jeudi 13 avril 2023

Je déprime, docteur – Chronique du 14 avril

Bonjour-bonjour

 

Eh bien, dites-moi : ça ne va pas fort ce matin ?

- Non, je me sens tout chose, comme quelqu’un qui aurait appris pendant la nuit qu’il a une ou deux maladies graves, et que du coup sa femme se prépare à le quitter en emmenant les mioches. 

- Je vois… Et à quoi attribuez-vous cette déconfiture ?

- Je ne sais pas, moi. Ça me prend souvent le matin après la lecture des nouvelles de la nuit.

- C’est Google news que vous lisez, n’est-ce pas ?

Regardons ensemble ce que vous avez trouvé.

            « Nous sommes en sursis en ce qui concerne la sûreté et la sécurité nucléaires à la centrale de Zaporijjia », selon le chef de la centrale ukrainienne. Bilan : un Tchernobyl puissance 10 en vue. (ici)

            « Les réserves souterraines sont au plus bas à la sortie de l’hiver, ce qui fait courir un grand risque de tension sur la ressource en eau dans les mois à venir en France ». Ça, c’est le constat du Bureau ad-hoc. En vue : pénurie d’eau dès cet été (ici)

            « En difficulté financière après des pertes records, EDF gèle ses embauches ». Vu qu’EDF est re-nationalisé, inutile de demander qui va éponger les pertes. (ici)

 

Arrêtons-là. Même pas besoin d’évoquer la montée des températures, la fonte de la banquise, la perte irrémédiable d’espèces animales : la dépression est à nos portes, avec des idées suicidaires et le désir de rester tout l’été comme ça, sans bouger, sans se lever, sans même se laver. Juste une petite fumette de temps à autre et basta !

- Mais enfin, cher ami, quel besoin avez-vous de chercher à savoir ce qui va arriver ? Pour y pallier - Mais on ne sait pas faire.  Pour vous préparer à subir stoïquement le malheur que la nature va vous infliger ? On dirait que ça ne vous tente pas.

Ce besoin de connaissance est bien un très grand malheur de l’espèce humaine. Venu du fond des âges avec l’évolution de notre cerveau, il a d’abord produit des progrès fantastiques grâce à des découvertes scientifiques qui ont permis à notre espèce de proliférer.

Mais voilà : nous sommes arrivés à l’os – je veux dire que de progrès en progrès notre science est arrivée à prévoir ce sur quoi elle n’avait plus aucune prise. Ne serions-nous pas plus heureux d’ignorer ce qui va nous arriver, à l’instar de nos gorets qui ne savent pas où va aller la bétaillère dans laquelle on les fait monter ?

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