samedi 4 décembre 2021

La philosophie du colibri – Chronique du 5 décembre (2)



 

Re-bonjour

Je réouvre mon blog pour évoquer la pensée de Pierre Rabi dont on annonce la disparition ce matin.

Je l’avoue tout de suite : je connais mal la vie et l’œuvre de Pierre Rabi pour lequel je n’avais pas de sympathie particulière. Son adhésion indiscutée à des principes éminemment religieux qui lui permettaient de déduire en cascade des prescriptions, qui selon moi auraient mérité d’être justifiées avec un peu plus d’attention, chiffonnaient le cartésien que je porte en moi. 

 

- Mais j’ai retenu sa légende du colibri dont le minuscule bec lui suffisait pourtant à remplir son devoir devant les catastrophes naturelles. Plutôt qu’un message politique (du genre : "J’ai fait, moi, minuscule citoyen, mon devoir ; à vous messieurs les puissants de faire le vôtre") j’y vois surtout l’éloge de la modestie et de la prise de conscience de faire partie d’un système qui nous dépasse. De ce point de vue la philosophie du colibri est essentiellement une philosophie stoïcienne, ainsi que l’écologie y compris dans sa forme agro-écologique dont Pierre Rabi est l’un des créateurs.

Humilité qui conduit en agro-écologie à laisser faire la nature et à débrider ses mécanismes quand ils sont empêchés. Ne rien faire qui aille « contre » la nature et rester dans notre rôle (mais on le sait déjà : nous sommes en plein stoïcisme). Oui, mais quel est ce rôle ? Celui des chasseurs-cueilleurs ? Celui des éleveurs-cultivateurs ? A quel moment sommes-nous sortis de notre niche ?

- Enfin, il faudrait savoir quel principe règle notre action sur l’environnement : car même dans la nature, la loi est que le plus puissant écrase les faibles et envahisse la totalité du territoire disponible. Dans le nature comme dans les sociétés humaines, seul « le pouvoir arrête le pouvoir » pour parler comme Montesquieu. Des jardiniers permaculteurs diraient que ce qu’il faut pour arrêter les pucerons ce sont les oiseaux ; tout est affaire d’équilibre y compris dans la prédation. 

Le malheur est que les hommes n’ont pas d’autres prédateurs qu’eux-mêmes. Tant que le marché seul « régulera » le prix du blé ou de la viande on verra les gros vautours dévorer les petits colibris.

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