Lors du
premier été de son quinquennat, Emmanuel Macron avait annoncé, dans Le Point, «une révolution de l’éducation»
et le cap de son action : parmi les « impostures » auxquelles il compte bien
mettre fin, celle « d’un pays inégalitaire, mais qui ne fait pas sa place au
mérite». (Lu ici)
- Les propos
du Président sont on ne peut plus clairs : il ne s’agit pas de supprimer
les inégalités, mais de faire en sorte que seules les inégalités de talent soient productives.
Discours qui
fait tâche dans un décor habituellement égalitariste : on imagine que « des
chances égales pour tous » signifie aussi des diplômes également valables ;
mais ce n’est pas tout à fait cela qu’on entend à présent dans les discours du
pouvoir. Mais ne l’oublions pas : cet éloge du mérite est bien reçu dans
les classes défavorisées qui ne demandent qu’une chose : ils veulent bien qu’il
y ait une élite à condition que leurs enfants y aient accès.
Mais il y a
une autre caractéristique qui signale l’originalité de Parcoursup.
- En faisant
leurs vœux sur Parcoursup, les candidats ne peuvent pas hiérarchiser leur choix,
et ils s’engagent d’avance à aller non pas où ils le souhaitent, mais là où leur
donne une place.
N’est-on pas
alors dans la même situation que le jeune chômeur diplômé d’horticulture à qui
Emmanuel Macron conseille de se faire embaucher dans un restaurant pour faire
de la plonge, parce que là, il n’y a qu’à traverser la rue pour trouver un
emploi ?
On se
retrouve alors dans la situation de l’individu subordonné à la collectivité : que nous importe que
tu souhaites être horticulteur si nous n’en avons pas besoin ? Fais-toi plongeur
de restaurant même si tu n’as pas la vocation pour ça, car la France a besoin
de jeunes gens qui acceptent de mettre les mains dans l’eau de vaisselle.
C’est avec cette
désinvolture qu’on traite donc ces
jeunes bacheliers qui sont à une charnière très importante de leur vie – car
Parcoursup va orienter leur vie de façon durable, peut-être définitive.
Notre
Président, comme quelques autres, a eu plusieurs fois dans sa vie à faire un
tel choix : carrière de philosophe, carrière de banquier, carrière politique
– et ce n’est peut-être pas fini.
Et si notre
statut social se définissait par le nombre et le contenu des choix qui nous
permettent d’orienter notre existence ?
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