Bonjour-bonjour
Aujourd’hui mes amis, j’en ai un peu assez de chroniquer l’actualité. Ça suffit la guerre, l’épidémie, le froid, le chaud, les députés irascibles, les députés violents avec leurs femmes, les curés violeurs d’enfants… Bref : tout ça hop ! à la poubelle.
Je ne délaisse pas pour autant l’actualité qui me livre un article sur… la pratique de la philosophie avec les enfants – et moi, qui suis « philosophe » mais qui n’ai pas d’expérience particulière du dialogue philosophique avec les enfants, je suis intéressé à plusieurs titres.
- D’abord, savoir ce que signifie « philosopher » avec les enfants ; et puis apprendre ce qu’il en sort. Sur le premier point, l’article mentionné énumère un certains nombre d’éléments qu’on lira ici (1). On met l’accent sur « l’empathie cognitive » mais ce n’est bien sûr pas elle qui motive les enfants à accepter de philosopher.
- Mais c’est aussi l’occasion de me rappeler comment moi-même j’ai eu ce genre de questionnement alors que j’avais 6 ou 7 ans. Certains enfants s’interrogent sur leur naissance (« Où j’étais avant de naitre ? ») ; quant à moi je me suis senti assailli par une troublante incertitude concernant ma mort : l’imaginant comme un néant, je me suis dit : « Et si j’étais un autre qui naissait au moment de ma mort, quelle différence ça ferait que ce soit en réalité moi-même qui remplissait ce nouveau corps ? »
Voilà une question qui ne m’a jamais quitté, au point que j’ai toujours l’image du lieu où je me trouvais au moment où cette pensée m’est venue : preuve que son contenu non seulement m’avait troublé sur moment, mais qu’ensuite sa réponse ne m’est pas arrivée avant bien longtemps.
- Car, oui : finalement j’ai eu la réponse. A savoir que la conscience de soi est toujours liée à une histoire personnelle, et que si d'aventure je me réincarnais il faudrait que ce soit avec toutes ces expériences affectives - qui manqueraient bien sûr s'il s'agissait d'introduire dans un nouveau corps une âme toute neuve.
- Toutes le théories de la réincarnation, y compris celles venues du transhumanisme ont buté sur ce fait : même si on parvenait à stocker dans un disque dur toutes les informations qui nous sont parvenues, quelle qu’elles soient, durant toute notre vie, il y manquerait le vécu affectif qui les environnait. On parle sans cesse de l’expérience rapportée par Proust lorsqu’il a mangé ses madeleines trempées dans du thé : ça, aucun procédé mécanique ne saurait le conserver. Et si la migration de ma conscience était imaginable il faudrait aussi qu’elle emporte avec elle ces états de conscience. Ce que personne n’a jamais imaginé, j’en veux pour preuve que Platon a imposé aux âmes des défunts, avant de se réincarner, de boire l’eau du Styx qui leur apporte l’oubli.
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(1) Juste pour calmer les impatients, notons que ce dialogue apprend aux enfants 1° qu’il est normal de s’étonner de certaines questions et de certains états ; 2° et également légitime d’avoir certaines idées et certaines réponses ; 3° à condition de savoir se « mettre à la place » de l’autre et de l’écouter défendre d’autres vérités que la sienne.
Pour le reste écoutez l'émission référencée plus haut.
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