jeudi 11 décembre 2025

Et vous, ça va ? – Chronique du 12 décembre

Bonjour-bonjour 

 

Supposez qu’en cette fin d’année vous souhaitiez faire le bilan de l’état de santé des français : sur quoi porterait votre enquête ?

Santé publique France répond à cette question en étudiant (ici) le tabagisme, la consommation d’alcool et la santé mentale.

Résultat ? Si le tabagisme recule, les Français boivent (encore) trop (22 % des adultes ont dépassé les repères de consommation à moindre risque (plus de 2 verres en une journée) – et leur moral plonge (15,6 % des adultes ont vécu un épisode dépressif caractérisé en 2024, et un adulte sur vingt a eu des pensées suicidaires au cours de l’année.)

Mais plus que ces résultats, c’est le choix de ces mesures qui nous interroge. Pourquoi ces trois variables et pas d’autres comme la solitude, le chômage, la pauvreté ?

- On voit déjà que ce qui est interrogé, ce n’est pas la cause des misères françaises, mais leurs effets. Par exemple il y a sûrement plusieurs causes possibles à l’alcoolisme, mais on ne s’y arrête pas. Admettons seulement que ce n’est pas une manifestation de bonne santé. Idem pour la déprime ou pour la tabac.

- Ensuite, on mélange sans justification des faits qui peuvent être très différents : on peut fumer ou consommer de l’alcool par pur plaisir, sans avoir une pathologie particulière : entre le buveur festif et celui qui boit pour oublier on pourrait quand même ne pas omettre la différence.

- On devine alors qu’un jugement de valeur défavorable s’est glissé dans le choix des critères d’évaluation. On fait comme si, de toute façon, il n’était pas normal de fumer ou de boire.

 

Qu’en aurait pensé Churchill ?




mercredi 10 décembre 2025

Ah… Si Jésus avait été une fille – Chronique du 11 décembre

Bonjour-bonjour

 

Pourquoi ne peut-il y avoir des femmes prêtres dans l’Église catholique ?

Rester sans réponse devant cette question est d’autant plus irritant que la théologie vaticane qui est fort rigoureuse, répond grâce  à une construction de concepts qui allèchent le philosophe.

Les raisons de cette exclusion est bien expliquée, il n’y a qu’à se renseigner, et l’occasion nous en est fournie par la récente publication du rapport de la Commission Petrocchi qui refuse que le diaconat soit ouvert aux femmes. 

--> Lisons (ici) : à propos de la possibilité de procéder à l'admission des femmes au diaconat en tant que degré du sacrement de l'ordre,

* Les partisans de cette ouverture soutiennent que la tradition catholique et orthodoxe de réserver l'ordination diaconale (mais aussi presbytérale et épiscopale) aux seuls hommes semble contredire « l’égalité entre l'homme et la femme à l'image de Dieu », « l’égale dignité des deux sexes, fondée sur ce principe biblique » (réf. ci-dessus)

* De l’autre côté, la thèse suivante est avancée : « La masculinité du Christ, et donc la masculinité de ceux qui reçoivent l'ordre, n'est pas accidentelle, mais fait partie intégrante de l'identité sacramentelle, préservant l'ordre divin du salut en Christ.

On insiste alors « sur la signification « sponsale » ( = adjectif désignant la qualité d'époux, obtenue par l'intermédiaire du mariage) des trois degrés qui le constituent, et rejette l'hypothèse du diaconat féminin, affirmant comme on l'a dit que la masculinité de ceux qui reçoivent l'ordre n'est pas accidentelle, mais fait partie intégrante de l'identité sacramentelle.


Là, on a besoin d’une petite explication : « c’est quoi cette histoire d’union nuptiale ?

Ouvrez vos oreilles :

1° La masculinité du Christ, et donc la masculinité de ceux qui reçoivent l'ordre, n'est pas accidentelle, mais fait partie intégrante de l'identité sacramentelle, préservant l'ordre divin du salut en Christ. » 

- On vient de le dire. Mais on n'a toujours pas pigé pourquoi on parle de mariage entre le Christ et les fidèles?

2° Le principe, c'est que le mariage" est entre un  homme (= prêtre) et une femme

Une femme? Qu'est-ce à dire ?

La masculinité des prêtres résulte du fait que, dans la théologie catholique, le prêtre agit in persona Christi, “en la personne du Christ”, notamment lorsqu’il célèbre l’Eucharistie. = L’Église considère que le prêtre doit représenter sacramentellement le Christ homme, d’où l’idée d’une “ressemblance naturelle” (non morale mais symbolique).


