lundi 24 novembre 2025

Le principe d’objectivité – Chronique du 25 novembre

Bonjour-bonjour

 

Le conseil français du culte musulman (CFCM) a déploré, vendredi, « une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses », avec des analyses et données « contestables ». L’enquête IFOP, fondée sur un échantillon de 1005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel Écran de veille, qui se présente comme « le mensuel pour résister aux fanatismes ».

On reproche à ce sondage de se « focaliser sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques ». Pour les avocats Raphaël Kempf et Romain Ruiz ce sondage distille « le poison de la haine dans l’espace public », renforçant « les amalgames ». (Lire le rapport ici et ce débat ici)

Être objectif en la matière c’est d’accepter que toutes les religions soient considérées de la même façon – ce qui en effet a été exclu ici. Mais avouez que ça ne change pas grand-chose à la réalité des pratiquants musulmans.

Vérifions :

- De fait le sondage incriminé rapporte qu’une majorité de pratiquants musulmans considèrent que les « lois du Coran » doivent l’emporter sur les lois républicaines (« volonté croissante de vivre dans une société française conforme aux principes islamiques »), et qu’ils doivent rejetter la science lorsqu’elle leur est opposée

Il y a encore beaucoup de points à noter qu’on retrouvera ici, mais finalement je ne vois pas de raisons de refuser la validité à ce sondage alors qu’on l’accepterait pour d’autres. Par contre il y aurait mauvaise foi à ne considérer que comme exclusivement musulmanes des opinions qui relèvent de la position de religions très diverse, à commencer par la chrétienté.

- Qui donc refuse aux femmes le droit de se débarrasser de l’enfant qu’elles portent dès la conception ? Et pour qui le monde a été créé en une semaine pas plus ? Si le christianisme ne semble pas concerné par ce sondage, c’est qu’implicitement on l’exclut de la société comme vision du monde obsolète. 

- Obsolète ? Demandons aux évangélistes américains ce qu’ils en pensent.

Par exemple, demandez-leur ce qu’ils pensent de Charlie Kirk.

dimanche 23 novembre 2025

Réveiller le patriote qui sommeille en nous – Chronique du 24 novembre

Bonjour-bonjour

 

 

Après l’appel a sacrifice venu du général Fabien Mandon, chef d’état-major des armées (voir ici), c’est le Président lui-même qui reprend le flambeau, affirmant «il faut une nation capable de tenir, d'être mobilisée ». (Lire ici) De son côté le général Pierre Schill, chef d'état-major de l'armée de Terre estimait que la mobilisation sur la base du volontariat d'une partie d'une classe d'âge pourrait servir à répondre aux besoins d’« acquérir la masse » nécessaire pour tenir dans la durée en cas de conflit.

 

- Mais l’essentiel n’est pas là. Voici le commentaire fait par Cédric Perrin (Les Républicains – Président de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense du Sénat) : « Tout ce qui peut participer à l'esprit de défense, à la résilience nationale et à exprimer le sentiment patriotique qui sommeille dans la population est positif ».

Et là, le pouvoir spécule sur l’ignorance populaire de l’état d’esprit dans lequel le service militaire était conçu lorsqu’il fut supprimé par Jacques Chirac. Symbole de l’idiotie érigée au rang de système de commandement, constamment contourné par les jeunes de la classe dominante servis par les règles du sursis, quant aux autres totalement incapables de servir l’armée faute de comprendre comment utiliser l’armement moderne, le service militaire début années 90 était très cher et ne rapportait rien. Mis entre parenthèses, cette regrettable référence est aujourd’hui « zappée » au profit d’un service dû à la Patrie soutenu par un patriotisme supposé présent dans le cœur de chaque français depuis bien des guerres. N’est-ce pas lui qui justifia l’héroïsme consistant à se faire hacher par la mitraille au sortir de la tranchée ?

Et c’est maintenant, en 2026, à l’époque des influenceurs et des réseaux sociaux, qu’on nous ressort ce patriotisme qui n’attendrait qu’un réveil au son du clairon ?

