lundi 1 décembre 2025

L’IA : ce n’est pas parce que c’est déjà fait qu’il ne faut rien faire – Chronique du 2 décembre

Bonjour-bonjour

 

En 1925 les jeunes qui passaient le certificat d’études devaient répondre à ce questionnaire :

 


 

- Aujourd’hui, plus personne ne saurait répondre correctement à ces question – plus encore : chacun prendrait son smartphone et questionnerait Google, avec les réponses obtenues dans la seconde. – Éventuellement il interrogerait chatGPT pour une réponse plus charpentée.

 

Y a-t-il un inconvénient à procéder ainsi ? Aucun, sous réserve bien entendu d’avoir du réseau partout et toujours. Le rôle du certif’ était de vérifier que les jeunes de 11 à 13 ans disposaient d’un savoir de base leur assurant une bonne capacité à faire face aux besoins de la vie quotidienne (on suppose que la connaissances des difficultés financières sous Louis XV faisaient alors partie de ce bagage nécessaire)

- Et aujourd’hui ? A quoi bon se donner le mal d’apprendre ce qu’on peut savoir à tout moment simplement avec son smartphone ? (1) Certes, s’il s’agit d’un savoir ponctuel comme le nom de la préfecture de la Saône-et-Loire (cf. document) : il suffit de posséder la machine qui saura à notre place. Mais il y a des connaissances plus « structurantes », qu’on doit patiemment reconstruire en suivant le procédé de leur découverte pour les comprendre parfaitement et pouvoir les utiliser.

Si on demande à chatGPT de faire un exposé à notre place, à supposer qu’on ait à soutenir ensuite l’exposé, ça sera impossible si on n’a pas fait personnellement ce chemin de compréhension.

Autrement dit, l’IA : c’est comme la pub pour « la cuisine de Marie » (= plats surgelés) : « ce n’est pas parce que c’est déjà fait qu’il ne faut rien faire »

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(1) À lire : de Laurent ALEXANDRE, Olivier BABEAU – Ne faites plus d’études : Apprendre autrement à l'ère de l'IA(Ed. Buchet Chastel) Ce livre qui sort ces jours-ci nous met en garde : évitons de nous investir dans des études devenues inutiles, réservons nos efforts pour une autre façon d’apprendre.

dimanche 30 novembre 2025

Les guerres hybrides et l’art de la guerre de Sun Tzu – Chronique du 1er décembre

 


 

Bonjour-bonjour

 

Un ouvrage chinois datant de 2500 ans est en tête des ventes en librairies ; vous l’aurez peut-être déjà remarqué tant ses éditions de luxe retiennent l’œil. Il s’agit de L’art de la guerre de Sun Tzu, sous-titré :  comment vaincre en évitant le combat.

« Nourri de culture taoïste, Sun Tzu incite à utiliser le potentiel général des situations en intervenant le moins possible sur le champ de bataille. On fait plus pour nuire au potentiel d’un adversaire en sapant son plan qu’en tuant ses soldats. » précise cet article.

Bien entendu le succès de cet ouvrage en 2025 renvoie aux conflits actuels où des armées s’affrontent à coup de canons laissant un sillage de sang et de chair consumée. La question de savoir si la culture chinoise pourrait nous montrer comment, sans faire appel à la diplomatie, mais dans un affrontement sans armes obtenir l’affaiblissement de l’ennemi et son retrait du front des combats. Cela, Sun Tzu l’explique dans sa perspective Taoïste, et l’auteur de l’article cité montre que les concepts mis en œuvre par Sun Tzu sont opérants pour les conflits où la Chine actuelle se trouve engagée, particulièrement autour de Taiwan.

Mais la lecture de Sun Tzu est sans doute opérante ailleurs que dans les conflits impliquant la Chine. Si nous prenons le cas des guerres hybrides menées en particulier par le Kremlin, qui consistent à déstabiliser par tous les moyens les pays ennemis afin de les affaiblir, on peut les comprendre grâce au concept de « wuwei » qui explique, selon l’Art de la guerre, comment cultiver la situation où se trouve l’ennemi pour l’amener sans combats à capituler sans recours à la violence en stimulant simplement une tendance déjà à l’œuvre. Ainsi, quand les agitateurs russes nous donnent à croire faussement que l’antisémitisme est une force agissante chez nous, ou que nos dirigeants sont corrompus, font-ils autre chose qu’aggraver des failles déjà ouvertes chez nous ?

Alors, oui : (re)lire l’Art de la guerre est une bonne précaution si l’on veut se préparer à affronter nos ennemis en 2026.

samedi 29 novembre 2025

Surprise ! – Chronique du 30 novembre (2)

Bonjour-bonjour

 

Ouiiiiii ! Demain on pourra ouvrir la première case du calendrier de l’Avent – vous savez ces calendriers pourvus de 24 cases à ouvrir chaque jour du 1er au 24 décembre pour trouver un petite surprise et patienter ainsi jusqu’à Noël ? 

On pourrait se lamenter de voir cette coutume chrétienne (il s’agit d’attendre la célébration de la naissance de Jésus) devenir objet de consommation allant du plus banal (des chocolats pour les bambins) au plus trivial (des saucissons ou des produits de beauté pour monsieur/madame).

