Bonjour-bonjour
Périodiquement la classe politique est agitée de soubresauts avec le souci de sauvegarder « l’identité nationale ». Quel est son périmètre ? Doit-on y mettre Racine et Molière ou bien NTM ? Les élites du pays se prennent la tête pour savoir où ça commence et où ça s'arrête.
- Et si c'était prendre le problème par le mauvais bout ? Avant de savoir ce qu’est l’identité française ne vaudrait-il pas mieux de se demander d’abord à quelle condition elle doit satisfaire pour exister. Ainsi se situant un cran au-dessus on pourrait interroger l’identité en général, qu’elle soit celle d’un pays ou celle d’un individu. Qu’est-ce que l’identité, que ce soit celle de la France – ou de moi-même, votre bloggeur favori ?
Classiquement on distingue deux formes d’identité – l’identité avec les autres : on est le même que ceux avec lesquels nous faisons groupe ; et l’identité personnelle qui fait que nous sommes réputés le même de notre naissance à notre mort - ou du matin au soir.
Ceci posé, pour exister l’identité doit encore répondre à deux questions :
- d’une part nécessite-t-elle une homogénéité dans l’instant ? Ou bien peut-elle co-exister avec la diversité ? S’agissant de la France, peut-elle comporter simultanément et sans se dénaturer des cultures métissées, bigarrées, ou ne tolère-t-elle aucune autre culture que celle qui s’exprime dans la langue de Racine ?
- d’autre part dans la durée, pourrait-elle survire aux méandres de l’histoire ? Par exemple se reconnaitre comme le pays qui a collaboré avec l’envahisseur nazi tout en restant la France éternelle ? Devons-nous croire qu’à travers ces vicissitudes, « la France reste la France » ? Qu’il reste un résidu immuable pour assurer sa pérennité au cours de l’histoire ?
o-o-o
Quelle est notre identité ? Nous ferions mieux de nous demander d’abord si notre pays est réellement un et indivisible ? Tous ceux qui tentent de définir l’identité nationale le supposent. De Jacques Brel à Bouba, de Victor Hugo à Virginie Despentes, de Jeanne d’Arc à Charles de Gaulle, notre cher grand pays (pour parler justement comme de Gaulle) reste lui-même. On se bat autour de ces questions, mais avons-nous raison de le faire?
Et si cette histoire d’identité nationale n'était qu’un rideau de fumée pour nous faire oublier que les guerres que nous menons, les crises que nous endurons ne sont que des entreprises criminelles au service d’intérêts particuliers, et en aucune façon l’expression d'une quelconque essence éternelle ? Paul Valéry le soupçonnait lorsqu’il écrivait : « L’Histoire est le produit le plus dangereux que la chimie de l’intellect ait élaboré. Ses propriétés sont bien connues. Il fait rêver, il enivre les peuples, leur engendre de faux souvenirs, exagère leurs réflexes, entretient leurs vieilles plaies, les tourmente dans leur repos, les conduit au délire des grandeurs ou à celui de la persécution, et rend les nations amères, superbes, insupportables et vaines. » C’est dans « Regards sur le monde actuel » qu’il écrivait cela : on était en 1931, Mussolini nouvel imperator était déjà au pouvoir et Hitler, nouveau Führer du peuple germanique en approchait.
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