 - Il suffirait peut-être de distribuer de belles images aux petits enfants ?




samedi 22 novembre 2025

Le présent éclaire-t-il le passé ? – Chronique du 23 novembre

Bonjour-bonjour

 

Une découverte archéologique étonnante : « Une figurine en argile a été découverte dans le nord d’Israël : sculptée il y a 12 000 ans elle représente une femme enveloppée des ailes d’une oie, un duo qui éclaire d’un jour nouveau les croyances, les rituels et l’imaginaire symbolique des communautés natoufiennes. Une découverte rare, qui livre l’une des plus anciennes scènes d’interaction humain-animal connues à ce jour. » (Lire ici)

 


Figurine telle que découverte (à gauche) et restituée (à droite, couleurs établies d’après les pigments résiduels).

Façonnage en argile, cuit à 400 °C

 

Les chercheurs ont interprété cette petite figurine en affirmant qu’elle éclairait certaines croyances animistes ou mythes des peuples du Néolithique. « Une interprétation qui découle également de l'endroit particulier où a été découverte cette figurine : dans le fond d'une structure en pierre semi-circulaire remplie de dépôts cérémoniels. » (Art. cité)

 

- On pourra évoquer tant qu’on voudra la compétence des archéologues qui ont interprété cette statuette pour passer de l’état initial (à gauche) à l’état restitué (à droite) : on n’empêchera pas les profanes de rester sceptiques. Cette transformation est bien douteuse ; sans parler de la couleur, n’a-t-on pas fait preuve de beaucoup d’imagination pour restituer le visage de cette femme ? Et d’abord : est-ce bien une femme ?  Et quand on parle d’un « couple » humain-animal n’imagine-t-on pas un mythe sous-jacent, quelque chose dont nous n’avons aucune preuve ? N’a-t-on pas introduit une vision très contemporaine, que l’orignal ne contenait pas ? Y aurait-il eu « sur-interprétation » ? Qu’est-ce qui nous permet de faire une telle manipulation ? 

--> Nous voilà parvenus à la question cruciale : celle de la légitimité de cette restitution. Avec pour corolaire la condition suivante : nous supposons une continuité entre les humains de la préhistoire et nous ; nous supposons que la couleur de leurs cheveux, l’allure de leur corps étaient suffisamment semblables aux nôtres pour qu’on puisse les deviner à partir d’indices équivoques. Et puis on imagine qu’ils avaient tout comme nous besoin d’expliquer les évènements de leur vie et qu’ils avaient les mêmes stratégies de survie – comme d’inventer des animaux totems qui les protégeaient des aléas de la nature. La preuve en est qu’on va parfois jusqu’à utiliser la culture des derniers aborigènes existants pour expliquer des artefacts venus de lointaines civilisations. Comme si le temps historique et le temps préhistorique formaient une ligne continue sur laquelle les coutumes et les pratiques restaient identiques.

 

On peut approuver la méthode : reste qu’il faut la tenir pour hypothétique et suspecte de dérives de surinterprétation. J’en veux pour preuve les abus commis à propos des néanderthaliens supposés disposer d’une culture répondant à des problèmes analogues aux nôtres, comme si le présent pouvait éclairer le passé lointain.

vendredi 21 novembre 2025

Pour Nicolas Sarkozy, la prison c’est bon – Chronique du 22 novembre

Bonjour-bonjour

 

Est-il exercice plus vain, pour un chroniqueur, que de parler d’un livre qui n’est pas encore paru ? Et pourtant, le pari de pouvoir le faire sur la base d’une simple citation, divulguée par l’éditeur à titre de promotion, peut aussi paraitre raisonnable.

Je parle, vous l’aurez peut-être deviné, du livre de Nicolas Sarkozy qui va être publié « à chaud » au début du mois de décembre pour relater son expérience de l’enfermement à la prison de la Santé durant 3 semaines.

Voici donc ce passage diffusé sur X et repris un peu partout : « En prison, il n’y a rien à voir, et rien à faire. J’oublie le silence qui n’existe pas à la Santé où il y a beaucoup à entendre. Le bruit y est hélas constant. Mais à l’image du désert la vie intérieure se fortifie en prison. » Nicolas Sarkozy, Le journal d’un prisonnier. Disponible en précommande – Éditions Fayard. (En librairie le 10 décembre.) 

