jeudi 25 décembre 2025

Pour un Réveillon apaisé – Chronique du 26 décembre

Bonjour-bonjour

 

Comment éviter les disputes durant le Réveillon ?

On sait qu’il existe des « sujets qui fâchent », et que l’alcool souvent pris comme facilitateur d’ambiance joue au contraire un rôle excitant :

 


Oui, le vin (ou tout autre alcool) en désinhibant les gens les excite tant plus. Mais on sait à présent qu’il y a encore un autre excitant à éviter ce soir-là : c’est le paracétamol.

Selon Baldwin Way, neuroscientifique reconnu, « Ceux qui prennent du paracétamol ressentent moins d'anxiété face à l'augmentation du risque ». L'émotion négative associée au danger potentiel s'estompe sous l'influence du médicament. L'acétaminophène (= autre nom du paracétamol) agit bien au-delà du simple soulagement physique. Cette molécule modifierait notre ressenti émotionnel, notre empathie et même nos capacités cognitives. (Lire ici)

Bigre… Notre cerveau serait donc si sensible qu’il réagirait là où on ne l’attend pas lorsque des substances chimiques sont mises en circulation dans le sang ? Et que, outre l’alcool dont les effets sont connus et en partie recherchés, n’importe quel autre aliment ingéré pourrait aussi faire office de modificateur d’humeur ?

… Et si je mange du foie gras et du saumon fumé, ça fait quoi ? Car ce n’est pas parce qu’on n’a pas fait d‘études sur le sujet qu’il n’y a pas quelque chose à découvrir.

dimanche 21 décembre 2025

 Le Point du Jour se met en vacances pour Noël

Pas de publications avant le vendredi 26 décembre

Et d'ici là, joyeux Noël !

samedi 20 décembre 2025

Une brève histoire du Père Noël – Chronique du 21 décembre



Bonjour-bonjour

 

Laissant de côté les origines lointaines du Père Noël, je m’attacherai plutôt au « couple » que la tradition formait entre ce personnage et le Père Fouettard. Le rapport des adultes aux petits enfants est en effet bien ambigu dans ces légendes qui associent deux fonctions, parfois dans le même personnage, parfois dans deux différents : pour l’une il s’agit de récompenser les enfants obéissants d’un petit cadeau, pour l’autre de punir les rebelles, en les emportant dans un sac à la suite de quoi on ne le reverrait plus. 

On devine que le jour du passage de ces personnages, les enfants ne pouvaient savoir s’il fallait se réjouir ou trembler d’effroi.

C’est cette ambivalence voulue par les adultes qui fait question aujourd’hui : 

            * D’une part l’évaluation du comportement des enfants leur échappe totalement : jusqu’au dernier moment ils ne peuvent deviner comment ils ont été jugés : innocents ou coupables, la décision ne dépend même pas de leurs efforts, un peu comme les croyants qui ne savent pas si Dieu les absous ou les condamne. Le Procès de Kafka pourrait bien trouver ses racines ici.

            * D’autre part, la punition reste opaque : tout ce qu’on sait, c’est que les enfants désobéissants disparaissent dans le sac que l’un des personnages porte sur l’épaule – et la suite dépend de l’imagination : vont-ils finir dans le saloir du boucher ? Ou bien en enfer ? La seule certitude c’est qu’il n’y a pas de rémission.

Vous comprenez à présent pourquoi cette histoire est oubliée aujourd’hui : ça n’est pas « vendeur » : pas un sou à gagner avec une poupée du Père Fouettard.

vendredi 19 décembre 2025

Dieu se rit – Chronique du 20 décembre

Bonjour-bonjour

 

« Dieu se rit des créatures qui déplorent des effets dont elles continuent de chérir les causes ». Ce constat, attribué à Bossuet (1), devait être présent à notre esprit en cette saison de fête où nous allons aimer tout ce qui nous va nous faire du mal. On songe facilement à l’abus d’alcool auquel nous sommes invités, oubliant que nos organes, estomac ou foie ne sont pas plus grands durant les fêtes que le reste du temps.

