vendredi 10 mai 2024

Arrêtez de chouiner – Chronique du 11 mai 2024

Bonjour-bonjour

 

Comment vous sentez-vous ce matin, chers amis ? Un peu morose ? Un peu angoissé ?

- Attention ! Vous êtes peut-être en train de faire un épisode dépressif ; ou alors un trouble anxieux ? Vous n’auriez pas vécu récemment un traumatisme ?

 

- Tel est du moins le diagnostic porté par l’opinion publique habituée à présent à considérer tout phénomène psychologique comme un trouble. « On se convainc alors qu’on ne peut pas le résoudre soi-même, et que seul un expert pourra nous aider » précise le médecin et thérapeute Flip Jan van Oenen dans les colonnes du magazine belge De Standaard Weekblad. (Lu ici)

 

Où passe donc la limite entre le normal et le pathologique ? Selon la psychologue Lucy Foulkes (université d’Oxford), « il n’y a pas de limite nette entre une anxiété « normale » et une anxiété « clinique », c’est un spectre composé de milliers de nuances de gris ».

On dira peut-être que ce flou, qui autorise à considérer comme symptôme pathologique ce qui fait simplement partie des phénomènes adaptatifs du quotidien, n’est pas nouveau et que du temps du docteur Knock ça permettait de dire que « Tout homme bien portant est un malade qui s’ignore »

Sauf que du temps du bon docteur, c’était au praticien de persuader le patient qu’il était malade ; mais aujourd’hui, la maladie est souvent une revendication des candidats à une prise en charge thérapeutique.

Alors, tous hypocondriaques ? Attention ! « Ce langage thérapeutique nous permet de parler de nos problèmes psychiques sans devoir réellement en parler » et « de s’en remettre à la thérapie en espérant y trouver le salut peut avoir pour effet d’abandonner nos propres stratégies d’adaptation. » Car alors « On cesse alors de chercher des solutions et le problème s’aggrave »

Allez hop ! Arrêtez de chouiner.






jeudi 9 mai 2024

La flamme olympique : et si on la portait en Palestine ou en Ukraine ? – Chronique du 10 mai 2024

Bonjour-bonjour

 

Cette histoire de flamme olympique, ça commence à me crisper. Alors que dans le monde les horreurs se perpétuent, que des femmes, des enfants, des malades et des vieillards meurent sous les coups de bourreaux déguisés en soldats - et que ceux qui restent, transformés en otages par les politiques, périssent affamés méthodiquement, voilà que toute affaire cessante il faut se réjouir de voir la flamme Olympique passer sur sous nos fenêtres.


--> Alors je vais en parler de cette f*** flamme pour qu’en suite on en ait terminé une bonne fois.

Ça a commencé en Grèce : 

 


Où l’on voit ces femmes déguisées en cariatides (?) imiter le moment où la Grande Prêtresse implorant l’aide d’Apollon, allume sa torche grâce aux rayons du soleil recueillis dans un miroir parabolique.

A partir de là commence le relai olympique où des coureurs porteurs de la flamme se succèdent d’Olympie jusqu’à Paris. À l’instar des messagers olympiques qui proclamaient la Trêve sacrée, les coureurs qui relaient la Flamme apportent un message de paix sur leur passage.


Avant la cérémonie d’ouverture, la flamme olympique va parcourir 12.000 km sur le territoire français. Elle passera par le Mont-Saint-Michel, les Antilles ou encore le château de Versailles, avant d’arriver à Paris le 26 juillet. D’après mon calcul (1) on devrait avoir 60000 porteurs de torche sur le territoire. 

On l’a dit : ces 60000 messagers de la paix vont tous courir sur notre territoire : ils n’auront pas grand mérite à porter un message de paix.

Ils feraient mieux d’aller montrer leur torche en Palestine ou en Ukraine.