3° Quant aux femmes, il est dit qu'elle représentent symboliquement l'Eglise, et que l'union avec le Christ se fait entre Lui et l'Eglise qui est le corps de croyants, composée de tous ceux qui ont accepté Jésus-Christ comme leur Sauveur personnel et reçu la vie éternelle. Le Christ, l'époux, a choisi d'aimer l'Église et de se sacrifier pour elle, pour en faire son épouse (Éphésiens 5.25-27 – Lire ci-dessous). De même que l’homme ne peut épouser l’homme, ni la femme épouser la femme, celle-ci ne peut incarner la personne virile du Sauveur

Alors, c’est cuit ? Pas du tout, car les partisans du sacrement des femmes font remarquer que la vierge Marie joue bien un rôle « salvifique » en tant que mère de Jésus, rôle qui peut justifier que des femmes célèbrent la messe.

 

Ah… Si Jésus avait été une fille, tout aurait été plus simple et les femmes seraient curé.

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N.B. Epitre de Paul aux Ephésiens :  « 25 Maris, aimez vos femmes, comme Christ a aimé l'Église, et s'est livré lui-même pour elle,

26 afin de la sanctifier par la parole, après l'avoir purifiée par le baptême d'eau,

27 afin de faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irrépréhensible. » 

mardi 9 décembre 2025

Y d’la joie ! – Chronique du 10 décembre

Bonjour-bonjour

 

Alors que se profile la campagne électorale des municipales, certains maires sortent de la banalité à l’approche des fêtes de fin d’année. Écoutez plutôt ces arrêtés pris par deux d’entre eux :

- Le maire d'Andrézieux-Bouthéon (Loire) a pris un arrêté afin de lutter contre la morosité ambiante. Du 1er décembre au 2 janvier, ses administrés ont l'obligation de sourire en toutes circonstances et sont encouragés à se vêtir de leurs vêtements les plus colorés.

« Faire la gueule ne résout rien. Tant qu'à faire, il vaut mieux sourire, se parler et ensemble faire en sorte de passer de bonnes fêtes » (Lire ici)

            - Dominique Potar, maire de Bezannes (proche de Reims), a pris cet arrêté : « du 1er décembre 2025 au 6 janvier 2026, chaque "habitation, commerce ou véhicule stationné sur le territoire de la commune doit arborer au minimum : une guirlande lumineuse (clignotante de préférence, sinon c’est triste), un élément kitsch assumé", comme un renne gonflable, un bonhomme de neige en chaussettes, ou un lutin en pâte à modeler. » (Lire ici)

 

Ainsi pour ces édiles, la joie est essentiellement une apparence, ce qui la rend accessible à l’obligation légale. En effet, comme nous le soulignions récemment, il y a bien des raisons de rester triste durant les fêtes de noël ; pourtant afficher un sourire et porter des vêtements de couleur vive est encore à la portée de chacun. On notera qu’à Bezannes le souci d’afficher la gaité passe également par des décorations de Noël au kitsch assumé. 

Outre le fait étonnant qu’être kitsch puisse passer comme un signe de joie, on relèvera que si la joie est conçue comme un signe, alors elle n’est pas un état psychologique - contrairement à l’avis de Spinoza. 

On relèvera aussi que l’affichage du même état d’âme peut être requis du peuple entier, comme on le voit avec les coréens du Nord, capable de pleurer en chœur lorsque passe le cercueil de leur bien aimé leader.




lundi 8 décembre 2025

La foule en délire – Chronique du 9 décembre

Bonjour-bonjour

 

Ce blog-du-jour pourrait être facilement remplacé par une série d’images, comme celles-ci qui montrent la foule qui se presse dans les musées sur les œuvres qu’il est bon d’avoir vues.

Le débat du jour porte en effet sur un projet visant à adapter le Louvre à des millions de visiteurs supplémentaires – sachant que ce projet risque de siphonner les crédits servant à améliorer la sécurité des œuvres exposées.

- Voyez donc ces images – de haut en bas : la Vénus de Milo qui est au Louvre ; Joconde également au Louvre ; mais aussi la Chapelle Sixtine au Vatican.

