dimanche 7 décembre 2025

Né sous P.M.A. – Chronique du 8 décembre

 

 

 

Vierge d’humilité – fin XIVème siècle

 

Bonjour,

 

Vous m’avez reconnu ?  Oui, c’est moi, le petit Jésus. Et ça, c’est ma maman, la vierge Marie.

Vous me voyez là entrain de téter le sein de ma mère, entouré par la cohorte des anges qui sont en adoration devant moi.

Vous êtes étonné, parce qu’on est le 8 décembre alors que je ne suis né que le 25 ? Sachez que ma maman a soudainement accouché 15 jours plus tôt, alors que la crèche où je devais apparaitre le 25 était indisponible parce que le bœuf et l’âne gris étaient occupés ailleurs. On m’a simplement installé dans une grange à côté et le jour venu hop ! on va me transférer.

Qu’est-ce que vous voulez savoir de plus ? 

Pourquoi je suis cramponné à la tétasse de ma mère, et pourquoi j’ai ce regard soupçonneux sur les environs ?

Je vais vous le dire.

L’autre jour, je m’étais endormi après la tétée, et quand je me suis réveillé, j’ai trouvé un autre enfant – un bébé comme moi – installé sur les genoux de ma mère, entrain de lui sucer le lait – mon lait !

Je lui dis :

– Marie, que fais-tu, quel est cet usurpateur qui vole ton lait, mon lait ?

Et vous savez ce qu’elle m’a répondu ?

– Mon petit Jésus, cet enfant est en réalité ton frère jumeau, celui qui est né juste après toi et que j’ai caché dans une botte de paille pour éviter de faire des histoires.

Tu veux savoir ce qui s’est passé ? Toi Jésus, tu es le fils de Dieu, oui c’est vrai.  J’avais des difficulté à enfanter, et même le Saint-Esprit n’y arrivait pas : Il m’a alors pratiqué une PMA. Mais vois-tu, pour prévoir les rejets, le Saint-Esprit m’a implanté un deuxième embryon au cas où tu te serais évaporé.

Comme il ne pouvait y avoir qu’un seul Fils de Dieu, le Saint-Esprit m’a dit que le deuxième enfant, s’il venait à la vie, serait élevé anonymement par une autre mère. Mais, que veux-tu, c’était mon enfant, et j’ai voulu le garder avec moi.

samedi 6 décembre 2025

Haïssez-vous Noël ? – Chronique du 7 décembre

Bonjour-bonjour

 

Je connais des gens qui détestent Noël et qui n’ont qu’une hâte : c’est que les petites lumières s’éteignent, que la Dinde et le foie gras disparaissent des tables et que le Gros bonhomme rouge fiche le camp aves son traineau et ses rennes. Bref, ce sont des personnes qui font la g*** quand le joie pétille dans les yeux des autres.

Si vous demandez pourquoi lisez cet article écrit par des neuroscientifiques et vous comprendrez.

Voici un résumé : « La vérité inconfortable, c’est que nos fêtes ont été conçues pour une époque révolue. Nous avons greffé la technologie moderne, l’hyperstimulation urbaine et les attentes sociales irréalistes sur une architecture cérébrale préprogrammée pour le rassemblement tribal simple et la convivialité authentique. »

- Autrement dit, si nous remontons 300000 ans en arrière, nous trouvons des gens qui sont assis en rond autour d’un feu de bois à se raconter des légendes que tout le monde connait, et à chanter des chansons que le village entier reprend en chœur. Notre cerveau s’est construit pour répondre à cette situation, et comme il n’a pas évolué depuis, c’est toujours la convivialité tribale qui nous fait kiffer.

 


Comparez maintenant à la situation de fêtes de fin d’année, vous trouvez :

- Une dissonance émotionnelle, du fait de la joie que vous devez afficher en même temps que vous craignez les conflits familiaux. Vous devez sourire pendant que votre centre émotionnel crie « au secours ».

- En même temps, le cortex préfrontal médial qui régule les réponses autonomes et neuroendocriniennes au stress, se trouve saturé par des demandes émotionnelles contradictoires et sa capacité à coordonner les comportements s’effondre. Le résultat ? Une alternance imprévisible entre euphorie forcée et déprime soudaine.

