samedi 22 septembre 2018

ALORS AU FINAL PARCOURSUP FAIT-IL MIEUX QU'APB?

Lors du premier été de son quinquennat, Emmanuel Macron avait annoncé, dans Le Point, «une révolution de l’éducation» et le cap de son action : parmi les « impostures » auxquelles il compte bien mettre fin, celle « d’un pays inégalitaire, mais qui ne fait pas sa place au mérite». (Lu ici)

- Les propos du Président sont on ne peut plus clairs : il ne s’agit pas de supprimer les inégalités, mais de faire en sorte que seules les inégalités de talent soient productives.
Discours qui fait tâche dans un décor habituellement égalitariste : on imagine que « des chances égales pour tous » signifie aussi des diplômes également valables ; mais ce n’est pas tout à fait cela qu’on entend à présent dans les discours du pouvoir. Mais ne l’oublions pas : cet éloge du mérite est bien reçu dans les classes défavorisées qui ne demandent qu’une chose : ils veulent bien qu’il y ait une élite à condition que leurs enfants y aient accès.

Mais il y a une autre caractéristique qui signale l’originalité de Parcoursup.
- En faisant leurs vœux sur Parcoursup, les candidats ne peuvent pas hiérarchiser leur choix, et ils s’engagent d’avance à aller non pas où ils le souhaitent, mais là où leur donne une place.
N’est-on pas alors dans la même situation que le jeune chômeur diplômé d’horticulture à qui Emmanuel Macron conseille de se faire embaucher dans un restaurant pour faire de la plonge, parce que là, il n’y a qu’à traverser la rue pour trouver un emploi ?
On se retrouve alors dans la situation de l’individu subordonné  à la collectivité : que nous importe que tu souhaites être horticulteur si nous n’en avons pas besoin ? Fais-toi plongeur de restaurant même si tu n’as pas la vocation pour ça, car la France a besoin de jeunes gens qui acceptent de mettre les mains dans l’eau de vaisselle.
C’est avec cette désinvolture qu’on  traite donc ces jeunes bacheliers qui sont à une charnière très importante de leur vie – car Parcoursup va orienter leur vie de façon durable, peut-être définitive.
Notre Président, comme quelques autres, a eu plusieurs fois dans sa vie à faire un tel choix : carrière de philosophe, carrière de banquier, carrière politique – et ce n’est peut-être pas fini.

Et si notre statut social se définissait par le nombre et le contenu des choix qui nous permettent d’orienter notre existence ?

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