 

 

La Vénus de Milo (Louvre)

 

 

La Joconde (Louvre)

 

 

La chapelle sixtine (Vatican)

 

Allons droit au but : le rôle des musées est-il de rendre possible cet agglutinement de public autour des œuvres dont personne ne pourra profiter ? Si les musées ont pour fonction (en dehors de conserver les œuvres) de permettre au public de s’enrichir de la beauté et de l’intérêt de ces créations du passé, on voit bien que ça exclut cet afflux de gens dont l’intérêt n’est pas de jouir d’une telle contemplation – sans quoi ils ne viendraient pas dans de telles conditions.

Quoi donc ? Faut-il qu’on donne au public un lieu où faire un selfie en face d’un tableau ou d’une statue afin de faire savoir à tous qu’on a été en sa présence ? Est-ce à ça que l’argent public doit servir ? Mes impôts pour créer un espace spécial dédié à la Joconde pour qu’encore plus de monde puisse dire l’avoir vue ?

Quand Walter Benjamin parlait d’aura, ce n’est pas à cela qu’il songeait.

dimanche 7 décembre 2025

Né sous P.M.A. – Chronique du 8 décembre

 

 

 

Vierge d’humilité – fin XIVème siècle

 

Bonjour,

 

Vous m’avez reconnu ?  Oui, c’est moi, le petit Jésus. Et ça, c’est ma maman, la vierge Marie.

Vous me voyez là entrain de téter le sein de ma mère, entouré par la cohorte des anges qui sont en adoration devant moi.

Vous êtes étonné, parce qu’on est le 8 décembre alors que je ne suis né que le 25 ? Sachez que ma maman a soudainement accouché 15 jours plus tôt, alors que la crèche où je devais apparaitre le 25 était indisponible parce que le bœuf et l’âne gris étaient occupés ailleurs. On m’a simplement installé dans une grange à côté et le jour venu hop ! on va me transférer.

Qu’est-ce que vous voulez savoir de plus ? 

Pourquoi je suis cramponné à la tétasse de ma mère, et pourquoi j’ai ce regard soupçonneux sur les environs ?

Je vais vous le dire.

L’autre jour, je m’étais endormi après la tétée, et quand je me suis réveillé, j’ai trouvé un autre enfant – un bébé comme moi – installé sur les genoux de ma mère, entrain de lui sucer le lait – mon lait !

Je lui dis :

– Marie, que fais-tu, quel est cet usurpateur qui vole ton lait, mon lait ?

Et vous savez ce qu’elle m’a répondu ?

– Mon petit Jésus, cet enfant est en réalité ton frère jumeau, celui qui est né juste après toi et que j’ai caché dans une botte de paille pour éviter de faire des histoires.

Tu veux savoir ce qui s’est passé ? Toi Jésus, tu es le fils de Dieu, oui c’est vrai.  J’avais des difficulté à enfanter, et même le Saint-Esprit n’y arrivait pas : Il m’a alors pratiqué une PMA. Mais vois-tu, pour prévoir les rejets, le Saint-Esprit m’a implanté un deuxième embryon au cas où tu te serais évaporé.

Comme il ne pouvait y avoir qu’un seul Fils de Dieu, le Saint-Esprit m’a dit que le deuxième enfant, s’il venait à la vie, serait élevé anonymement par une autre mère. Mais, que veux-tu, c’était mon enfant, et j’ai voulu le garder avec moi.

samedi 6 décembre 2025

Haïssez-vous Noël ? – Chronique du 7 décembre

Bonjour-bonjour

 

Je connais des gens qui détestent Noël et qui n’ont qu’une hâte : c’est que les petites lumières s’éteignent, que la Dinde et le foie gras disparaissent des tables et que le Gros bonhomme rouge fiche le camp aves son traineau et ses rennes. Bref, ce sont des personnes qui font la g*** quand le joie pétille dans les yeux des autres.

Si vous demandez pourquoi lisez cet article écrit par des neuroscientifiques et vous comprendrez.

Voici un résumé : « La vérité inconfortable, c’est que nos fêtes ont été conçues pour une époque révolue. Nous avons greffé la technologie moderne, l’hyperstimulation urbaine et les attentes sociales irréalistes sur une architecture cérébrale préprogrammée pour le rassemblement tribal simple et la convivialité authentique. »

- Autrement dit, si nous remontons 300000 ans en arrière, nous trouvons des gens qui sont assis en rond autour d’un feu de bois à se raconter des légendes que tout le monde connait, et à chanter des chansons que le village entier reprend en chœur. Notre cerveau s’est construit pour répondre à cette situation, et comme il n’a pas évolué depuis, c’est toujours la convivialité tribale qui nous fait kiffer.