Il semble que l’ancien Président se propose de suivre la trace de Xavier de Maistre (le frère de Joseph de Maistre) auteur de Voyage autour de ma chambre, qui publia durant la Révolution française ces réflexions venues durant sa mise en quarantaine dans sa chambre (suite à un duel – voir ici) : on l’imagine ainsi méditant sur cette solitude si spéciale faite de murs infranchissables. Et puis avec l’allusion au désert, ce sont les moines anachorètes qui viennent à l’esprit. Par ailleurs on sait quel a été l’engouement pour ce livre durant le confinement du covid. 

Bref, on s’attend au récit d’une expérience spirituelle où Nicolas Sarkozy, victime de l’injustice (c’est du moins ainsi qu’il se présente désormais) transfigure son épreuve et gagne une autorité nouvelle : celle du sage dont la parole porte désormais au-delà des affrontements politiciens.

… Occasion quand même de récupérer l’investissement que représente le sacrifice de trois semaines de prison.

La prison ça peut rapporter gros, à condition de ne pas y rester trop longtemps

Ça ne vous rappelle rien ?

 


José Beauvais : 19 jours de prison.

jeudi 20 novembre 2025

La nouvelle Clio veille sur vous – Chronique du 21 novembre

Bonjour-bonjour

 

Oui, elle veille sur vous, et même elle vous surveille – Et gare à vous ! Si vous vous endormez à son volant elle prend elle-même les commandes et va garer votre véhicule.

Qui ça ?




La voilà ! C’est la nouvelle Clio de chez Renault, qui braque en permanence une caméra discrète sur le visage de celui qui s’installe à son volant :             

* Son œil numérique est implanté dans l’épaisseur du montant du pare-brise et fait partie de ce que son constructeur appelle « le système de surveillance avancée du conducteur ».

* Sa fonction ? « Détecter les signes de fatigue et de distraction » pour l’inciter à la pause. 

* En l’absence de toute réaction à ses injonctions répétées, le système ralentit d’autorité le véhicule jusqu’à l’amener à l’arrêt complet, sans aucune intervention humaine. 

 

… Un véritable tour de force pour les uns ; un cauchemar éveillé pour les autres.

Mais ce n’est pas tout : « assistant d’arrêt d’urgence, aide au freinage d’urgence, aide au maintien dans la voie, alerte de survitesse, la liste est longue : la Clio VI embarque jusqu’à 29 aides à la conduite. » (Lire ici)

 

- Cerise sur le gâteau : la Clio décerne même à l’issue de chaque trajet un « score de prudence » fondé sur l’observation de l’attitude du conducteur et des données relatives à la vitesse, aux trajectoires et aux distances de sécurité. Bilan : voilà une machine qui vous surveille, vous élimine lorsque vous ne vous comportez pas comme il faut, et qui vous colle au piquet avec le bonnet d’âne pour mauvaise conduite. C’est tout juste si elle ne vous dénonce pas à la maréchaussée pour qu’on vous pique votre permis – patience, ça viendra.

 

- Pas besoin de vous faire un dessin : pendant qu’on se lamente devant les progrès de l’IA qui va ramollir notre cerveau et faire de nous des larves que les Russes vont coloniser tranquilou (cf. post d’hier), nos ingénieurs concoctent des avancées technologiques pour non pas nous remplacer, mais nous éliminer sans retour possible - purement et simplement. 