Mais je trouve plus intéressant de relever l’importance révélée ici de la « surprise ». 

La surprise, qui procure une joie inattendue, est en effet à la source du plaisir procuré par le calendrier de l’avent : chaque jour une petite case doit être ouverte, révélant un cadeau qui va, comme nous venons de le dire, du chocolat à la tranche de saucisson.

C’est ainsi que ce calendrier permet de calmer l’impatience d’être le 25 décembre pour jouir des cadeaux. Les petits cadeaux du Calendrier sont ressentis comme étant la petite monnaie des gros cadeaux qu’on trouvera sous le sapin le jour de Noël.

On peut trouver puéril le charme de la surprise quotidienne ; c’est pourtant là un des petits bonheur de la vie, chose que les amoureux savent réserver à leur aimé(e) : lui offrir une surprise chaque jours, quand bien même ce serait un bisou inattendu.

... Où ça le bisou ? Chut ! C'est une surprise !

Divorcés mais toujours dans le même lit – Chronique du 30 novembre (1)

Bonjour-bonjour

 

Le crise du logement est endémique en France avec des conséquences parfois surprenantes.

Ainsi de ces couples séparés mais contraints de vivre ensemble à cause de la crise du logement. Sachant que la cohabitation peut aller du canapé dans le salon jusqu’au partage … du même lit. (Lire ici)

On ne manquera pas de relever que cette situation constitue une limite : car, et c’est peut-être là le plus significatif, l’arrêt des relations sexuelles apparait comme la marque distinctive de la rupture matrimoniale.

En effet, lorsqu’un homme et une femme ne forment plus un couple, ils peuvent continuer a avoir des relations tout à fait amicales, surtout s’ils ont des enfants – sauf qu’ils n’ont plus de rapports sexuels. Lisez plutôt : « C’est une vie de famille : on a les mêmes habitudes, nos moments de joie, on part en vacances tous les quatre. On n’a juste pas de rapports sexuels » (raconte Maéva qui passe ses nuits sur le canapé du salon - Art. cité) 

 


La sexualité est donc le passage obligé des relations de couple et la survivance tenace de l’idée que le devoir conjugal se résume à cela en est la preuve.

Occasion de réfléchir à l’importance de ces rapports dits « intimes » : on pense que la diffusion des procédés contraceptifs a changé la donne : la procréation était jusque-là toujours liée à l’acte sexuel, au point que Freud lui-même n’hésitait pas à définir la perversion comme le fait d’avoir des rapports sexuels ne débouchant pas sur l’éventualité de la procréation (1).

Mais est-ce que ça change vraiment quelque chose aux relations entre un homme et une femme engagés dans une relation de couple ? Ma génération avait inventé « l’Union libre » et aujourd’hui on se vante de pratiquer le « polyamour » : s’il est vrai qu’on définit la rupture par le fait de ne plus avoir de sexualité commune, alors on se dit que ces pratiques, bien que consenties, ne peuvent pas vraiment porter la marque d’une nouvelle conception de la vie à deux.

Certains pensent que c’est là un fait de civilisation, et qu’on pourrait tout aussi bien dire que la fidélité matrimoniale consiste non à copuler toujours avec la même personne mais à consommer exclusivement la cuisine qu’elle mitonne.

En effet ; seulement ce n’est pas comme cela que les choses se passent.

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(1) Perversion : « Déviation par rapport à l'acte sexuel “normal”, défini comme coït visant à obtenir l'orgasme par pénétration génitale, avec une personne du sexe opposé » (Laplanche, Pontalis, 1978, p. 307).

vendredi 28 novembre 2025

Pilotage d’Airbus – Chronique du 29 novembre

Bonjour-bonjour

 

On apprend aujourd’hui que plusieurs milliers d’Airbus vont rester au sol, le temps de remplacer un logiciel de commandes. Voyez : « Airbus a notifié ce vendredi 28 novembre à l'ensemble de ses clients utilisant ce logiciel de commande "d'arrêter immédiatement les vols" après l'analyse d’un incident technique qui a "révélé que des radiations solaires intenses pourraient corrompre des données essentielles au fonctionnement des commandes de vol ». (Lu ici)

 

Quand on pilote un avion comme Airbus, que fait-on ? On agit sur des bouts de ferraille qui tirent ou qui poussent des câbles afin de déplacer des pièces de commandes ? Comme le frein à main de ma voiture, qui ressemble à ça : 

 


Frein à main d’automobile – Remarquez la crémaillère

 

On va pinailler parce qu’il n’y a pas de frein à main dans un avion. Et alors ? De toute façon les pilotes n’agissent jamais que sur des ordinateurs qui recueillent, interprètent et transforment les ordres en signaux, qui vont à leur tour faire réagir des commandes asservies à l’ordinateur. Autrement dit, l’homme n’agit pas sur la machine, il a besoin d’une autre machine pour faire l’interface avec son avion. Et d’ailleurs, aujourd’hui toutes nos machines sont asservies comme cela, ce qui fait que de « faibles femmes » conduisent à présent des bus qui font 20 mètres de long – voire des camions de 38 tonnes.