 


Comparez maintenant à la situation de fêtes de fin d’année, vous trouvez :

- Une dissonance émotionnelle, du fait de la joie que vous devez afficher en même temps que vous craignez les conflits familiaux. Vous devez sourire pendant que votre centre émotionnel crie « au secours ».

- En même temps, le cortex préfrontal médial qui régule les réponses autonomes et neuroendocriniennes au stress, se trouve saturé par des demandes émotionnelles contradictoires et sa capacité à coordonner les comportements s’effondre. Le résultat ? Une alternance imprévisible entre euphorie forcée et déprime soudaine.

- Nous sommes soumis à des messages nous présentant des « versions de Noël parfait », tables élégantes, sourires figés, cadeaux dispendieux, traditions idéalisées – et aucune trace de la vérité : les tensions, la fatigue, l’ennui, la solitude. Et c’est notre neurobiologie qui régresse face à cette surcharge informationnelle.

--> Notre cortex préfrontal est obligé de décoder les micro-expressions faciales, gérer les tensions non-dites, naviguer les hiérarchies familiales invisibles – situations ordinaires en temps de réveillons.

Bref : le Cro-Magnon que nous sommes n’est pas adapté aux Réveilllons de fin d’année.

Mais que faire alors ? 

- Réduire drastiquement la surcharge sensorielle : Limitez les interactions simultanées. Pas de téléphone pendant les repas. Pas d’écrans. Prenez des pauses silencieuses — même quinze minutes de solitude permettent au cortex préfrontal de se resynchroniser.

- Privilégiez la qualité émotionnelle par rapport à la quantité sociale : Quelques conversations profondes et authentiques avec une ou deux personnes

- Synchroniser vos rythmes biologiques : Exposez-vous à la lumière du jour (même grise), respectez vos horaires de sommeil, minimisez l’alcool.

- Arrêtez la comparaison sociale digitale : Bannissez Instagram, TikTok et les groupes familiaux WhatsApp pendant les fêtes

- Bref, faites la fêtes, oui. Mais comme du temps de nos ancêtres

vendredi 5 décembre 2025

Drones russes : bravo les gars ! – Chronique du 6 décembre

Bonjour-bonjour

 

- Dans l’air : 5 ou 6 drones suspects ; 

- En bas, la base ultra secrète des sous-marins nucléaires français et un bataillon des fusiliers marins qui assure la protection de la base, qui ont effectué plusieurs tirs anti-drones ;

- Résultat : drones abattus = 0 ; identification = 0

 


Ça se passait jeudi soir, on était en France dans un lieu ultra-sensible où chaque touriste est prié de ne faire aucune photo sous peine de sanction. Raison pour la quelle des fusiliers marins spécialisés dans la chasse anti-drones étaient là.

- Conclusion : ou bien on on n’a pas su nous préparer à la chasse aux drones ; ou bien ceux-ci constituent une arme très difficile à contrer et dont l’impunité appelle une parade urgente. 

 

On parle constamment des « guerres du futur » auxquelles nous devons nous préparer dès aujourd’hui. Mais il s’agit là de la guerre d’aujourd’hui à laquelle il fallait se préparer hier.

Si nous ne l’avons pas fait, c’est sans doute que les drones sont des armes extrêmement difficile à neutraliser, comme le prouve chaque jour la guerre d’Ukraine. Pourquoi ?

On avance que les drones sont plus évolués que les armes chargées de les combattre, qui sont encore en évolution. On ajoute aussi qu’ils sont une arme peu couteuse qu’on ne peut contrer qu’à un prix très élevé : on peut sans inconvénient en sacrifier un grand nombre tout en espérant faire passer quelques unités qui vont réussir la mission.

- S’agissant de la base de sous-marins nucléaires français on devine que la mission était de déstabilisation ; mais qu’elle aurait pu, tout aussi bien frapper la base, ce qu’aucun système d’attaque n’aurait pu réaliser jusqu’à aujourd’hui.

 

Le citoyen français se retourne vers son gouvernement et demande : « Qu’avez-vous fait avec nos impôts ? »

- Il est vrai qu’en France on se rappelle ce qu’il en a coûté en 1940 d’être en retard d’une guerre.