jeudi 21 février 2019

PROJET DE LOI POUR LUTTER CONTRE LA HAINE SUR INTERNET

Le gouvernement l'a promis, Emmanuel Macron l'a officialisé. Lors de son discours au dîner annuel du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), le président de la République a annoncé qu'un projet de loi pour lutter contre la haine sur internet sera déposé «dès le mois de mai» par la députée LREM Laëtitia Avia.
Ce projet contiendrait l’obligation faite aux réseaux sociaux, qui ont une «responsabilité particulière» comme Facebook, Twitter, YouTube mais aussi Webedia, de supprimer rapidement les contenus haineux qui circulent sur leurs plateformes ; ainsi que «la fixation d'un délai maximal pour le retrait des contenus haineux». Selon le rapport ce délai pourrait être de 24 heures «s'il est entouré des garanties juridiques appropriées» (Lire ici)

Je ne reprends pas les autres propositions également faites pour lutter par la loi contre le cyberharcèlement (et pas seulement antisémite) ; il m’importe déjà de remarquer que la haine est au centre des préoccupations, la haine contre les juifs, mais aussi contre les femmes, contre les élites, contre les dirigeants politiques, contre les banquiers… Bref, la haine - qu'elle soit en jaune ou de toute autre couleur,  celle des ronds-points qui nous ont imposé leur volonté et ont méprisé et menacé ceux qui ne partageaient pas leur engagement.
« La haine en jaune » ; en écrivant cette formule, j’ai conscience de tromper mes lecteurs : nous n’avons que trop tendance à croire que les haineux ce sont d’abord les autres et que si jamais il nous arrive de haïr, c’est en réponse à une agression, parce que la haine, la bonne haine ne doit être que défensive et jamais primitive. Demandons-nous si au contraire la haine ne serait pas en chacun de nous cette forme de violence contenue ou pas, psychique ou physique, qui germe spontanément et – surtout – qui cherche à se déverser à l’extérieur. La haine de jouissance, qui n’a d’autre justification justement que de faire plaisir à celui qui l’éprouve et donc qui agit poussé par elle. Sans reprendre la thèse de la victime expiatoire, je me contenterai de demander si l’antisémite n’est pas celui qui recherche les juifs au lieu de les éviter pour avoir l’occasion de les haïr encore plus fort et de leur manifester cette haine en toute liberté. Idem, bien sûr pour les racistes quel qu’ils soient, les islamophobes, les homophobes etc... (1)
Kant écrivait ceci, il y a plus de 3 siècles : « L’homme a une inclination à s’associer, parce que dans un tel état il se sent plus qu’homme, c’est à dire qu’il sent le développement de ses dispositions naturelles » Mais « il trouve en même temps en lui-même l’insociabilité qui fait qu’il veut tout régler à sa guise et il s’attend surtout à provoquer une opposition des autres ». (Idée d’une histoire universelle d’un point de vue cosmopolitique)
Comment décrire mieux ce qui se passe en ce moment ? (2)
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(1) Aujourd’hui le manifestant qui a injurié Alain Finkielkraut de « Sioniste de merde » se défend d’antisémitisme en jurant qu’il a agi poussé par des motifs politiques : antisioniste mais pas antisémite. Bien entendu ça fait une grosse différence, mais pour nous, pas du tout : en tout, les cas les images nous ont montré un homme, l’écume de la haine aux lèvres qui aurait pu, on l’imagine molester avec plaisir son ennemi.

(2) On pourrait supposer que les mêmes observations pourraient être faites à propos les forces de l’ordre, qui se défendent de tout haine primaire pour soutenir qu’ils n’agissent que poussé par la nécessite de se défendre – haine défensive ?

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