Au
rassemblement de Fréjus, Marine Le Pen a d’abord et avant tout retrouvé le
timbre identitaire et anti-migratoire cher à l’ex-Front national. « La
submersion de l’Europe et la submersion silencieuse de la France. (…) Aucun
village français, même le plus reculé n’est plus à l’abri », a-t-elle tempêté
devant une salle bleu-blanc-rouge entonnant les « On est chez nous » au rappel
de ses fondamentaux.
Les
observateurs politiques font remarquer que pour le Rassemblent national
(ex-FN), « incarner les attentes de l’opinion » permet de faucher davantage de
voix à l’adversaire. (Lire ici).
Comment
séduire l’opinion publique, au point de l’amener à donner ses votes au parti
national ? Et plus généralement, comment conquérir le pouvoir sans user de
la violence ? Cette interrogation, les candidats au pouvoir se la posent
depuis que les cités existent, c’est à dire depuis au moins le monde grec
antique. Certes, Machiavel a expliqué comment user de la violence pour accéder
au pouvoir. Mais qui est venu par la violence risque de périr par la
violence : l’histoire de l’épée de Damoclès montre qu’à tout instant le
tyran peut être détruit par un ennemi imprévu (lire ici). Par contre celui qui
est soutenu par la masse du peuple, pourra se sentir d’avantage en sécurité.
C’est ainsi
que Platon fulmine contre le sophiste démagogue qui enseigne ce qui plait à la
grosse bête de l’opinion (1) Au fond, même si Platon est un aristocrate voulant
maintenir les privilèges de la caste dominante, il met quand même le doigt sur
un point essentiel qui n’a pas changé depuis 2500 ans : ce que « nous »
demandons (et Platon englobe dans ce « nous » tous ceux qui ne sont pas
philosophes) à « ceux qui savent », ce n’est pas de nous enseigner ce
qu’on ignore, mais seulement que nous
– qui ne savons rien – avons tout de même raison.
Le principe
est le suivant : nous ne demandons pas à entendre ce qui est vrai, mais
seulement ce qui nous plait.
Ceux qui font
cela n’ont pas grand mérite : la foule leur souffle leur discours, il n’y
a plus qu’à trouver une voix qui le porte suffisamment.
Ce n’est pas
difficile, sauf pour ceux qui ont une conscience morale un peu tatillonne.
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(1) Platon République VI, 493a‑494a
(1) Platon République VI, 493a‑494a
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