vendredi 16 décembre 2022

Êtes-vous prolophobe ? – Chronique du 17 décembre

Bonjour-bonjour

 

La phobie a le vent en poupe : islamophobie, émétophobie (phobie du vomi), tripophobie (phobie des trous), agoraphobie, gynécophobie, coulrophobie (phobie des clowns)…


 

Voir ici

 

Et maintenant voici Corinne Masiero qui dénonce la prolophobie c'est-à-dire la discrimination envers les prolétaires, ces employés « qui ne vivent que de leurs revenus, et qui ont souvent du mal à boucler leurs fins de mois ». Elle-même déclare en avoir été victime : « Il y a un malaise, un mal-être que j’ai vécu très jeune et que j’avais du mal à qualifier. Tout ce que je savais, c’est qu’il se créait quand j’étais entourée de "gosses de bourges" – pour le dire vite » (Lu ici

Que des troubles tels que ces peurs paralysantes et génératrices d’anxiété existent, nul doute. Toutefois, restons attentifs au fait que les phobies sont toujours des pathologies et que leur présence ne justifie jamais leur contenu, puis que par définition elles dépendent essentiellement d’un état perturbé du psychisme. (1)

 

- Toutefois, il est trompeur de parler de phobie lorsqu’on a à faire à un phénomène socio-culturel. La « prolophobie », dont parle Corine Masiero n’a sans doute rien à voir à-avec un trouble pathologique étant dûe à un sentiment de supériorité de classe engendré par une situation de domination socio-économique. On a eu exactement le même phénomène du temps de l’aristocratie envers les bourgeois, et plus encore envers la paysannerie. Les films de Marcel Pagnol dans les années 30 ont présenté la (ridicule) prétention des parisiens à être supérieurs aux marseillais ; on ne parlait pas d’alors de « massaliphobie » - à juste titre- mais aujourd’hui on n’hésiterait pas à le faire.

--> Qu’on me comprenne : je n’ai rien contre des formules un peu risquées mais tellement imagées lorsqu’elles jouent parfaitement leur rôle d’attrape lecteur. Par contre – on le voit bien avec l’islamophobie – beaucoup prennent ce terme au premier degré et en profitent pour juger que ceux qui rejettent la religion musulmane ont des attitudes condamnables, à la limite de la normalité : ces gens feraient de leur liberté de parole un usage que ne couvre pas la liberté d’expression.

Parler d’islamophobie c’est interdire à peu de frais l’examen critique de cette religion – évaluation pourtant garantie par notre république. 

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(1) « Les phobies sont une forme de troubles anxieux où l’angoisse se focalise sur un objet, une situation ou une activité précise qui ne la justifie pas » Lire cet article

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