- Nous sommes soumis à des messages nous présentant des « versions de Noël parfait », tables élégantes, sourires figés, cadeaux dispendieux, traditions idéalisées – et aucune trace de la vérité : les tensions, la fatigue, l’ennui, la solitude. Et c’est notre neurobiologie qui régresse face à cette surcharge informationnelle.

--> Notre cortex préfrontal est obligé de décoder les micro-expressions faciales, gérer les tensions non-dites, naviguer les hiérarchies familiales invisibles – situations ordinaires en temps de réveillons.

Bref : le Cro-Magnon que nous sommes n’est pas adapté aux Réveilllons de fin d’année.

Mais que faire alors ? 

- Réduire drastiquement la surcharge sensorielle : Limitez les interactions simultanées. Pas de téléphone pendant les repas. Pas d’écrans. Prenez des pauses silencieuses — même quinze minutes de solitude permettent au cortex préfrontal de se resynchroniser.

- Privilégiez la qualité émotionnelle par rapport à la quantité sociale : Quelques conversations profondes et authentiques avec une ou deux personnes

- Synchroniser vos rythmes biologiques : Exposez-vous à la lumière du jour (même grise), respectez vos horaires de sommeil, minimisez l’alcool.

- Arrêtez la comparaison sociale digitale : Bannissez Instagram, TikTok et les groupes familiaux WhatsApp pendant les fêtes

- Bref, faites la fêtes, oui. Mais comme du temps de nos ancêtres

vendredi 5 décembre 2025

Drones russes : bravo les gars ! – Chronique du 6 décembre

Bonjour-bonjour

 

- Dans l’air : 5 ou 6 drones suspects ; 

- En bas, la base ultra secrète des sous-marins nucléaires français et un bataillon des fusiliers marins qui assure la protection de la base, qui ont effectué plusieurs tirs anti-drones ;

- Résultat : drones abattus = 0 ; identification = 0

 


Ça se passait jeudi soir, on était en France dans un lieu ultra-sensible où chaque touriste est prié de ne faire aucune photo sous peine de sanction. Raison pour la quelle des fusiliers marins spécialisés dans la chasse anti-drones étaient là.

- Conclusion : ou bien on on n’a pas su nous préparer à la chasse aux drones ; ou bien ceux-ci constituent une arme très difficile à contrer et dont l’impunité appelle une parade urgente. 

 

On parle constamment des « guerres du futur » auxquelles nous devons nous préparer dès aujourd’hui. Mais il s’agit là de la guerre d’aujourd’hui à laquelle il fallait se préparer hier.

Si nous ne l’avons pas fait, c’est sans doute que les drones sont des armes extrêmement difficile à neutraliser, comme le prouve chaque jour la guerre d’Ukraine. Pourquoi ?

On avance que les drones sont plus évolués que les armes chargées de les combattre, qui sont encore en évolution. On ajoute aussi qu’ils sont une arme peu couteuse qu’on ne peut contrer qu’à un prix très élevé : on peut sans inconvénient en sacrifier un grand nombre tout en espérant faire passer quelques unités qui vont réussir la mission.

- S’agissant de la base de sous-marins nucléaires français on devine que la mission était de déstabilisation ; mais qu’elle aurait pu, tout aussi bien frapper la base, ce qu’aucun système d’attaque n’aurait pu réaliser jusqu’à aujourd’hui.

 

Le citoyen français se retourne vers son gouvernement et demande : « Qu’avez-vous fait avec nos impôts ? »

- Il est vrai qu’en France on se rappelle ce qu’il en a coûté en 1940 d’être en retard d’une guerre.

jeudi 4 décembre 2025

Quelque chose de plus grand que soi – Chronique du 5 décembre

Bonjour-bonjour

 

Je découvre toute une série d’articles qui pointent un phénomène qui m’avait échappé : on observe un retour de la pratique religieuse chez les jeunes, observable principalement depuis le carême 2025 (simultané avec le ramadan) qui a vu de nombreux jeunes se retrouver sur les réseaux (en particulier TicToc) pour évoquer cette pratique, affirmant faire le choix « de se consacrer davantage à Dieu, de jeûner, de ne plus jurer, de se priver de leurs gourmandises préférées, des cigarettes, du maquillage ». (Lire ici)

Les raisons de ce nouvel essor du religieux seraient, selon le frère dominicain Paul-Adrien « que les gens veulent des réponses à leurs questions, des réponses simples. Ils attendent qu’on leur donne un peu d’espérance. » Non seulement l’intérêt pour la religion augmente, mais encore « le grand corps social, athée, militant est en train de fondre au soleil »

On le voit : à côté du groupe Bolloré il faut aussi penser aux influenceurs de TicToc. Quant à l’action de la hiérarchie catholique, on n’assisterait pas à une remontée en puissance.

