mardi 25 avril 2023

Porte close et chaise vide – Chronique du 26 avril

Bonjour-bonjour

 

Hier, c’était le Président qui refusait de recevoir les syndicats en pleine crise des retraites ; aujourd’hui c’est le « Collectif Handicaps » qui ne participera pas à la Conférence national du handicap. La porte close du Président signalait que le temps de la concertation était selon lui passé ; aujourd’hui, c’est le « manque apparent d'ambitions » qui est fustigé. (Lu ici)

 

S’il fallait un signe de la crise que traverse la démocratie française, on l’aurait facilement identifié ici. Cette crise s’appelle absence de dialogue, source et sève de la vie démocratique.

Car même si les révolutionnaires de 89 ne l’ont pas mis en avant, c’est bien le débat entre citoyens qui peut seul faire surgir le projet démocratique – du moins celui qui peut être accepté et suivi par un peuple tout entier. 

--> Que signifie dialoguer ? Se parler ? Rechercher un terrain d’entente ? Trouver un compromis ? – Certes oui, dans la mesure où en démocratie, comme il est impossible que tout le monde ait le même projet, il faut au moins que chacun reconnaisse dans le peuple un tout dont il est inséparable. 

- Mais comment accepter de dire : « Je ne suis pas d’accord avec toi, mais je veux d’emblée que, si tu as la majorité, chacun et moi-même exécute tes plans. » sans un fonds commun, quelque chose qui nous rapproche pardessus les désaccords, et qui forme une unanimité fondamentale. Rousseau le disait bien : même si la démocratie ne peut satisfaire qu’une partie de la nation, il faut que tous aient au paravent souscrits l’engagement de se soumettre à la volonté de la majorité.

- Bref, il faut un fonds commun, pour que la démocratie soit autre chose qu’un combat entre démagogues et influenceurs.

Or, ce refus de dialogue montre bien qu’un tel fonds n’existe pas : on ne négocie pas aujourd’hui avec des partenaires, mais avec des adversaires dont on veut s’assurer qu’ils sont bien affaiblis pour que l’issue de l'entretien soit favorables à ceux qui l'acceptent. On ne se cause plus pour savoir comment « faire projet commun », mais pour s’assurer qu’on est bien le plus fort. 

 

Ceux qui refusent de dialoguer affirment que les dés sont pipés parce que la volonté de s’entendre n’existe pas. Ils peuvent peuvent avoir objectivement raison – Mais ce disant ils montrent encore une fois que le « dialogue » ne consiste plus dans la rencontre entre partenaires qui cherchent, sur une base commune, à trouver des projets compatibles, mais bien qu’il s’agit d’un rapport de force qu’on refuse parce qu'on y est désavantagé.

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