"La
redéfinition de l'échelle des peines devrait (...) faire baisser [la population
carcérale] de 8000 personnes une fois mise en place", affirme Nicole
Belloubet (Voir ici)
Quand on lit
ça, « on » (= l’opinion publique) estime qu’on traite la
surpopulation carcérale comme un simple problème de flux : s’il y a
engorgement des prisons, c’est parce que le flux entrant est plus important que
le flux sortant. Dès lors, il suffit de réduire le nombre des entrants et/ou
d’augmenter celui des sortants. D’où la décision de la Ministre : pas
d’emprisonnement pour une peine inférieure à un mois. Quant aux sortants on
connaît déjà la recette : elle s’appelle bracelet électronique. On
peut aussi recourir aux peines de substitutions, ou alors des travaux d’intérêt
collectif étant entendu qu’il vaut mieux imposer ça à un jeune dealer plutôt
que de le mettre en prison.
Récapitulons :
il suffit de savoir combien on veut avoir de prisonniers au total, et de faire
un petit calcul – tant de prisonniers pour des courte-peines en moins – tant de
fin de peine en liberté conditionnelle effacés des effectifs : et voilà
l’équilibre entre les places disponibles et les malfaiteurs établi. Pas besoin
de gros ordinateurs pour en arriver là : une toute petite calculette suffit…
Seulement
voilà : la seule question qui vaille, c’est : est-ce qu’il est juste
de libérer avant terme un coupable ? Est-ce qu’on peut sans faire entorse
à la loi ne pas punir de prison un
délinquant ? La justice dépend-elle des moyens dont dispose l’Etat pour
l’appliquer ?
Il est vrai
que l’opinion publique quant à elle ne facilité pas les choses : elle ne
connaît que la prison comme moyen de répression et comme vengeance des
victimes.
Et le
philosophe, qu’est-ce qu’il dit le philosophe ?
Nietzsche
disait que les romains avaient inventé un moyen de châtier les coupables tout
en dédommageant leurs victimes, qui était de donner à ces derniers le criminel,
à charge pour eux d’en faire ce qui pourrait les soulager de leur peine.
Voilà le
moyen de contenter tout le monde.
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