Bonjour-bonjour
La presse n’est toujours pas rigolote du tout, même en ce matin de réveillon de fin d’année. Jugez plutôt : « Si on fait la fête dans un restaurant d'une centaine de personnes à Paris, la probabilité de se trouver avec une personne positive, avec le taux actuel, est de plus de 90%. La probabilité de se retrouver avec deux personnes positives dans un rassemblement de cent personnes à Paris est de 70%. » Tel est l’avertissement de la pourtant non-stressante station « France Bleue » publié ici.
Mais bon sang, allez-vous demander aux gens qui font la fête de délimiter leur proximité avec les autres, de chronométrer leurs embrassades, de rester (sauf vot’ respect) le cul sur une chaise durant toute la soirée ? Une fête c’est une fête et rien ne saurait s’opposer à ses débordements, sauf à la détruire purement et simplement. La permission de minuit bien connue de nos ados est un tue-la-joie de première et ça tout le monde l’a vécu : « Il est interdit d’interdire ! » disaient les murs de 1968. (1)
Alors, certes depuis 68 on a restreint la voilure : cette liberté ne saurait aller jusqu’à permettre le meurtre, l’inceste, le harcèlement, les violences, les injures, les tortures (liste à lire ici). Est-ce à dire que la fête devrait prendre place dans cette liste des comportements asociaux ? Autant dire que la fête en tant que telle est l’ennemi de la société, alors que – tous les ethnologues vous le diront – la fête leur est consubstantielle car elle leur assure la pérennité par le relâchement des contraintes de tout ordre. Peut-il exister une société sans carnaval, sans célébration du nouveau cycle des saisons, sans fête de mariage ?
- On dira qu’aucune société ne peut survivre si elle conserve des rites incompatibles avec ce qu'est devenue la réalité de sa vie : tel est le sens des mutations fatales aux sociétés traditionnelles tombées sous la coupe d’un colonisateur. Les mélanésiens qui faisaient du meurtre rituel de prisonnier la condition pour accéder à la caste des guerriers en ont fait les frais quand les européens l’ont interdit en prenant possession de leur territoire.
Mais alors, devons-nous considérer le coronavirus comme un envahisseur dont la volonté doit primer sur nos coutumes ? Je veux dire : non pas la coutume de réveillonner, mais bien celle de faire la fête. Car alors il va falloir redéfinir notre société comme une société sans fête.
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(1) Selon Wikipédia, on pouvait y lire aussi : « Chacun est libre d’être libre» ; «Un homme n'est pas stupide ou intelligent : il est libre ou il n'est pas» ; «La liberté d’autrui étend la mienne à l’infini» (Bakounine)
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