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(1) En moyenne, chaque personne portera la torche sur une distance de 200 mètres, 

Pour 1km = 5 porteurs

Pour 12000km x 5 porteurs = 60000 porteurs

La France comportant 68000000 d’habitants, c'est moins de 1% de la population qui portera la torche olympique. Ça fait peu quand même…

mercredi 8 mai 2024

À Flamanville : toujours plus ! – Chronique du 9 mai 2024

Bonjour-bonjour

 

Depuis mardi Christine fonctionne à Flamanville ! Après 12 années de retard, on n’en était plus tout à fait certain : pourrait-elle voir le jour ?



EPR de troisième génération à la centrale de Flamanville. France, le 25 avril 2024


Il faut dire que Christine est le nom donné à la turbine EPR de 3ème génération qui va produire à elle toute seule autant d’électricité qu’une centrale toute entière, avec moins de consommation et moins de déchets. Christine attend 57 petites sœurs, dont la naissance doit s’échelonner jusqu’en 2050 – ou plus qui sait ? Voilà une famille bien nombreuse…

 

Après ce moment de satisfaction vient le temps de la réflexion : fallait-il ouvrir une nouvelle usine capable de produire toujours plus d’énergie ? Ne fallait-il pas profiter de l’obsolescence du parc nucléaire pour ralentir puis stopper la production d’électricité ? En bref : n’était-ce pas le moment d’infléchir ce mouvement initié au néolithique qui consiste à faire reposer la vie de l’humanité sur la production et la consommation d’énergie ? Toujours plus d’énergie ?

 

Tentons de penser une telle inflexion.

- Déjà, que signifie cette notion de « vie de l’humanité » que nous venons d’oser ? Ne vaudrait-il pas mieux parler de « survie » puisqu’arrêter la production d’énergie supplémentaire suppose que l’humanité cesse de progresser quantitativement ? Comme n’importe quelle espèce animale, l’humanité dépend des ressources de son milieu pour sa croissance. Que ces ressources stagnent signifie qu’elle ne peut plus s’accroitre. Mais pourquoi le déplorer ? Ne croyez-vous pas que nous sommes assez nombreux comme ça ?

- La Bible dit  : « Dieu /.../ bénit /Adam et Eve/ et Dieu leur dit : Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre, et l’assujettissez ; et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre. » (Genèse 1 :28). Bien. Mais n’avons-nous pas fini de remplir la terre de nos rejetons, et n’en sommes-nous pas, après avoir « assujetti » les poissons et les oiseaux et tout ce qui bouge, en train de détruire tout cela ? Dieu nous en a confié la garde.

Nous avons le droit d’exploiter la nature, mais aussi le devoir de la protéger.

mardi 7 mai 2024

La joie mauvaise contre les juifs – Chronique du 8 mai

Bonjour-bonjour

 

Dans Philo-Magazine, Martin Legros signe cet article essentiel pour analyser, par-delà le cas Guillaume Meurice, le mouvement de rejet des israéliens – mouvement qui dénonce un génocide commis à l’encontre les palestiniens.

Si l’humoriste de France-Inter est évoqué, c’est qu’il permet d’entrer dans l’explication de ce que nous vivons actuellement par le biais de « la joie mauvaise » analysée par Aristote, Nietzsche, Freud ou Schopenhauer. Car, que fait Guillaume Meurice ? On ne lui reproche pas d’accuser l’armée israélienne d’écraser sous ses bombes les gazaouis. C’est de se réjouir de voir combien les juifs sont indignes du respect que leurs malheurs leur valait. « Il (= G. Meurice) réactive ce que les Grecs appelaient épichairekakia et les Allemands Schadenfreude, la joie mauvaise qui trouve du plaisir dans le malheur des autres ». Et voici l’essentiel : « Avec cette finesse inédite dans l’attaque /sachant que l’opinion dominante est que les Juifs méritent des égards spécifiques/ qu’il s’agit de retourner contre eux toutes les blessures avec lesquels ils avaient eu l’indécence, jusqu’ici, de se présenter à nous. » (Article référencé)

 

- On lira les développements de cette analyse (1) qui nous éclaire sur le malaise qui nous saisit de voir ainsi les victimes devenir à leur tour des bourreaux, et les crimes horribles dont ils ont été les victimes (et ceux du 7 octobre revendiqués comme leur résurgence) être commis par eux-mêmes. Essayez un peu pour voir de parler de la « solution finale » déclenchée contre les Palestiniens.