Même les chinois ne l’ont pas encore !

mercredi 19 novembre 2025

Rétablir le service militaire – Chronique du 20 novembre

Bonjour-bonjour

 

Au congrès des maires de France, le général Fabien Mandon, chef d’état-major des armées, a appelé les élus locaux à préparer leurs populations, notamment en développant une "force d’âme", alors que pourrait se produire une guerre avec la Chine ou la Russie dans les prochaines années : la France doit selon lui se préparer à une guerre "dans trois ou quatre ans" (lu ici)

C’est autour de cette mystérieuse « force d’âme » que le message s’est étoffé : « Si la France dispose des capacités techniques et industrielles pour lutter, elle manque d’une "force d’âme pour accepter de (se) faire mal pour défendre la nation. Il faut accepter de perdre nos enfants, de souffrir économiquement. Si nous ne sommes pas prêts à cela, alors nous sommes en risque. Il faut en parler dans vos communes. »

Brrrr ! Nous voilà prévenus : nous qui allons bientôt fêter Noël avec nos enfants : profitons-en bien ! Car nous devons accepter l’idée de les perdre dans 3 ou 4 ans.

 

- Que faire ? Se tordre les mains et crier de colère contre le ciel, désespérément vide ? Mais non ! Préparons-nous à lutter dans le dénuement, à vivre dans des cabanes de branchage au fond des forêts, à fabriquer des pièges pour tuer les soldats ennemis, russes ou chinois.

Mais le discours de notre chef d’état-major comporte aussi une dimension politique : ce qui nous manque le plus c’est l’acceptation du mal et de la souffrance, exactement comme en France lors du Front populaire. On se rappelle qu’à l’époque Churchill avait promis aux anglais, depuis la tribune des Communes le 13 mai 1940 : « Je n'ai à offrir que du sang, du labeur, des larmes et de la sueur ». Et pendant ce temps-là la France se vautrait dans la joie des congés payés, des valses musettes le dimanche au bord de l’eau – la casquette en arrière.

 


Selon le général Mandon nous devons préparer nos enfants à affronter la guerre, en durcissant leurs conditions de vie : finies les petites gâteries, les matins au lit et les pétards de soirées. Mais pour en arriver là il leur faudra autre chose que ces parents anémiés par la jouissance de la vie d’occidentale.

--> Heureusement l’armée est là, et elle veille sur la virilité des français.

Est-ce pour cela qu'on parle avec insistance de rétablir le service militaire ?

mardi 18 novembre 2025

Budget : la recette grecque – Chronique du 19 novembre

Bonjour-bonjour

 

Je lis dans la presse de ce matin ceci : « La Grèce connait un taux de croissance élevé et elle a conduit une rigueur budgétaire très stricte, grâce auxquelles la République hellénique compte des milliards d’euros de solde budgétaire primaire, ce qui lui permet de rembourser ses créanciers par anticipation » (lire ici)

- Bien : on est content pour elle, mais nous voulons savoir à quel prix cette rigueur a permis de revenir dans des limites budgétaires applaudies par les marchés ? Car nous qui sommes dans une situation aussi peu brillante que la Grèce il y a quelques, années, nous risquons de devoir emprunter le même chemin pour revenir dans les limites de la bonne gestion des finances publiques.

Alors, tenez-vous bien : voici la recette grecque : 

« Les impôts ont été augmentés, et de nouveaux ont été créés, rappelle Joëlle Dalègre spécialiste du pays méditerranéen. De plus, de nombreuses privatisations ont eu lieu. 

De l’autre côté, les dépenses publiques ont fortement diminué » (Art. cité)

– Cela s’est traduit par : 

* une baisse des salaires des fonctionnaires de 30 %, leur 13e mois a été supprimé, ainsi que leur prime à Pâques. 

* Tous les droits sociaux, relevant du travail ou de la grève, ont été revus au nom de la flexibilité. 

* Du côté des retraites, elles ont diminué entre 20 % et 40 %, avec un départ à la retraite à 67 ans pour avoir toutes ses cotisations. 

* La Sécurité sociale a diminué de près de trois quarts depuis 2010. 

* Les Grecs gagnent toujours moins qu’avant 2010 alors que l’inflation a bondi

* Le pouvoir d’achat des Grecs est, dans les faits, proche de celui des Bulgares, le plus bas d’Europe. 

* Une génération de Grecs ne connaît que l’austérité, et « une partie de la jeunesse, de ses cerveaux, a fui » selon Joëlle Dalègre (Art. cité)

 

Vous comprenez peut-être mieux pourquoi nos élus ont tant de difficultés à voter le budget 2023 ?