« Si le
match s’est soldé par un résultat nul 2 à 2, la police rémoise l’a emporté 6 à
0 contre les supporters picards.
En marge du
match Reims-Amiens, samedi soir au stade Delaune, les policiers ont interpellé
six supporters picards, pour des dégradations diverses, des faits de violence,
des jets de projectiles ou de fumigènes ». Article du journal l’Union à
lire ici.
o-o-o
Reims-Amiens :
2-2
Police-supporters :
6-0
On aura
reconnu le style de titres de presse, usités depuis que le journal Libération
est dans les kiosques, et fréquemment utilisé par exemple par le journal
« l’Equipe ». De fait, on se demande pourquoi ce genre de titres a eu
un tel succès, qui destitue le journal de son aspect sérieux, fait croire que
ses colonnes sont consacrées à de « la blague » ? (1) S’agit-il
d’inviter à lire l’article ainsi présenté comme n’étant pas ennuyeux ? Ou
bien est-ce un moyen de donner de l’importance au titre, qu’on saute souvent ou
qu’on lit distraitement, comme s’il n’apportait aucune information ? Ou
encore de dire des choses graves sans avoir l’air de les dire, dans le style de
la chanson « Tout va très bien, madame la marquise » ? (2)
Oui, c’est un
peu tout ça, le lecteur choisissant l’une ou l’autre de ces interprétations
selon son humeur du moment.
Mais surtout
il reste qu’on sait que ça peut être important, même si ça n’a pas l’air
sérieux.
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(1) On
rappelle cette définition de « la blague » par les frères
Goncourt : « Ce qui tuera
l'ancienne société, ce ne sera ni la philosophie, ni la science. Elle ne périra
pas par les grandes et nobles attaques de la pensée, mais tout bonnement par le
bas poison, le sublimé corrosif de l'esprit français : la blague ». Edmond
et Jules de Goncourt – Journal 30 juin 1868. Et ce commentaire de Robert Kopp
(dans la préface de l’édition complète du Journal chez Laffont-Bouquins) : « [Pour les Goncourt, la blague] c’est
l’irrespect généralisé qui se moque de tout ce qui est grand, héroïque, sacré.
C’est l’esprit des démocraties modernes qui n’aspirent qu’à la médiocrité.
». C’était il y a 150 ans et on le voit : c’est la blague qui a gagné.
(2) Pour
mémoire, la marquise de la chanson va progressivement apprendre que son château
a brûlé, que le marquis apprenant qu’il était ruiné y a mis le feu et s’est
immolé dedans. Lire ici
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