jeudi 8 décembre 2022

Débat sur l'enthanasie : « Plutôt souffrir que de mourir » – Chronique du 9 décembre

 Bonjour-bonjour,


Qui veut être euthanasié ? Ceux qui endurent des souffrances sans espoir de guérison ? Ceux qui vivent encore mais au prix de la perte de tout ce qui fait la dignité d’un être humain ?

 

Les débats de la Convention citoyenne (1) vont sans doute se focaliser sur cette notion de « dignité », tant elle revient constamment dans les propos qui entourent la loi sur la fin de vie.


- Dignité et non souffrance : alors qu’on imagine toujours que réclamer l’euthanasie soit systématiquement lié à des souffrances rebelles aux traitements, les enquêtes d'opinons laissent apercevoir une tout autre réalité : c’est la perte d’autonomie, la dépendance, l’effacement des capacités qui faisaient l’essentiel de la vie des personnes qui prime. L'exemple suivant montre que la paralysie, la perte de la parole, de l’autonomie pour tous les actes de la vie – à commencer par celui de s’alimenter – sont déterminants, quand bien même nulle souffrance physique n’accompagnerait ce triste tableau. 

 

On comprend alors la difficulté qu’il y a à légiférer si l’on doit prendre en compte de tels handicaps, qui ne sont mesurables par aucune échelle médicale – comme lorsqu’il s’agit de souffrances mesurables « sur une échelle allant de zéro à dix ». Qui dira ce qu’est la dignité humaine, de quoi dépend-elle, et comment la mesurer ? Ne serait-il pas alors plus sage d’en rester là, avec notre sédation profonde qui permet de mourir privé de nourriture ? Comment admettre qu’un facteur tel que la dignité soit pris en compte ?  D’autant qu’on peut perdre les facultés qui assurent sa présence longtemps avant d’en mourir.


Et puis, comment être sûr que la souffrance soit un bon critère pour désigner qui peut être accompagné au tombeau ? Voyez La Fontaine et son bûcheron : La mort et le bûcheron nous montre un pauvre homme, écrasé par les misères et harassé par sa tâche, appeler la mort : il souffre trop pour continuer ainsi. La mort surgit et s’apprête à le faucher : mais voilà que l’homme n’est plus d’accord : « Plutôt souffrir que de mourir »

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(1) Qui va débuter ses travaux aujourd’hui même cf. ici

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