Mais n'oublions pas que Bossuet désigne aussi un travers des hommes beaucoup plus universel. Songeons à l’attrait qu’exercent sur le peuple les charlatans qui se flattent d’augmenter les services publics tout en baissant les impôts. Ou bien qui permettent de consommer en repoussant à plus tard le moment de payer. Pour généraliser on pourrait remonter jusqu’à la Genèse : lorsque le serpent offre l’omniscience il spécule sur la légèreté d’Adam et d’Eve qui oublient les conséquences de leur geste. N’est-ce pas là le sens du péché originel ?

 

Michel Ange -  Chapelle sixtine


Bossuet va encore plus loin : alors même que la sanction est tombée, les pécheurs supplient pour qu’on les épargne, mais ils ne promettent nullement d’y renoncer.

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(1) Il s’agit en réalité de la paraphrase de cette citation : « Mais Dieu se rit des prières qu’on luy fait pour détourner les malheurs publics, quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer. » Jacques Bénigne Bossuet, Histoire des variations des Églises protestantes, vol. I, livre IV, p. 149.

jeudi 18 décembre 2025

7 minutes de sécurité – Chronique du 19 décembre

Bonjour-bonjour

 


Devant la commission culturelle du Sénat Laurence des Cars a tenu à rassurer : au Louvre, la fenêtre par où les cambrioleurs sont passés va être de nouveau pourvue de grillage. En effet, depuis 2003, date à laquelle ce dispositif avait été retiré, on n’avait semble-t-il pas jugé nécessaire de s’en protéger de nouveau. Il est vrai que le directeur de département des objets d’arts, qui avait participé à cette rénovation, avait dit à l’automne 2021, que « la galerie d’Apollon était sécurisée avec les nouvelles vitrines ». (Art. cité ici)

 

- Occasion rappeler une petite expérience que chacun peut faire : aller chez Décathlon pour acheter un antivol de vélo. Dans ce magasin ces accessoires sont classés selon un indice temporel : chacun est défini par le temps nécessaire aux voleurs pour les faire sauter et s’emparer du vélo. Autrement dit, on n’achète pas la sécurité, mais une certaine durée de sécurité. 

--> Appliqué à la galerie d’Appolon, un tel critère aurait mentionné : 7 minutes.

 

Ce constat est cruel et on pourrait s’en contenter. Mais il comporte aussi une certaine « philosophie de la sécurité » qui a semble-t-il fait défaut à la direction du Musée. Il s’agit en effet d’être conscient que la sécurité n’existe pas en soi, qu’elle n’est qu’un rapport entre des moyens de défense et ceux dont disposent les malfaiteurs. Quand les fameuses vitrines ont été mises en place en 2021, on les a crues inviolables. Mais comment le savait-on ? A-t-on cru que c’était dans l’essence de ces meubles que résidait leur inviolabilité ? Sans doute. Mais on l’a vu, la sécurité n’est qu’un rapport entre la solidité des vitrines et la puissance des outils des malfrats. On n’a pas cru nécessaire de tester un spécimen de ces vitrines en le confiant à un brioleur bien outillé.

Quelqu’un qui disposerait de ça :   

 


Disqueuse à béton, disponible chez Amazon.

mercredi 17 décembre 2025

Profs, soyez un peu plus corporate – Chronique du 18 décembre

Bonjour-bonjour

 

Revenons un instant grâce à cet article sur le décalage entre les résultats du privé et ceux du public dans les établissements scolaires.

Observant les meilleurs performances réalisées par les élèves du privé, on estime habituellement que le recrutement est responsable de cet écart : le privé sélectionne ses élèves, alors que dans le public on ne laisse personne sur le trottoir.

Autrement dit, les établissements privés – qui accueillent un public en moyenne plus favorisé – obtiennent logiquement de meilleurs scores aux tests de niveau.

