jeudi 20 avril 2023

Nous autres démocraties nous savons maintenant que nous sommes mortelles – Chronique du 21 avril

Bonjour-bonjour

 

Il y a maintenant un peu plus de 30 ans, un politologue américain, Francis Fukuyama, marquait les esprits en affirmant que la fin de la guerre froide (on était rappelons-le en 1992) marquait « la fin de l’histoire », c’est-à-dire la suprématie absolue et définitive de l'idéal de la démocratie libérale. (Lire ceci)

Aujourd’hui, nous sommes en 2023 et la Russie alliée à la Chine (et probablement suivie par l’Inde) déclare ouvertement que l’ennemi c’est l’occident et ses démocraties libérales. Quant à l’Europe-Unie, elle compte en son sein des pays qui, telle la Hongrie, sont adeptes d’un régime « fort » qu’on appelle « démocratie illibérale », qui tord le cou à pas mal de principes jugés ici républicains.

- On a fait à Fukuyama un procès en falsification théorique de l’histoire. Nulle vision globale n’est possible qui supposerait une l’humanité évoluant depuis ses débuts vers ce but unique : la démocratie.

C’est d’ailleurs ce qui apparait de nos jours : nul besoin d’inventer une quelconque aventure humaine linéaire et toujours orientée vers le même point final : la recherche de régimes reprenant du passé le principe d’un gouvernement autocratique est suffisamment évidente pour ne pas être ignorée. Et bien sûr, ces régimes proclament leur haine des démocraties, jugées pernicieuses et décadentes.

Le point à souligner, c’est que ces régimes ont leurs sympathisants jusque chez nous autres, les démocrates. Que dire en effet des partis ou des mouvements désignés comme « populistes » ? L’allégeance de leurs sympathisants à un chef, jugé charismatique et dont les propos sont répétés mille et mille fois, selon la logique des influenceurs de réseaux qui veut que la valeur d’une affirmation dépende du nombre de « like » qui lui sont attribués, en témoigne.

 


Notre erreur n’est pas d’avoir cru que nos démocraties marquaient la fin de l’histoire, mais d’avoir imaginé la menace qui pèse sur elles comme étant liée à l’individualisme, moment où le citoyen ne vote plus qu’en fonction de son intérêt privé et non de l’intérêt général. Certes, cette fêlure existe bien aujourd’hui. Mais elle est infiniment moins dangereuse que l’amour de la soumission et que l’esprit de meute.

Il faut (re)lire La Boétie.

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