samedi 15 septembre 2018

« NE PAS AVOIR DE VIE SEXUELLE EST TABOU, ON N'EN PARLE PAS» EXPLIQUE JANINE MOSSUZ-LAVAU

De janvier à novembre 2017, la sociologue Janine Mossuz-Lavau a sillonné l’Hexagone pour discuter longuement de sexualité avec des hommes et des femmes, de 19 à 85 ans,
Elle a aussi rencontré des couples qui n’ont plus de vie sexuelle, un sujet « tabou » dans notre société.
« - Pourquoi est-ce le dernier tabou dans notre société de plus en plus libérée selon vous ?
- C’est tabou, les gens qui n’ont pas de vie sexuelle n’en parlent pas autour d’eux. D’ailleurs ils offrent parfois l’image d’un couple parfait. Dans notre société plus sexualisée, où l’on valorise le plaisir, le bonheur, cela peut être ressenti comme dévalorisant. Ce n’est pas glamour d’en parler ». (Voir ici)

On dit que la vie consiste à repasser les mêmes séquences à différentes périodes. Ce qu’on oublie de dire c’est qu’en plus on les rejoue à l’envers, c’est à dire en inversant le sens. Ainsi de l’activité sexuelle, autrefois taboue, car on ne parlait d’elle qu’entre intimes et encore, à mots couverts. Or, voici qu’aujourd’hui, c’est de la continence qu’il est honteux de parler, et non pas de la chasteté recherchée pour la pureté qu’elle apporte, mais simplement pour celle qui surgit quand le désir disparaît. Ce qui est honteux, ce n’est pas de manquer de partenaire consentant, mais plutôt de manquer de désir. D’ailleurs il y a des sexologues qui existent pour soigner ce trouble de la sexualité, car – oui : ne plus avoir envie de copuler, est devenu une pathologie.
Notre sociologue l’explique très directement : avoir une vie sexuelle, c’est « le plaisir, le bonheur » ; comment pourrait-on ne pas désirer de tels états ? Etre malheureux, oui, ça peut arriver ; mais chercher à ne pas être heureux, c’est simplement impensable ; ou plus simplement, lorsque ça arrive, ne pas en souffrir, là déjà on ne comprend plus.

Tout cela repose sur l’idée implicite ici, que sexualité = bonheur, car orgasme = jouissance totale et absolue. D’ailleurs, nous n’avons pas de mots assez forts pour décrire ce plaisir, au point qu’il semble qu’aucun autre plaisir ne vaille à côté de celui-là. Du reste, en prison, est-on simplement privé de la liberté de se déplacer comme bon nous semble ? Non, bien sûr : en prison, c’est de la sexualité que les prisonniers sont privés et pour la tranquillité des maison d’arrêts, les surveillants ferment l’œil sur ce qui se passe dans les douches. Et comme on le sait, il y a bien des bébés qu’on appelle « bébés parloir ».

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