mercredi 12 septembre 2018

LE MINISTÈRE DE LA JUSTICE VEUT RÉDUIRE LA SURPOPULATION CARCÉRALE DE 8000 PERSONNES

"La redéfinition de l'échelle des peines devrait (...) faire baisser [la population carcérale] de 8000 personnes une fois mise en place", affirme Nicole Belloubet (Voir ici)

Quand on lit ça, « on » (= l’opinion publique) estime qu’on traite la surpopulation carcérale comme un simple problème de flux : s’il y a engorgement des prisons, c’est parce que le flux entrant est plus important que le flux sortant. Dès lors, il suffit de réduire le nombre des entrants et/ou d’augmenter celui des sortants. D’où la décision de la Ministre : pas d’emprisonnement pour une peine inférieure à un mois. Quant aux sortants on connaît déjà la recette : elle s’appelle bracelet électronique. On peut aussi recourir aux peines de substitutions, ou alors des travaux d’intérêt collectif étant entendu qu’il vaut mieux imposer ça à un jeune dealer plutôt que de le mettre en prison.
Récapitulons : il suffit de savoir combien on veut avoir de prisonniers au total, et de faire un petit calcul – tant de prisonniers pour des courte-peines en moins – tant de fin de peine en liberté conditionnelle effacés des effectifs : et voilà l’équilibre entre les places disponibles et les malfaiteurs établi. Pas besoin de gros ordinateurs pour en arriver là : une toute petite calculette suffit…
Seulement voilà : la seule question qui vaille, c’est : est-ce qu’il est juste de libérer avant terme un coupable ? Est-ce qu’on peut sans faire entorse à la loi ne pas punir de prison un délinquant ? La justice dépend-elle des moyens dont dispose l’Etat pour l’appliquer ?
Il est vrai que l’opinion publique quant à elle ne facilité pas les choses : elle ne connaît que la prison comme moyen de répression et comme vengeance des victimes.

Et le philosophe, qu’est-ce qu’il dit le philosophe ?
Nietzsche disait que les romains avaient inventé un moyen de châtier les coupables tout en dédommageant leurs victimes, qui était de donner à ces derniers le criminel, à charge pour eux d’en faire ce qui pourrait les soulager de leur peine.
Voilà le moyen de contenter tout le monde.

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