Il faut dire que, dans cette affaire, l’humoriste de France-Inter n’est qu’un exemple de ce malaise qui nous saisit devant cette joie (comprenez : le rire de la blague). En réalité, lorsque de partout montent les cris d’indignation il ne s’agit pas spécialement de savoir si on va rire ou s’indigner ; il s’agit plutôt de comprendre, comme nous l’explique Martin Legros, que « la question est de savoir si ceux … que cette joie mauvaise trouble ou désole, et ne fait pas rire, ont les ressources morales pour s’y opposer. »

Quant à moi, je dirai que mon effroi n’est pas seulement de voir le rire mauvais me secouer ; il est de voir combien le rôle de victime et celui de bourreau sont interchangeables. Car s’il faut mobiliser des ressources morales, c’est bien devant la menace de ce retournement.

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(1) En particulier cet extrait de la Rhétorique d’Aristote « Celui qu’afflige la réussite de gens qui n’en sont pas dignes se réjouira ou, du moins, ne sera pas péniblement affecté de l’échec des gens placés dans une situation contraire. Par exemple, à la vue de parricides ou d’assassins quelconques subissant leur châtiment, personne, parmi les gens de bien, ne pourrait éprouver de peine ; car on doit plutôt se réjouir d’un tel dénouement. »

lundi 6 mai 2024

Gandhi ? Connais pas – Chronique du 7 mai

Bonjour-bonjour

 

1) Où sont les pacifistes ? Pas à Science-Po, pas dans les défilés, qu’ils soient « pro- » ou « anti- » palestiniens, pas non plus dans les débats télévisés, qui réclament la fin du massacre au prix d’une paix inéquitable pour les palestiniens – ou symétriquement l’éradication pure et simple de l’État d’Israël.

2) Hier, durant la cérémonie des Molière, Sophia Aram (Molière de l’humour) a lancé un appel non pas à la paix, toujours diplomatique donc incertaine, mais à la commune déploration des victimes. « Comment être solidaires des milliers de civils morts à Gaza sans être aussi solidaires des victimes israéliennes ? Comment exiger d’Israël un cessez-le-feu sans exiger la libération des otages israéliens ? » (Lu ici)

Ce discours n’a de sens que dans la perspective d’un pacifisme authentique, un pacifisme de colère : tous les auteurs de violences sont égaux dans le crime. Et tous ceux qui les déplorent ont un droit égal à réclamer la paix.

3) Ce matin, je tombe sur cette info concernant la restauration du monument aux morts de Gentioux, dans la Creuse, où un petit orphelin est montré tendant le poing aux responsables de la tueries de la guerre 14-18 :

 

 


« Après restauration, le jeune garçon de la Creuse reviendra dans son village natal à la mi-juin. Pour retrouver sa place. Dignement. À côté de ses aînés. Les 58 tués de Gentioux morts durant la Grande Guerre. La boucherie de 14/18. » rappelle l’article consulté.

On a donc un monument aux victimes de la guerre : elles ont le droit de mettre la crosse en l’air et de demander que soient chassés les commandants, les chefs, les Présidents.

4) Mais tout cela reste inaudible pour les passions de notre temps. Le matin du 11 novembre 2023 les habitants de Gentioux ont vu ceci :

 

 

Au drapeau palestinien s’ajoute l'inscription "Palestine libre" sur l'un des versants du monument et une autre inscription en arabe sur un autre côté.

