Bonjour-bonjour
L’affirmation n’a pas fait vraiment la une des magasines, ni les premières des journaux télé, mais voilà, c’est fait : la Chine abandonne, de facto, sa politique zéro Covid.
C’est ce qu’on peut lire dans cet article, qui énumère les mesures abandonnées qui justifient ce jugement :
- La première mesure établit que « les personnes infectées asymptomatiques et les cas légers qui peuvent être isolés à domicile le seront de manière générale ». et non dans des centres de quarantaine où elles ne bénéficiaient généralement d’aucun traitement, mais étaient isolées du reste de la population.
- Par ailleurs, le pays va « réduire davantage la portée des tests à l’acide nucléique et en réduire la fréquence »
- Autre changement majeur annoncé : les tests à grande échelle ne seront désormais plus menés que dans « les écoles, les hôpitaux, les maisons de retraite et les centres de travail à haut risque »
- Et puis, « les écoles sans foyers de cas doivent continuer les cours normalement », selon les nouvelles règles. A Pékin, toutes les écoles ont été fermées mi-novembre à titre de précaution.
- Enfin, il sera désormais possible de voyager d’une province à l’autre, sans avoir à présenter un test PCR négatif de moins de quarante-huit heures, et aucun test ne sera non plus exigé à l’arrivée. (Article référencé)
On a corrélé ces mesures à la vague de mécontentement qui a soulevé les foules aux quatre coins de la Chine. Effectivement, le pouvoir n’a pu se contenter comme d’habitude de la répression, parce qu’on a bien senti que la résistance nerveuse du peuple avait atteint un point d'exaspération ultime : il fallait plier.
Mais je note aussi que le déclin de l’économie chinoise imputable aux mesures du « zéro covid » est sans doute aussi largement responsable de ce retournement. Le Parti communiste chinois est toujours également assoiffé de pouvoir et de domination : Xi Jinping est, comme Mao, l’homme à qui tous doivent un culte et une reconnaissance indéfectible : cet homme ne peut avoir tort. La stratégie du zéro covid c’est lui, et donc son abandon ne peut être envisagé. C’est bien ce qu’on voit depuis maintenant bientôt 3 ans.
- Oui, mais voilà : les faits sont têtus et le virus se moque bien de l’opinion du Président Xi : il se multiplie tant qu’on ne lui a pas opposé de barrières vaccinales, et le refus d’importer les vaccins occidentaux condamne la Chine à la paralysie, entraînant la mise à l’arrêt de pans entiers de l’économie. J’en conclus que, même si les cris de la rue n’avaient pas fait trembler les murs du bureau présidentiel, le déclin économique – qui se traduit soit dit en passant par une perte sèche pour les caciques du partis tous plus ou moins oligarques – aurait de toute façon contraint à ces mesures.
--> Lorsque l’idéologie prétend dicter au réel sa volonté, l’échec de celle-ci est le signe de l’idiotie des dirigeants.
Un exemple ? En Chine, lors de la grande famine de 58-60, imputable aux mesures du Grand Bond en avant voulues par Mao Zédong, le parti communiste a prétendu obliger les paysans à semer le maïs en rangs plus serrés pour obtenir des récoltes plus abondantes : c’est bien sûr le contraire qui fut obtenu, l’écart insuffisant entre les rangs entrainant un défaut de lumière.
Un poème de Maurice Fombeure commence comme ça : Je stipule dit le Roi / Que les grelots de ma mule / Seront des grelots de bois. Suit ensuite toute la cour, chacun prétendant exiger du menuisier qu’il lui fasse des grelots dans des essences différentes. La dernière strophe dit ceci : Mais quand on appela le menuisier / Il n’avait que du merisier.
(Lire ici)
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