De janvier à
novembre 2017, la sociologue Janine Mossuz-Lavau a sillonné l’Hexagone pour
discuter longuement de sexualité avec des hommes et des femmes, de 19 à 85 ans,
Elle a aussi
rencontré des couples qui n’ont plus de vie sexuelle, un sujet « tabou » dans
notre société.
« -
Pourquoi est-ce le dernier tabou dans notre société de plus en plus libérée
selon vous ?
- C’est
tabou, les gens qui n’ont pas de vie sexuelle n’en parlent pas autour d’eux.
D’ailleurs ils offrent parfois l’image d’un couple parfait. Dans notre société
plus sexualisée, où l’on valorise le plaisir, le bonheur, cela peut être
ressenti comme dévalorisant. Ce n’est pas glamour d’en parler ». (Voir ici)
On dit que la
vie consiste à repasser les mêmes séquences à différentes périodes. Ce qu’on
oublie de dire c’est qu’en plus on les rejoue à l’envers, c’est à dire en
inversant le sens. Ainsi de l’activité sexuelle, autrefois taboue, car on ne
parlait d’elle qu’entre intimes et encore, à mots couverts. Or, voici
qu’aujourd’hui, c’est de la continence qu’il est honteux de parler, et non pas
de la chasteté recherchée pour la pureté qu’elle apporte, mais simplement pour
celle qui surgit quand le désir disparaît. Ce qui est honteux, ce n’est pas de
manquer de partenaire consentant, mais plutôt de manquer de désir. D’ailleurs
il y a des sexologues qui existent pour soigner ce trouble de la sexualité, car
– oui : ne plus avoir envie de copuler, est devenu une pathologie.
Notre
sociologue l’explique très directement : avoir une vie sexuelle, c’est
« le plaisir, le bonheur » ;
comment pourrait-on ne pas désirer de tels états ? Etre malheureux, oui,
ça peut arriver ; mais chercher à ne pas être heureux, c’est simplement
impensable ; ou plus simplement, lorsque ça arrive, ne pas en souffrir, là
déjà on ne comprend plus.
Tout cela
repose sur l’idée implicite ici, que sexualité = bonheur, car orgasme =
jouissance totale et absolue. D’ailleurs, nous n’avons pas de mots assez forts
pour décrire ce plaisir, au point qu’il semble qu’aucun autre plaisir ne vaille
à côté de celui-là. Du reste, en prison, est-on simplement privé de la liberté
de se déplacer comme bon nous semble ? Non, bien sûr : en prison,
c’est de la sexualité que les prisonniers sont privés et pour la tranquillité
des maison d’arrêts, les surveillants ferment l’œil sur ce qui se passe dans
les douches. Et comme on le sait, il y a bien des bébés qu’on appelle
« bébés parloir ».
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