5) Tout ceci pose la question : comment être pacifiste ? Non pas aujourd’hui mais de tout temps, alors même que la force est unilatérale et la faiblesse également ? Qui donc songe à rouvrir les livres de Gandhi ? Qui donc se rappelle même qu’il a existé ?

dimanche 5 mai 2024

Ponts de mai : le bonheur pour tous – Chronique du 6 mai

Bonjour-Bonjour

 

Les ponts de mai signent le retour de Jean Viard, qui, après avoir expliqué que les vacances avec les enfants ça devrait être quand les parents le décident (voir notre post ici), revient pour se réjouir de ces ponts de mai qui assurent une société unanimement en vacances.

 


Certains se désolent de cette profusion qui désorganise le travail productif et renvoie les enfants en vacances alors même qu’ils reviennent tout juste en classe après les vacances de printemps.

En vacances ? Par tout à fait. Écoutons Jean Viard : « N’oublions pas quand même que la première activité de ce pont, ça va être le jardinage. Les 67% des gens qui ont un jardin, ont sorti leur tondeuse, leur sécateur, leur binette, et ils sont en train de planter des fleurs ou des tomates. » Faire pousser des tomates dans son jardin, c’est aussi travailler, et si ce n’est pas dans le cadre d’une entreprise, qu’importe ?

Et pour le tiers restant qui n’a pas de jardin ?  « Pour eux comme aussi pour les autres, c’est le moment d’aller dans les parcs, dans la nature. C'est la fête de la nature, je le dirais comme ça. Et cette fête de la nature, le maximum de gens ont envie de la partager. Certains pourront aller se promener dans un parc, dans un jardin public ou passer une journée en dehors de la ville. Mais c'est un moment très, très fort de la vie de la société. » 

Cette période de loisir n’est pas inoccupée : elle est un moment de concélébration dans lequel la société vit un fait social global essentiel à son bon fonctionnement et qui est aussi important que la production des moyens de subsistance.

C’est aussi à cela que servent les vacances, à condition qu’elles soient un moment que tous vivent simultanément. Tous en vacances en même temps, c’est pour cela les ponts de mai sont très appréciés. Après, qu’on soit obligé de moduler en fonction des capacités d’hébergement ou de la fluidité du réseau routier, soit ; mais on sait que la normale est « tous en même temps ». Voilà les propos du sociologue : les loisirs non pas pour faire joli, mais parce que la vie normale d’une société doit assurer le même bonheur à tous.

samedi 4 mai 2024

120 consultations gratis : pauvres médecins… - Chronique du 5 mai

Bonjour-bonjour

 

Jadis les médecins étaient des notables, respectés pour leur science et pour leur position sociale. Aujourd’hui ils sont mis en concurrence avec des sites Internet qui les contestent avec des informations plus ou moins scientifiques, ainsi que l'a montré la polémique sur les vaccins anti-covid. Et puis, ne l’oublions pas : les revenus de nos médecins de ville sont parfois un peu juste – en tout cas loin des salaires de certains ingénieurs, malgré un temps d’étude qui fait le double.

Dans cet article, un médecin de ville le dit : « Il ne nous reste que 8 euros dans la poche après le paiement des charges. Pour ma part, je travaille 50 semaines par an pour arriver à équilibrer les comptes du cabinet. » Ce médecin conclue : « Je ne sais pas si beaucoup de professions en France accepteraient cette situation et cette maltraitance institutionnelle. »

Excessif ? Pas complètement si j’en crois mon propre médecin qui me confiait récemment que les charges de son cabinet médical étaient de 3000 € mensuel, soit 120 consultations à 25 €.

- Oui, chaque mois mon médecin doit soigner 120 personnes uniquement pour payer ses charges – et on ne parle pas des impôts.

 

Alors, c’est vrai nos médecins ne sont pas les plus malheureux. Mais dans un monde où le salaire est l’indice d’un mérite et où chacun est en compétition pour avoir la meilleure place, les médecins qui arrivent caparaçonnés de leurs 10 années d’études se trouvent mal appréciés.