Toutefois, au fil de la scolarité, un autre constat apparaît. Du début à la fin du collège, les élèves scolarisés dans un établissement privé progressent plus que ceux du public, à milieu social comparable. Outre le niveau social dont les effets sont prévisibles, un autre élément favorise donc la progression des élèves – et en particulier de ceux qui étaient initialement les plus faibles. Et ça, l'enseignement public ne sait pas faire : d’où vient donc cet écart ?

 

Une réponse pourrait bien consister dans l’observation suivante : le libre recrutement des enseignants, qui permet de constituer dans les établissements privés des équipes pédagogiques plus cohérentes et plus stables que dans les établissements publics, potentiellement mieux alignées sur un projet éducatif commun, peut là aussi soutenir un niveau d'exigence plus élevé.

On imagine que dans chaque établissement, qu’il soit privé ou public des équipes enseignantes prennent en charge les élèves, chacun prof connaissant le comportement de ses élèves chez lui, mais aussi avec aussi les profs des autres disciplines – facilitant la compréhension et le suivi de leurs difficultés. 

Mais quelle erreur ! On se trouve le plus souvent dans des établissements de début de carrière où les profs n’ont qu’une idée en tête : partir vers des établissements mieux lotis où la carte scolaire assure un enseignement plus paisible et plus efficace – laissant en plan des équipes auxquelles ils n’ont jamais vraiment participé parce qu’ils n’y ont jamais vraiment cru. Ajoutons que parvenus dans des établissements de bon niveau, le pli de l’individualisme est déjà pris : adieu projet pédagogique et équipes adaptées.

Mais ce n’est pas tout : je crois que les établissements privés offrent à leurs enseignants une meilleure « surface » pour accrocher un « esprit d’entreprise ». On est prof – par exemple – du Sacré cœur, établissement où on est élève de père en fils. Et puis, pour le montrer on porte fièrement l’uniforme du collège

Dans l’enseignement aussi il est bon d’être un peu corporate.

mardi 16 décembre 2025

Effet des écrans : l’assassin court toujours – Chronique du 17 décembre

Bonjour-bonjour

 

La mode est aux dénonciations des effets délétères des écrans – de smartphone en particulier – dont sont victimes les enfants qui en font un usage abusif et précoce.

En vrac : « les études pointent une réduction de l’espérance de vie, un risque accru d’obésité, de diabète de type 2 et d'affections cardio-vasculaires. Mais aujourd’hui se pose la question des traces psychiques que ces usages peuvent laisser sur les enfants et les adolescents. Les études que l'on a montrent que l’utilisation des écrans est corrélée à des retards de la parole, du langage, à des troubles de l'interaction, à des difficultés et à des retards sur le plan psychomoteur. » (Lu ici)

 


Comme ce texte est sérieux, on ne dit pas que les écrans causent tout ceci, mais que leur utilisation est corrélée à certains de ces effets.

Expliquons : une corrélation est un rapport, une relation de dépendance entre deux choses, deux évènements, deux concepts dont l'un est lié à l'autre. On a affaire à des relations logiques et non à des lois explicatives, ce qui fait une sacré différence. Par exemple, voyez la corrélation entre le niveau de délinquance et le milieu social d'origine.

Par contre la causalité est la relation qui s'établit entre une cause et son effet : la cause est ce qui produit quelque chose, ce qui en est à l'origine. L'effet est ce qui est la conséquence – comme par exemple la santé et l’exercice physique.

Certains diront : « Qu’importe, après tout. Si la suppression des écrans permet aux enfants de développer normalement leur cerveau, supprimons-les et tout rentrera dans l’ordre. »

Oui – mais non. Car dans ce cas on ignorera toujours la véritable cause des désordres signalés, qui certes ne se manifesteront plus, mais qui ne touchera pas à la cause véritable, la quelle pourra produire de nouveaux désordres ignorés jusqu’alors.

Et quelle serait cette cause occulte ? La petite goute de dopamine que notre cerveau sécrète lors de l’usage des écrans et que nous rechercherons ailleurs si jamais elle venait à manquer.

N’importe quel acte compulsif pourrait alors remplacer nos écrans-chéris.