samedi 6 mai 2023

Un despote éclairé bien à nous – Chronique du 7 mai

Bonjour-bonjour

 

Deux professeurs de philosophie viennent d’être suspendus pour avoir tenu sur tweeter des propos jugés attentatoires à l’image et à la réputation de l’école publique. (Voir ici)

- On leur reproche ainsi de ne pas avoir respecté leur « devoir de réserve ». Devoir qui se définit ainsi : « Le devoir de réserve désigne l'obligation faite à tout agent public de faire preuve de réserve et de retenue dans l'expression écrite et orale de ses opinions personnelles.

L'obligation de réserve n'est pas conçue comme une interdiction d'exercer les droits élémentaires du citoyen : liberté d'opinion et liberté d'expression.

Le devoir de réserve ne concerne pas le contenu de vos opinions, mais leur mode d’expression. » (Lire ici)

- On devine qu’ici le mode de transmission a été jugé déterminant : les profs en question auraient bien pu dire ce qu’ils pensaient dans la salle des profs, mais pas sur tweeter où ils ont 100000 abonnés.

- Oui, mais alors, quelle liberté de penser nous reste-t-il dès lors qu’on ne peut communiquer ses opinions personnelles ? Le devoir de réserve n’est-il pas un attentat à la liberté dès lors que l’État s’arroge le droit de gouverner comme bon lui semble des pensées venues de la sphère privée ?

 

On sait que Kant préconisait une totale liberté sous réserve pour le monarque éclairé (= Frédéric 2) d’avoir une police assez forte pour en réprimer les effets. Il va même jusqu'à penser que le despotisme éclairé peut donner plus de liberté que la simple démocratie :

« Mais aussi, seul celui qui, éclairé lui-même, ne redoute pas l'ombre, tout en ayant sous la main une armée nombreuse et bien disciplinée pour garantir la tranquillité publique, peut dire ce qu'un État libre ne peut oser : " Raisonnez tant que vous voudrez et sur les sujets qu'il vous plaira, mais obéissez ! » (Kant - Qu’est-ce que les lumières ?)

 

Vous avez bien lu : " Raisonnez tant que vous voudrez et sur les sujets qu'il vous plaira, mais obéissez ! » Ne s’agit-il pas d’une devise pour la démocratie française ?

 Mais alors, il est où, notre despote éclairé ?

Monsieur Macron a encore bien du travail devant lui.

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