Le
gouvernement l'a promis, Emmanuel Macron l'a officialisé. Lors de son discours
au dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France
(Crif), le président de la République a annoncé qu'un projet de loi pour lutter
contre la haine sur internet sera déposé «dès le mois de mai» par la députée
LREM Laëtitia Avia.
Ce projet
contiendrait l’obligation faite aux réseaux sociaux, qui ont une
«responsabilité particulière» comme Facebook, Twitter, YouTube mais aussi
Webedia, de supprimer rapidement les contenus haineux qui circulent sur leurs
plateformes ; ainsi que «la fixation d'un délai maximal pour le retrait des contenus
haineux». Selon le rapport ce délai pourrait être de 24 heures «s'il est entouré
des garanties juridiques appropriées» (Lire ici)
Je ne
reprends pas les autres propositions également faites pour lutter par la loi
contre le cyberharcèlement (et pas seulement antisémite) ; il m’importe
déjà de remarquer que la haine est au centre des préoccupations, la haine
contre les juifs, mais aussi contre les femmes, contre les élites, contre les
dirigeants politiques, contre les banquiers… Bref, la haine - qu'elle soit en jaune ou de toute autre couleur, celle des
ronds-points qui nous ont imposé leur volonté et ont méprisé et menacé ceux qui
ne partageaient pas leur engagement.
« La haine en jaune » ; en
écrivant cette formule, j’ai conscience de tromper mes lecteurs : nous
n’avons que trop tendance à croire que les haineux ce sont d’abord les autres
et que si jamais il nous arrive de haïr, c’est en réponse à une agression,
parce que la haine, la bonne haine ne doit être que défensive et jamais
primitive. Demandons-nous si au contraire la haine ne serait pas en chacun de
nous cette forme de violence contenue ou pas, psychique ou physique, qui germe
spontanément et – surtout – qui cherche à se déverser à l’extérieur. La haine
de jouissance, qui n’a d’autre justification justement que de faire plaisir à
celui qui l’éprouve et donc qui agit poussé par elle. Sans reprendre la thèse
de la victime expiatoire, je me contenterai de demander si l’antisémite n’est pas
celui qui recherche les juifs au lieu
de les éviter pour avoir l’occasion de les haïr encore plus fort et de leur manifester
cette haine en toute liberté. Idem, bien sûr pour les racistes quel qu’ils
soient, les islamophobes, les homophobes etc... (1)
Kant écrivait
ceci, il y a plus de 3 siècles : «
L’homme a une inclination à s’associer, parce que dans un tel état il se sent
plus qu’homme, c’est à dire qu’il sent le développement de ses dispositions
naturelles » Mais « il trouve en même temps en lui-même l’insociabilité
qui fait qu’il veut tout régler à sa guise et il s’attend surtout à provoquer
une opposition des autres ». (Idée d’une histoire universelle d’un point de
vue cosmopolitique)
Comment
décrire mieux ce qui se passe en ce moment ? (2)
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(1)
Aujourd’hui le manifestant qui a injurié Alain Finkielkraut de « Sioniste
de merde » se défend d’antisémitisme en jurant qu’il a agi poussé par des
motifs politiques : antisioniste mais pas antisémite. Bien entendu ça fait
une grosse différence, mais pour nous, pas du tout : en tout, les cas les
images nous ont montré un homme, l’écume de la haine aux lèvres qui aurait pu,
on l’imagine molester avec plaisir son ennemi.
(2) On
pourrait supposer que les mêmes observations pourraient être faites à propos
les forces de l’ordre, qui se défendent de tout haine primaire pour soutenir
qu’ils n’agissent que poussé par la nécessite de se défendre – haine défensive
?
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