 

- Notre univers est un univers de machines, lorsque je tends la main, je n’agis que sur des systèmes d’asservissement numérisés et automatisés. Mais ce n’est pas tout : jusqu’à présent, c’est mon propre corps qui appuyait sur le bouton de commande, via des neurones, des muscles et des tendons. A présent mes neurones agissent sur une machine qui porte le mouvement en lui conférant la force nécessaire pour agir. On appelle ça un « exosquelette »

 


Ça, c’est l’exosquelette NOONEE, qui est une chaise exosquelette permettant l’alternance de posture assis-debout. (

Vu ici)

 

Assister nos gestes les plus communs de notre corps, c’est l’asservir à la machine : que ferons-nous lorsqu’elles tomberont en panne ? Imaginez des hackers ennemis qui paralysent tous nos exosquelettes en sabotant nos logiciels ? Nous ne saurons même plus lever la main pour nous gratter le nez.

jeudi 27 novembre 2025

Le spiritualisme scientifique – Chronique du 28 novembre

Bonjour-bonjour

 

Ce matin, alors que je visitais les news sélectionnées par Google pour moi-tout-seul, je tombe sur une info qui – à son tour – m’a fait tomber de ma chaise. Voyez plutôt : « Une physicienne formule mathématiquement ce qu’Einstein pressentait : la conscience précède la matière »

Et de poursuivre : « Le temps, l’espace, la matière ne seraient que des manifestations secondaires d’un champ de conscience fondamental. » 

A qui donc doit-on cette découverte ? Il s’agit de Maria Strømme, « scientifique rigoureuse, spécialisée en nanotechnologie et science des matériaux à l’Université d’Uppsala (Suède). » (Lire ici)

 

Bon. Je devine que la revue « Sciencepost » – qui se présente comme « magazine d’actualité et de vulgarisation scientifique » – est en train de broder sur un champs théorique bien plus limité relevant des mathématiques pures, lorsque les scientifiques se risquent à franchir les bornes de l’observation pour faire fonctionner les équations selon les seules lois des mathématiques. Beaucoup de découvertes fondamentales ont été faites à partir de là ; beaucoup d’erreurs aussi. La science progresse ainsi : pourquoi s’en étonner ?

- C’est qu’on est quand même frappé par la ressemblance entre ces hypothèses et les cosmologies orientales, telles que l’Inde nous en a donné l’exemple. Selon elles il existe une entité non matérielle, semblable à ce qu’on appelle usuellement « l’esprit » – et ici rebaptisée « conscience » – qui est une substance s’étendant de manière indifférenciée de l’Univers à l’individu, le quel n’en est en fait qu’une aliénation : l’esprit universel est piégé dans la différenciation du corps, fait de matière par laquelle l’individu se sépare du Grand Tout.

- Et que dit notre physicienne selon SciencePost ? « Dans ce cadre théorique, les consciences individuelles ne sont pas des îlots isolés produits par des cerveaux séparés. Elles constituent des portions d’un champ de conscience plus vaste et interconnecté, comparable à des vagues à la surface d’un océan unique. Notre sentiment de séparation, notre impression d’être des entités distinctes, découlerait d’une perception limitée de cette réalité unifiée. »

C’est un simple décalque des philosophies orientales qu’on prétend cautionnées par la science du seul fait qu’elles sont introduites dans un champs d’investigation mathématisé.

Pas besoin de se fatiguer les neurones : les Vedas avaient déjà prévu la venue de Jésus Christ ; ils ont bien pu deviner aussi qu’Einstein viendrait aussi.

mercredi 26 novembre 2025

L’art de cambrioler expliqué aux débutants – Chronique du 27 novembre

Bonjour-bonjour

 

On découvre aujourd’hui qu’un rapport d’experts, chargés de relever les faiblesses du Louvre devant les risques de cambriolages, pointait en 2018 la vulnérabilité présentée par… le balcon de la galerie Apollon, là où les cambrioleurs sont passés le 19 octobre dernier. Fait troublant les experts imaginaient même un vol commis grâce à une nacelle comme cela s’est effectivement produit. (Voir ici)

 


Terrible constatation : personne au Louvre ne semblait au courant de ce rapport produit, rappelons-le il y a 7 ans. La direction assure ne l'avoir découvert qu'après le vol ; quant à la police elle ignorait également ce fait ; elle demande aujourd’hui qu’on lui transmette ce document.

- Car en effet, le trouble redouble quand on imagine que, peut-être, les voleurs avaient eu communication de ce document qui leur aurait alors donné l’idée de la procédure utilisée.

Il serait piquant d’imaginer que seuls ceux dont on voulait se défendre auraient eu connaissance des moyens à utiliser pour commettre leur forfait.

Le philosophe invité à méditer sur ce propos, s’interroge : et si ce raté révélait qu’en réalité les responsables de programmes d’action ne se souciaient pas du tout de la réalité pour ne songer qu’à leur projet ? Entre ceux qui connaissent le réel et ceux qui entreprennent de le changer, il y aurait un fossé que personne ne songe à combler.