 

--> Une remontée de la pratique religieuse spontanément issue de la jeunesse, associée à un recul de l’athéisme ? Peut-on croire qu’il s’agit d’une tendance profonde et non d’une mode passagère ?

Je relève deux observations qui me paraissent significatives :

            * D’abord une quête de sens qui vise « quelque chose de plus grand que soi »

            * A cela s’ajoute la régression de l’athéisme en tant que réponse à cette quête de sens – et cela depuis l’effacement du marxisme et de la Grande Révolution prolétarienne.


Après Marx, Jésus ? Pourquoi pas ? Du moment qu’on a une réponse à nos « Pourquoi(s) » ?

mercredi 3 décembre 2025

L’IA : un engouement excessif ? – Chronique du 4 décembre

Bonjour-bonjour

 

Un des thèmes le plus évoqué ces jours-ci est la destruction d’emploi dûe à l’IA – et en particulier à l’IA générative. Il ne s’agit pas seulement des employés à des tâches peu compliquées, comme de préparer des dossiers ou fabriquer des documents standardisés, mais aussi des traducteurs ou des comédiens spécialisés dans le doublage des films étrangers.

Bien qu’on admette que souvent l’IA ne constitue qu’un instrument pour aider à la réalisation de certaines tâches, il n’en reste pas moins que des firmes comme Amazon ou – justement – Google annoncent des milliers de licenciements. 

- L’IA dévoreuse d’emploi ou simple outil au service des employés pour optimiser leur travail ? Le doute est-il permis ? On reconnait que les emplois les mieux protégés sont ceux où l’action humaine reste indispensable. On pense alors aux métiers de relations (infirmières) ou ceux qui exigent une activité créative : designers ou musiciens – encore que ce soit justement sur ces derniers métiers que les avancées de l’IA soient les plus spectaculaires.

--> Occasion de s’interroger sur la nature de ce facteur humain non « mécanisable ».

Par exemple, les doubleurs de cinéma se lamentent : l’IA parviendrait à imiter parfaitement la voix du comédien doublé, et l’IA générative façonnerait la diction pour s’adapter au contexte. Toutefois, il reste quelque chose que la machine ne sait pas faire, c’est jouer le rôle, car le doubleur doit aussi être un comédien qui interprète le personnage. Autrement dit, ce doublage mécanisé ça marcherait pour faire la voix-off d’un documentaire mais pas pour doubler Lady Macbeth.

- Mais enfin, pourquoi un chabot ne saurait pas imiter la joie ou la peine d’un personnage ? Si ça ne marche pas aujourd’hui, pourquoi ça ne marcherait pas demain avec de nouvelles machines ? – Peut-être parce que pour simuler le joie ou la folie, il faut la susciter en soi, être un peu terrifié comme Lady Macbeth sortant de ses cauchemars. 

Et ça, c’est le domaine des émotions, celui qui reste inaccessible aux ordinateurs.

--------------------

N.B. Nous aborderons prochainement la question de la comparaison entre la reproduction propre à la machine et la création propre aux humains

mardi 2 décembre 2025

La séduction est-elle un droit ? – Chronique du 3 décembre

Bonjour-bonjour

 

On évoquait il y a peu le statut de l’amour selon la Bible (Cf. ici). Dès l’origine du couple primordial Adam-Eve la Bible insiste sur le fait qu’à l’inverse de ce que l’on pense d’habitude, l’amour charnel doit être une reconnaissance de l’autre dans son statut de sujet, et non la sujétion de la femme au désir masculin.

