samedi 29 avril 2023

Les mythes ont la peau dure – Chronique du 30 avril

Bonjour-bonjour

 

La science n’a pas remplacé la mythologie : ainsi de l’archéologie dont les progrès scientifiques (datation et études comparées) n’ont pu faire oublier les récits fantastiques de la mythologie « romantique » (1). On en veut pour preuve la déclaration du rappeur français « Maitre Gims » reprenant à son compte une théorie selon laquelle les pyramides auraient en réalité été des centrales électriques. (Lire cet article)

On le voit : le mythe se porte très bien malgré les progrès scientifiques et les positivistes adeptes des trois états de l’humanité en sont pour leur frais (2) : la société continue de mettre en compétition ces trois visions de l’histoire humaine, et rien ne dit que la science l’emporte sur ses adversaires. L’auteur de notre article s’évertue à dire que tant qu’à dire des sottises, Maitre Gims aurait pu en trouver de beaucoup plus astucieuses à rapporter. Mais ça ne fait rien : qu’importe le caractère grossier des propos : ce qui compte ce ne sont pas eux mais la notoriété de celui qui les rapporte.

 

Parmi les mythes véhiculés par l’archéologie fantastique, il en est un qui revient souvent : celui des extraterrestres venus coloniser notre planète et dont la trace nous est conservée justement par ces monuments extraordinaires venus d’un passé obscur. On pense aux pyramides, mais aussi aux statues de l’ile de Pâques dont l’étrange chapeau serait en réalité une antenne permettant de capter les messages venus d’une lointaine étoile (3)

- On l’a longtemps dit : Auguste Comte imaginait que la science allait remplacer et éradiquer le mythe et la religion. Il suffit de regarder autour de nous - et les fake news archéologiques en sont le parfait exemple - pour voir que le mythe se porte très bien malgré la science.

Voyons pourquoi, d'abord avec l'exemple déjà cité de Maitre Gims : sa naïveté n’a pas entamé sa notoriété ; d’ailleurs n’a-t-il pas fait des recherches allant jusqu’à retrouver les théories de Tesla ? (Il s’agit bien entendu de l’ingénieur américain contemporain de Thomas Edison). Mais l’essentiel n’est pas là :  ce qui compte c’est ce désir de croire à des histoires merveilleuses qui nous racontent notre origine de façon édifiante.

Voyez cette fiction venue d’une chanson des années 70 portée par Serge Reggiani : L’homme fossile dont la ressemblance avec l’homme des années 70 est frappante :

Ils ont dit … / Qu'j'étais couvert de poils et qu'j'avais pas de culotte / Alors que j'habitais un pavillon d'banlieue / J'étais comm' tout le mond' pétri de bonn's manières / Tous les dimanch' matins je jouais au tiercé / Je portais des cols durs et des bandag's herniaires / C'était avant la guerr' avant qu'tout ait sauté

C'était voilà maint'nant bien trois millions d'années / Vous n'avez rien à craindre y a plus de retombées

Au fond ces mythes nous racontent d’abord ce que nous sommes : hier épouvantés par la menace atomique ; aujourd’hui hantés par le déclin de nos ressources énergétiques.

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(1) L’auteur de cet article baptise « romantiques » les récits faisant de l’histoire humaine une aventure pleine de rencontres avec des civilisations disparues des incursions d’extraterrestre et autres fables.

(2) Ces trois états sont : L'état théologique ou fictif ; L'état métaphysique ou abstrait ; L'état scientifique ou positif. Voir ici

(3) Il s’agit d’une coiffe cylindrique, le pukao, fait de tuf rouge issu de la carrière de Puna Pau et pouvant peser plusieurs tonnes (cf. art. wiki)

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