui ne sont pas d’accord peuvent le faire savoir ici même.

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