Ce retournement de la relation sexuelle homme-femme reste encore aujourd’hui au centre des préoccupations. Écoutons Virginie Efira qui évoque la célèbre scène de « Basic instinct » où « Sharon Stone exerçait son pouvoir sur les hommes en écartant les jambes ! » (Lire ici)



Le décroisement des jambes dans Basic Instinct


On se souvient de cette séquence qu’on a même cataloguée comme la mise en scène d’une allumeuse – d’où le rejet de cette attitude comme avilissante pour qui s’y livre. 

- C’est précisément là que l’actrice porte le débat : « Ce n’est pas parce qu’on est une femme à la féminité exacerbée qu’on perd ses droits, sa dignité, et qu’on se soumet à l’homme pour autant. », concluant de façon très logique : « On a dépassé depuis longtemps le statut d’objet sexuel, alors pourquoi ne pas en devenir un si on en a envie ? ». Les femmes objet du désir masculin sont aussi des sujets qui ont pour projet d’être désirée – ou de ne pas l’être.

- Restons un instant au niveau de cette relation sujet-objet : être un sujet, c’est être source de ses volontés, de ses actes etc. Par contre, être un objet c’est être pensé par un sujet – et non une chose (qui existe par soi-même, qu'on y pense ou pas.). Par conséquent la seule question est de savoir qui produit cet objet : celui qui ressent du désir (production de fantasme) ou celui (= celle) qui suscite ce désir (séduction) ?

On a limité la question au fait de savoir quelle était la valeur morale de la séduction : car construire une relation désirante autour de l’attirance qu’on exerce sur autrui, c’est bien lui donner le statut d’objet. On ne suscite pas un désir sans rester le sujet actif qui modèle l’objet par le désir qu’on suscite. N’est-ce pas une faute comme le suggère Kant (à la suite de la Genèse) pour qui on doit toujours considérer l’autre également comme un sujet ? 

- Or la révolution féministe insiste sur le fait que les femmes peuvent rester des sujets tout en provoquant la libido masculine – et surtout que c’est un droit.

C’est sur ce principe que se situe l’actrice qui joue les rôles de femmes charnelles.

Mais c'est aussi là que se trouve le débat.

lundi 1 décembre 2025

L’IA : ce n’est pas parce que c’est déjà fait qu’il ne faut rien faire – Chronique du 2 décembre

Bonjour-bonjour

 

En 1925 les jeunes qui passaient le certificat d’études devaient répondre à ce questionnaire :

 


 

- Aujourd’hui, plus personne ne saurait répondre correctement à ces question – plus encore : chacun prendrait son smartphone et questionnerait Google, avec les réponses obtenues dans la seconde. – Éventuellement il interrogerait chatGPT pour une réponse plus charpentée.

 

Y a-t-il un inconvénient à procéder ainsi ? Aucun, sous réserve bien entendu d’avoir du réseau partout et toujours. Le rôle du certif’ était de vérifier que les jeunes de 11 à 13 ans disposaient d’un savoir de base leur assurant une bonne capacité à faire face aux besoins de la vie quotidienne (on suppose que la connaissances des difficultés financières sous Louis XV faisaient alors partie de ce bagage nécessaire)

- Et aujourd’hui ? A quoi bon se donner le mal d’apprendre ce qu’on peut savoir à tout moment simplement avec son smartphone ? (1) Certes, s’il s’agit d’un savoir ponctuel comme le nom de la préfecture de la Saône-et-Loire (cf. document) : il suffit de posséder la machine qui saura à notre place. Mais il y a des connaissances plus « structurantes », qu’on doit patiemment reconstruire en suivant le procédé de leur découverte pour les comprendre parfaitement et pouvoir les utiliser.

Si on demande à chatGPT de faire un exposé à notre place, à supposer qu’on ait à soutenir ensuite l’exposé, ça sera impossible si on n’a pas fait personnellement ce chemin de compréhension.

Autrement dit, l’IA : c’est comme la pub pour « la cuisine de Marie » (= plats surgelés) : « ce n’est pas parce que c’est déjà fait qu’il ne faut rien faire »

-----------------------------

(1) À lire : de Laurent ALEXANDRE, Olivier BABEAU – Ne faites plus d’études : Apprendre autrement à l'ère de l'IA(Ed. Buchet Chastel) Ce livre qui sort ces jours-ci nous met en garde : évitons de nous investir dans des études devenues inutiles, réservons nos efforts pour une autre façon d’apprendre.